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L’élan des marchés se brisera-t-il sur la géopolitique?

par Laura Matthews et Tom Westbrook

NEW YORK/SINGAPOUR (Reuters) – La géopolitique revient au centre des préoccupations des investisseurs, la crainte d’une Europe fragmentée, d’une Amérique isolationniste et d’un ralentissement du commerce mondial ayant déclenché quelques semaines de turbulences sur les marchés.

Cette année, la géopolitique est ainsi arrivée en tête des inquiétudes des gérants de fonds souverains, alors que l’argent a fuit les géographies à risque, comme Taïwan, pour se réfugier dans les actifs sûrs, comme l’or qui a atteint un record la semaine dernière.

L’impression générale est qu’une ère de paix et de commerce sans entrave prend fin, et que l’avenir sera moins rentable.

La moitié du globe s’est, ou se rendra, aux urnes cette année et les résultats des élections confirment ce changement : Taïwan a élu un président détesté à Pékin, les élections européennes en France ont confirmé la montée de l’extrême-droite, tandis que la Grande-Bretagne a élu la plus large majorité de gauche en une génération.

La situation américaine n’est pas moins mouvementée, le candidat républicain, Donald Trump, ayant échappé à une tentative d’assassinat tandis que le président sortant, Joe Biden, a quitté la course moins de quatre mois avant l’élection.

« (La géopolitique) est l’une des questions les plus importantes que nous ayons eu à intégrer dans notre processus de gestion », estime Erik Knutzen, responsable des investissements multi-actifs chez Neuberger Berman.

« A grande échelle, cela se traduit par une analyse du risque global de nos portefeuilles. Un environnement marqué par d’importants risques géopolitiques nous ferait baisser le risque de nos portefeuilles », ajoute le responsable.

De fait, les marchés ont immédiatement réagit à deux risques qu’une victoire de Donald Trump aggraverait, celui d’une inflation durablement élevée et celui de restrictions aux ventes de semi-conducteurs.

L’or, considéré comme un actif protégeant de l’inflation et qui est soutenu par des achats importants des banques centrales, a dépassé 2,450 dollars l’once au cours des séances suivant la tentative d’assassinat de Donald Trump, un évènement qui a fait progresser ses chances de victoire.

« L’ensemble des politiques économiques de Trump seront probablement inflationnistes, qu’il s’agisse de baisses d’impôts, sur l’immigration ou le rapatriement de la base industrielle, ce qui fait pression sur le dollar (…) qui se déprécie par rapport à l’or », résume Prashant Kothaari, directeur général chez Alpha Alternatives.

Simultanément, la capitalisation de TSMC a chuté de plus de 100 milliards de dollars dans les jours suivant des commentaires équivoques du candidat républicain, qui semblait mitigé sur la protection militaire à fournir à l’île et à son secteur des semi-conducteurs.

L’indicateur du risque dans le détroit de Taïwan compilé par Goldman Sachs demeure sous son record, mais a rebondi la semaine dernière, tandis que la devise taïwanaise touchait lundi un plus bas en huit ans, les capitaux fuyant l’archipel au cœur des tensions sino-américaines.

« Le retour du risque géopolitique a émoussé l’appétit pour le secteur du matériel d’intelligence artificielle », relève Norman Villamin, chef stratégiste à l’Union Bancaire Privée.

RISQUE

Les tensions géopolitiques font également évoluer les projections économiques et politiques mondiales à long terme.

« Les tensions devraient demeurer élevées et mener à des décisions politiques dont les impacts dureront des années », explique David Bianco, chef investissement pour les Amériques chez DWS.

Les secteurs de l’énergie et de la défense, et les matières premières comme le cuivre et l’uranium, en profiteraient.

A l’inverse, les élections législatives en France ont poussé les investisseurs à réduire leur exposition à l’hexagone.

« Nous sommes sous-pondérés sur la France et les souverains italiens, car il risque d’y avoir un peu d’incertitude politique lors de la négociation d’un déficit budgétaire plus faible », déclare David Zahn, responsable obligataire européen chez Franklin Templeton.

Les marchés ne paniquent pas: le Vix, l’indicateur de la nervosité des marchés actions américains, demeure faible, tandis que le S&P 500 n’a perdu que 3% par rapport à son record, une consolidation jugée saine par les opérateurs.

« La géopolitique n’est jamais la préoccupation première des marchés, qui se focalisent sur les taux et la croissance des bénéfices des entreprises, surtout pour les marchés action », explique Matt Sherwood, responsable de la stratégie multi-actifs chez Perpetual.

« Mais la géopolitique fait partie de ces risques dont les impacts sont importants, s’ils se concrétisent. Ce qu’il faudrait alors est une stratégie de diversification à faible coût, qui protège à la baisse et offre du potentiel à la hausse », ajoute le responsable.

Les options à six mois protégeant contre une forte baisse des actions ou du dollar sont pour le moment peu onéreuse, indiquant que la demande est faible.

Pour autant, des achats ont eu lieu récemment, les investisseurs se montrant moins optimistes.

Pankaj Agarwal, gérant au sein du family-office AT Capital, réduit son exposition directe aux actions et se positionne sur des écarts sur option d’achat sur indice, une stratégie qui peut limiter les gains mais prévenir des pertes. D’autres se préparent à un futur moins rentable.

« Pendant trente ans, les investisseurs ont profité de la plus importante période de mondialisation et de stabilité géopolitique jamais connue », explique Michael Rosen, responsable des investissements chez Angeles Investments.

« Une nouvelle ère a débuté, et elle est plus risquée. »

(Avec la contribution de Dhara Ranasinghe à Londres ; version française Corentin Chappron, édité par Kate Entringer)

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