Attal détaille son projet contre le « risque du saut dans le vide »
par Elizabeth Pineau
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PARIS (Reuters) – Le Premier ministre Gabriel Attal a présenté jeudi son projet pour les élections législatives en ciblant ses adversaires, le Rassemblement national et le « Nouveau Front populaire », désignés comme les camps du « désordre » et du « saut en parachute sans parachute ».
Le premier tour, le 30 juin, sera décisif, a dit le chef du gouvernement, qui mène campagne pour le camp d’Emmanuel Macron – absent des affiches électorales -, donné pour l’heure en retard sur ses adversaires par les instituts de sondage.
« Le choix entre ces trois blocs se jouera dès le premier jour, dès le 30 juin », a-t-il lors d’une conférence de presse au siège du parti Renaissance, à Paris.
« C’est dès le premier tour que le prochain Premier ministre, Jordan Bardella, Jean-Luc Mélenchon ou moi-même, se choisit », a-t-il ajouté en référence au président du Rassemblement national et au chef de file du parti La France insoumise, membre du « Nouveau Front populaire » avec les socialistes, les communistes et les écologistes.
Pour illustrer son propos, Gabriel Attal a attaqué les programmes de ses adversaires, jugés trop dépensiers au point de susciter l’inquiétude d’organisations patronales comme le Medef, la CPME et l’U2P.
« Ne prenons pas ce risque du saut dans le vide, du saut en parachute sans parachute », a dit le Premier ministre.
Rassemblés sous la bannière « Ensemble pour la République », Renaissance et ses alliés proposent notamment des mesures en faveur du pouvoir d’achat, préoccupation majeure des Français.
Gabriel Attal a ainsi confirmé la revalorisation du plafond de la prime de partage de la valeur, dite « prime Macron », qui passerait de 6.000 à 10.000 euros.
Sont également prévus une baisse de 15% des factures d’électricité l’hiver prochain et la suppression des frais de notaire pour les primo-accédants à la propriété, jusqu’à 250.000 euros d’achat.
Les retraites seront revalorisées pour suivre l’inflation et les seniors aux revenus modestes se verront proposer une mutuelle publique à un euro par jour.
Au chapitre énergie décarbonnée, Gabriel Attal a confirmé la « mise en chantier de 14 nouveaux réacteurs nucléaires » et un renfort des incitations à s’acheter un véhicule électrique.
Interrogé sur les 20 milliards d’euros d’économies prévus par le gouvernement, avant la dissolution, pour faire face au déficit public, il a répondu qu’en cas de victoire, un nouveau budget serait élaboré cet été, assorti d’un plan de lutte contre la fraude fiscale.
« Pas de hausse d’impôt, quoi qu’il arrive », a-t-il aussi affirmé.
« L’EUROPE ET LE MONDE NOUS REGARDENT »
Pour le Premier ministre, une victoire des « extrêmes » aurait des conséquences sur l’image de la France à l’étranger.
« L’Europe et le monde nous regardent », a-t-il dit, jugeant que le Rassemblement national au pouvoir signifierait « le blocage de l’Union européenne », le « début du Frexit » et un recul de l’aide à l’Ukraine dans sa lutte contre l’invasion russe.
Renvoyant dos à dos les camps du « communautarisme » et de la « stigmatisation », Gabriel Attal s’est adressé aux électeurs d’une « gauche sociale démocrate, modérée », ceux de l’élu Place publique/Parti socialiste Raphaël Gluscksmann, qui a recueilli 13,83% des voix aux élections européennes.
« Il faut qu’ils votent ‘utile’ dès le premier tour, c’est le seul moyen de faire barrage à l’extrême droite », a-t-il dit.
Avant sa prise de parole, Gabriel Attal a montré un clip de campagne où ne figure aucune image du président Emmanuel Macron.
A la question de savoir si l’animosité d’une partie des Français envers le chef de l’Etat jouait un rôle dans cette campagne, Gabriel Attal a répondu : « C’est une élection législative, ce n’est pas une élection présidentielle ».
« Il y aura un avant et un après dans la pratique du pouvoir et dans l’équilibre des institutions », a-t-il ajouté. « Le 9 janvier, le président de la République m’a nommé. Le 30 juin, j’aimerais que les Français me choisissent. »
Chef de la majorité, Gabriel Attal a prévu des déplacements de campagne quotidiens d’ici le 30 juin.
« C’est une campagne extrêmement difficile, il faut convaincre les Français. Il y a des doutes, des peurs, tout va très vite », a dit à Reuters un membre de son entourage.
(Reportage Elizabeth Pineau)