Navalny pense avoir été empoisonné parce qu’il menaçait le pouvoir russe
MOSCOU (Reuters) – Alexeï Navalny a réaffirmé mardi que Vladimir Poutine avait ordonné aux services de renseignement russe de l’empoisonner au Novitchok par crainte de la menace qu’il représentait pour le pouvoir russe à l’approche des élections législatives de l’année prochaine.
Dans une longue interview accordée à un blogueur russe et diffusée sur YouTube, sa première apparition en vidéo depuis sa sortie d’hôpital, l’opposant déclare aussi que les médecins russes ont tenté de différer son évacuation médicale vers l’Allemagne dans l’espoir que toute trace de cette substance neurotoxique mise au point par l’armée soviétique dans les années 1970 et 1980 aurait disparu de son organisme.
Mais ils se sont trompés dans leurs calculs, ajoute-t-il.
L’opposant russe a été hospitalisé le 20 août dans un état grave à Omsk, en Sibérie, puis transféré le surlendemain à l’hôpital de la Charité, à Berlin, qu’il a quitté le 23 septembre au terme de 32 jours d’hospitalisation dont 24 dans le coma.
Le gouvernement allemand a conclu qu’il avait été empoisonné au Novitchok; les autorités russes réfutent toute implication.
Sur YouTube, Navalny, qui est âgé de 44 ans, explique qu’il était en parfaite santé le 20 août dernier lorsqu’il est monté à bord d’un avion à l’aéroport de Tomsk. Son état, dit-il, s’est subitement dégradé après 20 minutes de vol et il dit s’être vu mourir.
Quant aux raisons de cette tentative présumée d’élimination, il les voit dans la tenue des élections législatives l’année prochaine en Russie.
« Ils ont compris qu’ils allaient au-devant de gros, gros problèmes les menaçant avant les élections à la Douma d’Etat », dit-il.
Dans une interview accordée la semaine dernière au Spiegel, Alexeï Navalny avait déjà imputé au président russe la responsabilité de la tentative d’empoisonnement dont il a été victime.
L’affaire Navalny a provoqué un nouvel accès de tension entre les Occidentaux et la Russie, l’Allemagne estimant ce week-end que l’Union européenne n’avait plus d’autre choix que d’imposer des sanctions à Moscou.
(Anton Zverev et Maria Tsvetkova; version française Henri-Pierre André)
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