Carrefour ne vendra plus de produits PepsiCo en raison de la hausse des prix
Carrefour va cesser de vendre les produits du groupe américain PepsiCo, comme le soda Pepsi ou les chips Lay’s, sur fond de guerre des prix entre distributeurs et géants mondiaux de l’alimentation.
Depuis jeudi, les rayons des produits PepsiCo des magasins Carrefour en France sont accompagnés d’une note indiquant « Nous ne vendons plus cette marque pour cause de hausse de prix inacceptable ».
Certains produits du groupe, comme les chips Cheetos ou les sodas 7Up n’étaient déjà plus disponibles jeudi dans le supermarché Carrefour Paris Auteuil, dans le 16e arrondissement de la capitale, tandis que d’autres, comme le soda Pepsi, se trouvaient encore dans les rayons, à côté d’une note.
Dans le supermarché, les clients ont largement salué cette décision.
« Cela ne m’étonne pas du tout », a déclaré Edith Carpentier à Reuters. « Je pense qu’il va y avoir plein de produits qu’on va laisser de côté parce qu’ils sont devenus trop chers, et ce sont des choses que l’on peut éviter, surtout les sodas, ce n’est pas nécessaire ».
PepsiCo n’a pas répondu à une demande de commentaire.
En octobre, le groupe américain a indiqué prévoir des hausses de prix « modestes » cette année, car la demande s’est maintenue malgré les augmentations, ce qui l’a conduit à relever ses prévisions de bénéfices pour 2023 pour la troisième fois consécutive.
Durant l’année écoulée, les distributeurs alimentaires de plusieurs pays, dont l’Allemagne et la Belgique, ont annoncé une interruption de leurs commandes auprès d’entreprises de biens de consommation en raison des hausses de prix, une stratégie qui intervient dans le cadre de négociations tarifaires de plus en plus tendues sur fond d’inflation et de crise du coût de la vie.
Carrefour avait déjà mis en cause les pratiques de certains géants de la consommation courante en lançant l’an dernier une campagne contre la « shrinkflation », une pratique consistant à vendre un produit en quantité réduite au même prix voire plus cher. Le groupe avait apposé dans ses magasins des avertissements sur les produits concernés par cette pratique.
Face à la forte inflation des prix alimentaires, le gouvernement français a demandé aux distributeurs et groupes industriels d’avancer leurs négociations tarifaires, qui se tiennent habituellement entre décembre et mars, pour conclure des accords dès janvier.
Contrairement aux autres pays en Europe, la France réglemente en effet fortement le secteur du commerce de détail, obligeant les supermarchés à ne négocier les prix qu’une fois par an avec les producteurs de denrées alimentaires et de boissons, dans le but de protéger son industrie agricole.
Cependant, le cycle de négociations qui a eu lieu au début de l’année dernière, au plus fort de la crise de l’inflation, a abouti à des augmentations de prix très élevées dans tous les secteurs, ce qui a pesé sur le chiffre d’affaires des supermarchés et les a incités à négocier des baisses de prix cette fois-ci.
« Nous savons que les supermarchés français sont tout à fait prêts à déréférencer leurs fournisseurs s’ils n’apprécient pas les offres qui leur sont faites », a commenté James Walton, économiste en chef de l’Institute of Grocery Distribution.
« Il s’agit évidemment d’un dernier recours, car personne n’est gagnant si les produits que les gens veulent ne sont pas disponibles dans les rayons. »
(Reportage Piotr Lipinski et Antony Paone, avec la contribution de Helen Reid et Michel Rose, version française Nathan Vifflin et Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)