Les marchés argentins suspendus à la présentation du plan économique de Milei
par Walter Bianchi et Jorgelina do Rosario
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BUENOS AIRES (Reuters) – La thérapie de choc promise par le nouveau président argentin Javier Milei enthousiasme les marchés, qui espèrent que le plan économique qu’il présentera cette semaine donnera un « coup de fouet » à l’économie.
Dimanche, Javier Milei a réaffirmé son intention de baisser fortement les dépenses publiques afin de résoudre la pire crise économique que traverse le pays depuis vingt ans et de réduire l’inflation, qui frôle les 150%.
Les analystes estiment que Javier Milei doit désormais aller au bout de ses promesses : alors qu’il n’était que candidat, il avait annoncé qu’il réduirait les dépenses de l’Etat « à la tronçonneuse » et qu’il résorberait le déficit. Sa victoire à l’élection a profité aux actions et aux souverains argentins.
« Le refrain qu’entonne Javier Milei sur « le sang, la sueur et les larmes » qui attendent les Argentins n’est pas simple rhétorique, mais une tentative de tempérer les attentes et d’insister sur l’importance d’une trajectoire fiscale qui sera difficile », explique Mariano Machado, analyste chez Verisk Maplecroft.
« Mais au-delà des discours enflammés, une gouvernance efficace est la clé de voûte de la stabilisation économique, et la feuille de route de la nouvelle administration demeure opaque ».
Le nouveau ministre de l’Economie, Luis Caputo, devrait annoncer un ensemble de mesures qui pourrait inclure, selon les investisseurs, une dévaluation du peso soumis actuellement à un contrôle des capitaux, une baisse des dépenses publiques et des privatisations.
« Javier Milei se concentrera sur la réduction du déficit fiscal, le talon d’Achille de l’économie argentine », pour Kezia McKeague, directrice régionale du cabinet de conseil McLarty Associates.
Fernando Marull, fondateur du cabinet de conseil FMyA, souligne que le risque de gouvernance est le principal obstacle aux ambitions de Javier Milei, quatre Argentins sur dix vivant sous le seuil de pauvreté. « Je pense qu’il dispose d’une fenêtre de six mois. S’il réussit, l’Argentine reviendra sur la scène internationale », ajoute le dirigeant.
La rapidité avec laquelle le plan économique sera annoncé et mis en place sera essentiel.
Morgan Stanley écrit qu’en l’absence d’un programme économique solide, l’Argentine pourrait être amenée à dévaluer fortement le peso, qui se négocie actuellement autour de 365 peso pour un dollar et qui pourrait chuter à jusqu’à 700 peso pour un dollar. « Un pays sans programme économique crédible pourrait avoir besoin d’offrir un taux de change plus faible pour attirer les investissements ».
(Reportage Walter Bianchi et Jorgelina do Rosario, rédaction Adam Jourdan et Karin Strohecker, version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)
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