Les chrétiens suisses ne sont pas prêts à démasculiniser Dieu
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Lors de son dernier Consistoire, l’Église protestante de Genève atteste que son travail sur le genre de Dieu, qui a suscité la polémique, n’est pour l’heure qu’au stade de la réflexion.
Ne plus parler de Dieu uniquement au masculin, mais le féminiser ou le caractériser par le pronom «iel», telle est la réflexion que lançait la Compagnie des pasteurs et des diacres de l’Église protestante de Genève (EPG) en janvier dernier. Relayée par l’agence de presse Protestinfo, l’information a été reprise par de nombreux médias romands, suscitant nombre de réactions, entre éditos et courriers de lecteurs. À la direction de l’EPG aussi, de nombreux courriers ont été envoyés par des membres inquiets ou mécontents, comme l’a exprimé la présidente Eva Di Fortunato lors de la dernière session du Consistoire (organe délibérant), jeudi 17 mars. Face à la polémique, une communication interne avait d’ailleurs dû être produite, pour rassurer tout un chacun sur ce qui n’est encore qu’un vague projet.
Contactée au cœur de la tourmente, la modératrice de la Compagnie, Laurence Mottier, rappelait que «la question du genre de Dieu figurait dans les revendications portées par la Grève des femmes de 2019, soutenues par une centaine de signataires». Et du côté des paroisses? «Cette demande n’est pas remontée du terrain», formule Laurence Mottier. «La Compagnie traitera cette thématique, parmi d’autres qui l’occupent, comme la justice sociale, l’éco spiritualité et l’avenir de l’Église», tient-elle à préciser.
Une question pas tranchée
Lors de l’assemblée du Consistoire, l’affaire est d’ailleurs rappelée par un délégué de la paroisse de Chêne, qui interpelle la présidente de l’EPG en lui demandant si une position claire et institutionnelle sera prise sur les façons de nommer Dieu. L’occasion, pour Eva Di Fortunato, de dissiper un malentendu: «Cette réflexion est encore à l’état embryonnaire et ne concerne que la Compagnie des pasteurs et des diacres, qui réfléchit aux enjeux théologiques de notre Église», explique-t-elle. Et d’ajouter que «pour l’instant, il est impossible d’aller plus loin, car il serait prématuré de croire que la Compagnie a tranché cette question».
Une affirmation que s’empresse de corriger François Dermange, professeur ordinaire d’éthique à la faculté de théologie de l’Université de Genève, selon qui «les questions théologiques sont résolues par le Consistoire, dans une Église composée également de laïcs et où les avis théologiques ne peuvent être uniquement régis par la Compagnie des pasteurs et des diacres». Toute décision de cet ordre devrait donc de toute façon être soumise au vote de l’assemblée. Affaire à suivre.
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