Les carburants et l’alimentation dopent encore l’inflation aux Etats-Unis
WASHINGTON (Reuters) – La hausse des prix à la consommation aux Etats-Unis s’est accélérée en mai avec les niveaux sans précédent atteints par les prix à la pompe et l’augmentation des tarifs des services, montrent les statistiques officielles publiées vendredi, qui pourraient inciter la Réserve fédérale à poursuivre au pas de charge la remontée de ses taux d’intérêt dans les mois à venir.
L’indice des prix à la consommation (CPI) a augmenté de 1,0% le mois dernier après une hausse de 0,3% en avril, a annoncé le département du Travail. Sur un an, il affiche un bond de 8,6%, après +8,3% le mois précédent.
Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne une augmentation de 0,7% d’un mois sur l’autre et de 8,3% en rythme annuel.
Le prix de l’essence a atteint environ 4,37 dollars le gallon (un gallon = 3,78 litres environ) en mai selon l’association d’automobilistes AAA et il flirtait avec les cinq dollars vendredi, ce qui suggère que le CPI devrait rester élevé en juin.
L’envolée générale des prix aux Etats-Unis est aussi favorisée par la forte hausse de ceux des produits alimentaires, liée en partie à la guerre en Ukraine, tandis que les confinements sanitaires en Chine continuent de perturber les chaînes d’approvisionnement de nombreux secteurs.
Certains observateurs espéraient que la sortie de la crise du COVID-19 aux Etats-Unis, en favorisant un transfert de dépenses des biens vers les services, contribuerait à freiner l’évolution des prix mais les pénuries de main-d’oeuvre, qui se traduisent par des hausses de salaires, contribuent à faire monter les prix des services, de l’immobilier à la restauration en passant par le transport aérien.
UNE NOUVELLE HAUSSE DE TAUX D’UN DEMI-POINT ATTENDUE
L’indice des prix de base (« core CPI »), qui exclut ceux de l’énergie et des produits alimentaires, a pour sa part augmenté de 0,6% sur un mois comme en avril, et sa progression sur un an ressort à 6,0% après +6,2% en avril. Le consensus le donnait en hausse de 0,5% d’un mois sur l’autre et de 5,9% en rythme annuel.
Les chiffres publiés vendredi seront évidemment pris en compte par la Réserve fédérale lors de sa réunion de mardi et mercredi prochains, qui devrait se solder selon le consensus Reuters par une nouvelle hausse d’un demi-point de pourcentage de son taux directeur. Et les marchés s’attendent à ce que la Fed opte pour une hausse équivalente fin juillet.
Le principal risque, aux yeux de nombreux économistes et investisseurs, est que cette politique offensive de la Fed visant à freiner les prix finisse par étouffer la croissance.
« Le revenu disponible va diminuer et évidemment, cela suggère une récession », explique ainsi Peter Cardillo, chef économiste de Spartan Capital Securities, qui prévoit une baisse du produit intérieur brut (PIB) dès le quatrième trimestre de cette année.
Sur le marché obligataire, le rendement des bons du Trésor américain à deux ans, le plus sensible aux anticipations d’évolution des taux directeurs, prenait plus de 10 points de base quelques minutes après la publication de ces chiffres, à 2,92%, tandis que le dollar amplifiait sa hausse face aux autres devises, ramenant l’euro sous 1,0550.
Wall Street se dirigeait alors vers une ouverture en baisse de plus de 1% et les actions européennes creusaient leurs pertes avec un repli de près de 2% pour l’indice large Stoxx 600.
(Reportage Lucia Mutikani, version française Marc Angrand)