Macron dénonce les faillites du système politique libanais, un an après l’explosion de Beyrouth
par Michel Rose
PARIS (Reuters) – Emmanuel Macron a fustigé mercredi les « faillites » de la classe politique libanaise lors d’une conférence de soutien au Liban organisée par la France et les Nations unies, un an jour pour jour après l’explosion du port de Beyrouth.
Plongé dans une grave crise financière depuis la fin 2019, le Liban est en outre toujours privé de gouvernement depuis la démission d’Hassan Diab, qui expédie les affaires courantes, à la suite de la catastrophe du 4 août 2020 qui a fait plus de 200 morts, des milliers de blessés et dévasté des quartiers entiers de la capitale libanaise.
« Les dirigeants libanais semblent faire le pari du pourrissement, je le regrette, je pense que c’est une faute historique et morale », a déclaré le président français à l’ouverture de cette conférence internationale qui vise à réunir au moins 350 millions de dollars (295 millions d’euros) d’aides d’urgence.
« La conférence d’aujourd’hui est une conférence humanitaire, de soutien à la population. Elle est donc inconditionnelle. Mais il n’y aura aucun chèque en blanc au bénéfice du système politique libanais car il est lui depuis le début de la crise et même avant, défaillant », a martelé le chef de l’Etat français.
Emmanuel Macron a également annoncé le déblocage par la France de 100 millions d’euros dans les mois qui viennent pour venir en aide à la population et l’envoi dans les prochaines semaines de 500.000 doses de vaccins contre le COVID-19.
La France, qui a administré le Liban après la Première Guerre mondiale, pilote depuis des mois les efforts de la communauté internationale visant à sortir le pays de la crise.
Depuis l’explosion, Emmanuel Macron s’est rendu à Beyrouth à deux reprises et la France a levé une aide d’urgence et pris des mesures pour restreindre l’entrée sur son territoire de responsables libanais afin que le pays mette en place un ensemble de réformes.
Paris a également persuadé l’Union européenne de convenir d’un cadre de sanctions prêt à être utilisé.
Mais ces initiatives, y compris l’obtention d’engagements de la part des responsables politiques libanais à s’entendre sur l’installation d’un gouvernement d’experts, sont restées vaines jusqu’à présent.
Le président américain Joe Biden doit participer à cette conférence avec environ 40 autres dirigeants mondiaux, dont ceux de l’Egypte, de la Jordanie, de l’Irak et du Canada. Le Royaume-Uni sera représenté par son ministre des Affaires étrangères.
L’année dernière, la conférence organisée à la suite de l’explosion avait permis de récolter environ 280 millions de dollars.
Si la nouvelle aide humanitaire sera inconditionnelle, environ 11 milliards de dollars de financement à long terme collectés en 2018 restent verrouillés et conditionnés à une série de réformes à mettre en oeuvre par les responsables politiques.
(Reportage Michel Rose; version française Camille Raynaud et Jean-Stéphane Brosse, édité par Blandine Hénault)