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Les craintes sur le crédit commencent à se matérialiser

 Le spectre d’une remontée des défauts de paiement des entreprises, qui aggraverait le ralentissement économique mondial, avait été largement ignoré par des marchés du crédit résistants.

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Les problèmes d’endettement des entreprises commencent pourtant à se matérialiser, alors que de plus en plus d’entreprises sont rétrogradées en catégorie spéculative(mauvais), ce qui se traduit par des coûts d’emprunt plus élevés.

Le distributeur Casino, avec une dette nette de 6,4 milliards d’euros, est en pourparlers avec ses créanciers sous l’égide d’un tribunal, tandis que l’entreprise britannique Thames Water fait les gros titres avec sa dette de 14 milliards de livres (16,30 milliards d’euros).

Le groupe d’immobilier suédois SBB, dont la note a été abaissée à « spéculative » en mai, est à l’épicentre d’un krach immobilier qui menace d’engloutir l’économie suédoise.

La semaine dernière, le coût de l’assurance d’une exposition à un panier d’entreprises européennes spéculatives a pourtant brièvement atteint son niveau le plus bas depuis un peu plus d’un an, ce qui suggère que les investisseurs restent de marbre face à l’augmentation des risques de défaillance. « Les statistiques montrent qu’il y a déjà eu autant de défaillances à l’échelle mondiale au cours des cinq premiers mois de 2023 que pendant toute l’année 2022 », explique Markus Allenspach, responsable de la recherche sur l’obligataire chez Julius Baer.

« Mais il y a toujours des flux entrants sur le haut rendement ».

S&P Global s’attend à ce que les taux de défaillance des entreprises américaines et européennes spéculatives atteignent respectivement 4,25% et 3,6% d’ici mars 2024, contre 2,5% et 2,8% en mars dernier.

Les investisseurs espèrent que l’économie mondiale évitera un ralentissement brutal et que les hausses de taux cesseront bientôt, ce qui explique cet optimisme.

Mais les analystes notent que l’impact des hausses de taux ne s’est pas encore entièrement transmis à l’économie.

Cela signifie que les rendements pourraient devoir s’ajuster à la hausse. L’écart de taux actuel sur l’indice mondial ICE BofA des obligations à haut rendement est de 435 points de base (pb), contre 622 pb il y a un an.

« Les écarts de taux sur le crédit restent extrêmement étroits et ne reflètent pas les risques existants », selon Guy Miller, stratégiste en chef chez Zurich Insurance Group.

Guy Miller relève que 122 entreprises américaines publiques et privées dont le passif est supérieur à 50 millions de dollars se sont déjà placées sous la protection de la loi sur les faillites depuis le début de l’année, ce qui signifie que le nombre de faillites devrait dépasser les 200 d’ici la fin de l’année, un niveau comparable à celui observé pendant la crise financière mondiale et la crise du COVID-19.

Si certaines entreprises ont profité de la période des taux bas pour allonger la maturité de leur dette, le refinancement sera coûteux pour celles dont les besoins sont imminents.

« Dans l’ensemble, la situation n’est pas catastrophique. Mais ce sont des acteurs marginaux qui doivent inquiéter, qui doivent maintenant payer beaucoup plus cher pour emprunter », explique Guy Miller.

Selon ABN AMRO, la maturité moyenne des titres à haut rendement a atteint près de quatre ans en mai, un record, contre une moyenne d’un peu plus de six ans entre 2005 et 2007.

Cela signifie que les entreprises disposent de moins de temps qu’auparavant pour refinancer leur dette, et que la hausse des taux se fera donc sentir plus tôt.

RESTRUCTURATION

L’incapacité à payer des intérêts plus élevés ou à refinancer des dettes arrivant à échéance est l’une des principales causes de défaillance des entreprises.

Pour éviter de devoir rembourser leurs dettes immédiatement après un défaut de paiement ou de se retrouver insolvables, les entreprises peuvent négocier avec leurs créanciers sur la manière de restructurer leurs dettes et de réorganiser leurs activités.

Casino par exemple, grevé par une dette considérable à la suite d’une série d’acquisitions et d’une baisse des bénéfices, recherche au moins 900 millions d’euros de nouveaux capitaux pour rester à flot, tout en réduisant son endettement.

Les experts en restructuration de dettes précisent que les systèmes juridiques ont évolué depuis la crise financière, et qu’une liquidation désordonnée peut être évitée dans la plupart des cas.

« L’issue des processus de restructuration est aujourd’hui plus prévisible qu’il y a dix ans, car les cadres juridiques des pays européens ont été harmonisés », explique Aymen Mahmoud, co-responsable du groupe « London Finance, Restructuring and Special Situations » du cabinet d’avocats McDermott Will & Emery.

Néanmoins, toutes les entreprises pourraient ne pas survivre aux défis que représentent un endettement important, des coûts d’exploitation et de la dette plus élevés et des bénéfices en baisse.

« Il faudra encore attendre une douzaine de mois avant de voir les impacts dans leur entièreté, en particulier en Europe, où la récession sera peut-être moins grave, mais où la reprise sera également plus lente », a déclaré Elena Lieskovska, associée chez Bain Capital Special Situations.

 

(Reportage Chiara Elisei, Dhara Ranasinghe, version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)

 

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