La politique de la BCE doit rester restrictive jusqu’en 2025, dit Lane (BCE)
(Reuters) – La Banque centrale européenne (BCE) est prête à réduire ses taux d’intérêt le mois prochain, mais sa politique doit rester restrictive cette année car la croissance des salaires ne se normalisera pas avant 2026, a déclaré lundi Philip Lane, économiste en chef de la BCE, au Financial Times.
« Sauf surprise majeure, à l’heure actuelle, les éléments dont nous disposons nous permettent de lever le niveau de restriction le plus élevé », a déclaré l’économiste.
« Nous devons encore être restrictifs tout au long de l’année », a-t-il ajouté. « Mais au sein de la zone de restriction, nous pouvons assouplir quelque peu ».
« Nous devons voir plus de progrès (sur l’inflation) avant de passer d’une phase restrictive à une réflexion sur la normalisation » de la politique monétaire, a ajouté Philip Lane.
Pour l’économiste, les responsables politiques de la BCE doivent maintenir les taux en territoire restrictif cette année afin de s’assurer que l’inflation continue à ralentir et ne reste pas au-dessus de l’objectif de la banque, ce qui « serait très problématique et probablement assez difficile à résoudre ».
Par ailleurs, l’accélération des salaires au premier trimestre a bien été anticipée et un ralentissement est en cours, a précisé Philip Lane.
« La décélération des salaires ne signifie pas nécessairement qu’ils redeviendront immédiatement stables », a déclaré Philip Lane. « Cette année, l’ajustement est clairement très progressif ».
La croissance des salaires devrait « visiblement » décélérer l’année prochaine et les responsables politiques pourront alors débattre de la normalisation de leur politique.
S’exprimant par la suite lors d’une conférence à Dublin, devant l’Institute of International and European Affairs, Philip Lane a réaffirmé que la BCE réduirait ses taux directeurs à un rythme plus ou moins rapide en fonction de la vigueur de l’inflation sous-jacente et de la demande.
« Le rythme ultérieur des réductions de taux sera plus lent en cas de surprise à la hausse de l’inflation sous-jacente et du niveau de la demande », a-t-il dit.
« Le rythme (de la réduction des taux) sera plus rapide en cas de surprise à la baisse (de l’inflation) », a-t-il poursuivi.
La BCE s’est pratiquement engagée à baisser ses taux le 6 juin, et le débat porte désormais sur la suite de la trajectoire de politique monétaire, les marchés ne pariant plus que sur une baisse des taux après juin en 2024.
Philip Lane a souligné qu’une probable baisse des coûts d’emprunt de la BCE ne signifierait pas que l’inflation est vaincue.
« La discussion sur une baisse des taux la semaine prochaine n’est pas une déclaration de victoire », a-t-il dit.
« Il y a encore beaucoup de pression sur les coûts dans l’économie européenne, nous pouvons peut-être supprimer le niveau le plus élevé de restriction mais (…) nous sommes toujours au milieu du gué ».
(Reportage Jahnavi Nidumolu à Bangalore, rédigé par Balazs Koranyi, avec la contribution de Conor Humphries à Dublin et Francesco Canepa; version française Corentin Chappron et Claude Chendjou, édité par Kate Entringer et Blandine Hénault)