L’Europe finit dans le rouge avec le risque géopolitique
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) – Les Bourses européennes ont terminé en baisse mardi et à Wall Street les indices étaient volatils à mi-séance dans un mouvement de prudence sur les actifs risqués en raison d’une exacerbation des tensions géopolitiques.
À Paris, le CAC 40 a terminé en repli de 0,67%, à 7.229,64 points. Le Footsie britannique a abandonné 0,13% et le Dax allemand a cédé 0,67%.
L’indice EuroStoxx 50 a reflué de 0,84%, le FTSEurofirst 300 de 0,44% et le Stoxx 600 de 0,43%, ce dernier ayant touché en séance un creux depuis début août, à 495,55 points.
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones recule de 0,32%, tandis que le Standard & Poor’s 500 grignote 0,17% et le Nasdaq avance de 0,54%. Les trois grands indices américains avaient ouvert dans le rouge avant d’évoluer en séance dans une fourchette étroite à la hausse comme à la baisse.
L’indice des valeurs technologiques est soutenu notamment par Nvidia, qui monte de 2,75% à la veille de la publication de ses résultats trimestriels, et par les mégacapitalisations comme Amazon (+1,27%) et Tesla (+1,61%).
Le sentiment du marché reste cependant prudent, comme en témoigne l’indice CBOE de la volatilité aux Etats-Unis, monté brièvement à 17,93 points, son plus haut niveau depuis l’élection américaine du 5 novembre, avant de refluer légèrement, à 16,03.
Son équivalent européen s’affiche à 19,41 points, en hausse de 9,1%.
Le président russe Vladimir Poutine a approuvé mardi une nouvelle doctrine nucléaire élargissant les possibilités pour la Russie de recourir à l’arme atomique, tandis que sur le terrain, Moscou a accusé Kyiv d’avoir attaqué durant la nuit la région russe de Briansk à l’aide de six missiles américains à longue portée de type ATACMS, selon plusieurs sources interrogées par Reuters.
Alors que ce mardi marque le 1000e jour depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Marc Ostwald, chef économiste chez ADM Investor Services, souligne que « la situation entre la Russie et l’Ukraine devient de plus en plus tendue ». « En ce moment, il y a beaucoup d’inconnues », a-t-il ajouté.
L’incertitude se traduit sur les marchés obligataires par une ruée vers les obligations souveraines, considérées comme des actifs sûrs, ce qui fait baisser leur rendement.
VALEURS EN EUROPE
ADP a avancé de 2,96% après avoir fait état d’une hausse de 6,5% de son trafic total au cours du mois d’octobre. Stifel est en outre passé de « conserver » à « acheter » sur l’opérateur aéroportuaire français.
Thyssenkrupp a bondi de 11,65% après la publication de ses résultats du quatrième trimestre, un trader soulignant que le flux de trésorerie disponible a surpris positivement.
Nestlé a cédé 1,94% malgré l’annonce par le géant de l’agroalimentaire d’une réduction de ses coûts de 2,8 milliards de dollars d’ici 2027.
Sonova Holding a reculé de 5,21%, le fabricant suisse d’appareils auditifs ayant annoncé mardi un bénéfice semestriel inférieur aux attentes.
LES INDICATEURS DU JOUR
Seule statistique majeure du jour, l’inflation en zone euro a rebondi sur un an en octobre au rythme calculé en première estimation, avec une progression de 2% sur un an, après une hausse de 1,7% en septembre.
CHANGES
Les monnaies refuge comme le dollar américain, le franc suisse et le yen sont recherchées mardi avec l’actualisation de la doctrine nucléaire russe.
Le dollar s’échange à plus de 106 points face à un panier de devises de référence, proche d’un sommet d’un an, après avoir gagné de plus de 2% depuis le début du mois.
L’euro recule de 0,10%, à 1,0589 dollar, avec un plus bas en séance à 1,0525, tandis que la livre sterling cède également du terrain, en tombant en séance à 1,2614 dollar.
Plusieurs responsables de la Banque d’Angleterre (BoE) ont invité mardi à la prudence sur la trajectoire des taux directeurs en raison des incertitudes liées à l’impact du nouveau budget britannique sur l’inflation.
En zone euro, Fabio Panetta de la Banque centrale européenne (BCE) a, lui, plaidé pour une baisse des taux et à davantage d’indications sur les futures orientations de l’institution.
TAUX
Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, a cédé 3,3 points de base, à 2,339%, après une chute en séance de 10,3 points, à 2,269%, au plus bas depuis la mi-juin.
Les investisseurs sont partagés entre l’intensification des tensions entre la Russie et l’Occident et les implications du retour du président élu républicain Donald Trump à la Maison blanche pour l’économie mondiale, le commerce et l’inflation.
« Je pense que tout est une question d’inconnu. Nous avons eu la grande inconnue, à savoir comment les élections allaient se dérouler, maintenant c’est connu. Mais la prochaine série de questions concerne ce qui va se passer avec le Congrès et avec la Maison Blanche », résume George Young, gestionnaire de portefeuille chez Villere & Co.
Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans abandonne environ trois points de base, à 4,3844%.
PÉTROLE
Le redémarrage de la production dans le gisement pétrolier norvégien Johan Sverdrup prend le pas momentanément sur les craintes géopolitiques.
Le Brent recule de 0,48% à 72,95 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) de 0,45% à 68,85 dollars.
« Je pense que le redémarrage partiel du gisement de Sverdrup est à l’origine de la baisse, ainsi qu’un dollar américain légèrement plus fort », explique Giovanni Staunovo, analyste chez UBS.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)