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Barnier au quitte ou double du 49.3

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PARIS (Reuters) – Michel Barnier devrait engager lundi la responsabilité de son gouvernement sur le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) et s’exposer en retour à la censure avec le Rassemblement national (RN) en position d’arbitre.

Le Premier ministre a admis mardi dernier sur TF1 qu’il recourrait « probablement, assurément » à l’article 49.3 de la Constitution permettant l’adoption d’un texte de loi sans vote, faute de majorité suffisante à l’Assemblée nationale où sera examiné le PLFSS.

Le texte est réputé adopté si aucune motion de censure contre le gouvernement n’est votée. Cette motion ne peut être examinée que dans un délai d’au moins 48 heures après son dépôt, soit mercredi. Elle doit recueillir 289 voix pour faire chuter l’exécutif.

La gauche et ses près de 200 élus, de LFI (La France insoumise) au Parti socialiste, affiche unanimement son intention de voter la censure.

Le RN, fort de 124 députés, a acté dimanche que le gouvernement avait « mis fin à la discussion » sur le budget de la Sécurité sociale, s’exposant à la censure.

Sur X, Jordan Bardella a brandi cette menace dimanche, réagissant aux propos du ministre du Budget Laurent Saint-Martin qui a déclaré au Parisien ne pas vouloir faire de nouvelles concessions sur le budget de la Sécurité sociale.

« Par entêtement et sectarisme, la minorité gouvernementale met donc fin au cycle des négociations, au risque de provoquer sa censure », a écrit le président du RN.

Le parti de Marine Le Pen réclame encore notamment l’indexation des pensions sur l’inflation pour tous les retraités dès le 1er janvier et la suppression de la baisse du remboursement des médicaments.

« Le gouvernement a exprimé son souhait de ne pas modifier le PLFSS (projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale), c’est extrêmement clair et nous avons pris acte de cela », a déclaré dimanche la cheffe de file des députés RN à l’AFP.

Le Premier ministre a déjà annoncé qu’il renonçait à augmenter les taxes sur l’électricité comme prévu dans le PLFSS, une « victoire » aux yeux du président du RN Jordan Bardella.

« LA CENSURE N’EST PAS INÉLUCTABLE », DIT LE PEN

Marine Le Pen avançait pourtant que « la censure n’est pas inéluctable » dans une interview publiée par La Tribune Dimanche.

« Il suffit que M. Barnier accepte de négocier. Il est issu d’une famille politique qui a 47 députés. Normalement, cela devrait pousser à la discussion ! Il ne souhaite pas le faire, c’est lui qui prend la décision du déclenchement de la censure. »

« Les lignes rouges du RN, tout le monde les connaît depuis des semaines. Nous avons été très clairs, très loyaux et transparents depuis le début », a-t-elle aussi déclaré.

Au risque de « tempête » sur les marchés financiers brandi par Michel Barnier en cas de censure, Marine Le Pen rétorque que l’exécutif a une tendance « consistant à essayer de se sauver la mise en paniquant tout le monde ».

Une censure, « ça remet juste les compteurs à zéro pour renégocier sur une base acceptable », affirme-t-elle.

Alors que l’agence Standard & Poor’s a maintenu vendredi la note de la dette française à AA- et sa perspective stable, le ministre de l’Economie, Antoine Armand, juge au contraire que cette décision « résonne aussi comme un avertissement ».

« En cas de censure, l’instabilité politique nous fera basculer dans un autre monde économique et financier. C’est aussi le message qui est exprimé. Le gouvernement ne doit pas être seul à l’entendre », dit-il dans une interview au Journal du Dimanche.

A gauche, Manuel Bompard accuse le RN de vouloir, par ses menaces, faire oublier sa « complaisance » et sa « complicité » avec le gouvernement en l’ayant laissé survivre depuis sa formation en septembre malgré son absence de majorité à l’Assemblée.

Pour le coordinateur de LFI, qui s’est exprimé dimanche dans « Le Grand Rendez-Vous » d’Europe1/CNews/Les Echos, la question n’est désormais plus celle de la censure mais de la démission d’Emmanuel Macron lui-même, qu’il juge inévitable.

« Si le gouvernement de Michel Barnier tombe, je pense que la question qui va être posée, en vérité, c’est celle du départ du président de la République », a-t-il dit. « On est dans une situation qui est de telle gravité politique, un tel blocage démocratique (…) si on veut déverrouiller cette situation de blocage, la question qui est posée après la chute du gouvernement est celle du départ du président de la République. »

(rédigé par Jean-Stéphane Brosse, avec Bertrand Boucey)

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