Des chrétiens libérés en Mauritanie
Le Journal Chrétien a appris, la libération dimanche dernier des dix-huit chrétiens arrêtés en fin Novembre par les autorités mauritaniennes, suite à une cérémonie de baptême filmée et diffusée dans les réseaux sociaux dans ce pays essentiellement musulman.
Après plusieurs jours de détention, ces chrétiens dont seize hommes et deux femmes, ont regagné leurs domiciles dimanche. Peu avant la fin de la journée, la nouvelle de leur libération imminente était partagée par certains leaders évangéliques d’Afrique francophone qui n’ont cessé d’inciter le corps de Christ à la prière et à d’autres actions concrètes en faveur des chrétiens mauritaniens persécutés. En début de semaine dernière, des proches se plaignaient de l’état de santé fragile de ces chrétiens accusés de blasphème et d’apostasie. Il est difficile pour le moment de dire avec exactitude les circonstances de leur libération. Nous y reviendrons
Des pasteurs menacés après une séance de baptême filmée.
Au départ, l’affaire ne concernait que deux leaders chrétiens de la République Islamique de Mauritanie figurant dans la vidéo de la cérémonie de baptême diffusée par des personnes visiblement mal intentionnées.
Les habitants de Selibay (capitale de la région de Guidimaka) se sont engagés à manifester le samedi 2 Décembre 2023 , à partir de 9H devant la tribune du grand marché pour le domicile des pasteurs ayant baptisé des croyants. « Je suis Selibayen, je suis musulman », concluaient-ils leur message d’appel à la mobilisation.
Appel à la prière
Une fois alertés, des chrétiens en Afrique, notamment, l’ Alliance des Évangéliques d’Afrique Francophone ont prié pour que ces pasteurs bénéficient de la haute protection divine à l’issue de cette marche, qui pourrait « dégénérer si rien n’est fait », expliquait un enseignant de théologie dans plusieurs facultés en Afrique. Ces derniers, apprend on « ont souvent été confrontés aux autorités mauritaniennes à cause de leur foi chrétienne », affirme un autre leader évangélique en Afrique.
Témoignage effroyable sur le christianisme en Mauritanie
Joint par le Journal Chrétien pour analyser la situation des pasteurs menacés en Mauritanie, un serviteur de Dieu qui a travaillé pendant trois décennies comme missionnaire en Mauritanie se confie en ces termes :
« La Mauritanie est un pays essentiellement musulman. L’islam y est pratiqué à 99,9%. A l époque où j’y travaillais comme missionnaire, un bien aimé dans le Seigneur qui était mon binôme dans l’œuvre de Dieu s’était fait prendre trois balles dans la tête, motif pris de ce que, nous avions développé une stratégie d’évangélisation dans un cyber café. Nous y enseignions l’informatique aux personnes et profitions pour leur parler de l’évangile. Ce qui se passe actuellement n’est pas nouveau en Mauritanie, le christianisme n’y est assurément pas le bienvenu. Des chrétiens évangéliques se cachent pour prier, ce que nous appelons des églises souterraines. Une seule église y est officiellement reconnue, le catholicisme romain. C’est où des cultes sont organisés sous une forme œcuménique. Tout le monde s’y réfugie : témoins de Jéhovah ; catholiques romains ; chrétiens évangéliques ». Notre interlocuteur poursuit en invitant les chrétiens évoluant dans un contexte de radicalisme religieux à plus de vigilance : « on ne dévoile pas sa stratégie de guerre à son ennemi » dit-il.
Mauritanie, pays de tolérance religieuse ?
La récente arrestation des chrétiens remet en question, la qualification de la Mauritanie comme un pays où les minorités religieuses sont protégées par « l’islam, religion de tolérance », comme déclare l’Observatoire nationale des Droits de l’Homme en Mauritanie dans son rapport de Novembre 2015.
De plus, les programmes auxquels la Mauritanie a participé ces dernières années devraient contribuer à offrir un meilleur traitement aux chrétiens. En Janvier 2016, la RIM (République Islamique de Mauritanie) a participé au Maroc à une conférence sur la protection des minorités religieuses vivant au sein des communautés islamiques.
Par ailleurs, le 5 Juillet 2019, le comité des Droits de l’Homme de l’ONU a examiné le rapport périodique présenté par la RIM sur l’application dans ce pays du Pacte International relatif aux droits civils et politiques. Les limites de la charia islamique qui est l’unique source du Droit mauritanien avaient été présentées, car disait le comité des Droits de l’Homme, « Elle ne respecte pas totalement le système international de protection des Droits de l’Homme surtout en matière de liberté de conscience et de religion».