Liban: Nous ne ferons plus de cadeaux, préviennent les donateurs
par Samia Nakhoul et John Irish
BEYROUTH/PARIS (Reuters) – Les puissances occidentales à la manoeuvre pour sauver l’économie libanaise ont lancé un ultimatum aux dirigeants du pays du cèdre, les enjoignant à former rapidement un gouvernement crédible pour mettre fin à la corruption faute de quoi il n’y aura pas de plan de renflouement.
La France, les Etats-Unis et d’autres bailleurs de fonds qui sont venus à plusieurs reprises à la rescousse du Liban depuis la guerre civile des années 1975 à 1990 perdent patience avec les responsables politiques libanais dont nombre d’entre eux étaient aux responsabilités durant la crise économique.
Le Liban a été secoué l’an dernier par des manifestations réclamant le départ de l’ensemble de la classe politique au pouvoir, sur fond de défiance des élites, accusées de corruption et d’être uniquement soucieuses de préserver leurs intérêts. On leur reproche également la mauvaise gestion des finances publiques qui a gonflé la dette du pays.
La pandémie de coronavirus et l’explosion meurtrière en août dernier dans le port de Beyrouth, qui a ravagé des pans entiers de la ville, n’a fait qu’aggraver la situation du pays.
L’effondrement de la monnaie nationale, qui a rendu inaccessibles les produits de base, dont des médicaments, a en outre fait basculer beaucoup d’habitants dans la pauvreté.
DIVISIONS CONFESSIONNELLES
Au cours de l’été dernier, le président français Emmanuel Macron s’est rendu à deux reprises en moins d’un mois au Liban, pour exiger la formation rapide d’un gouvernement et des réformes en profondeur afin que le pays continue à bénéficier d’un soutien international. Cet appel est cependant resté lettre morte, l’ancienne colonie française étant toujours engluée dans ses divisions et incapable de s’entendre sur la formation d’un gouvernement.
La semaine dernière, lors de pourparlers à Beyrouth, Patrick Durel, conseiller d’Emmanuel Macron sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a déclaré que bien que Paris reste engagé au Liban, « nous ne le renflouerons pas sans réformes », selon deux sources présentes pendant les discussions.
« Ce temps est révolu », a-t-il ajouté.
Un diplomate occidental a indiqué pour sa part que la France souhaitait toujours accueillir d’ici la fin novembre une conférence pour la reconstruction de Beyrouth, mais des doutes subsistent.
« La situation n’a pas évolué », a-t-il fait valoir. « Les responsables politiques libanais ont repris leurs vieilles habitudes et ce qui est inquiétant, c’est le mépris total pour la population », a-t-il ajouté.
S’exprimant vendredi lors d’une conférence en ligne du groupe de réflexion Center for Strategic and International Studies (CSIS) à Washington, Dorothy Shea, l’ambassadrice américaine au Liban, a déclaré à son tour qu’il n’y aurait pas de plan de sauvetage du Liban sans réformes.
« Nous sommes devenus intelligents », a-t-elle dit, ajoutant qu’il y aurait « une approche étape par étape et pas de ‘repas gratuit' ».
Le sunnite Saad al-Hariri, désigné en octobre Premier ministre du Liban, dans le cadre du partage confessionnel du pouvoir, n’est toujours pas parvenu à former un gouvernement.
Des sources officielles indiquent que les sanctions américaines contre Gebran Bassil, le gendre du président Michel Aoun, qui dirige désormais le Courant patriotique libre, le plus grand parti chrétien du Liban, ont freiné la formation d’un nouveau gouvernement.
Gebran Bassil, qui rejette les accusations portées à son encontre, a été sanctionné pour corruption et liens avec le Hezbollah, un parti chiite soutenu par l’Iran et considéré par Washington comme une organisation terroriste. Or le Hezbollah est également le parti le plus puissant du Liban.
LES RÉSERVES DE CHANGE DU LIBAN FONDENT
D’après des sources officielles, la formation d’un nouveau gouvernement bloque essentiellement sur l’insistance de Michel Aoun et de Gebran Bassil pour nommer des ministres chrétiens au sein d’un gouvernement comptant 18 membres.
Saad al-Hariri lui souhaite former un gouvernement composé uniquement d’experts et non affiliés aux différents partis politiques.
Une source proche des discussions a précisé que Gebran Bassil était le principal obstacle à la formation de ce gouvernement. Ce dernier rejette cependant cette accusation et se dit en droit de proposer lui aussi des noms de ministres issus de son parti puisque d’autres ont pu le faire.
Plusieurs sources jugent l’impasse politique actuelle au Liban suicidaire pour le pays dont les réserves de change fondent rapidement. Elles sont estimées à seulement 17,9 milliards de dollars (environ 15 milliards d’euros).
L’Iran, également sous le coup des sanctions américaines, semble avoir décidé de temporiser en attendant la fin de l’administration de Donald Trump et la prise de fonctions du nouveau président élu américain, Joe Biden.
Mais certains responsables au Liban mettent en garde contre cette stratégie.
« Le message des Français est désormais clair: pas de gouvernement, pas de réforme, alors au revoir et merci ! », a déclaré une source politique de premier rang au courant des discussions.
« Et si les Français s’en lavent les mains, alors qui s’occupera de nous? Le Golfe? Les Etats-Unis? Personne! »
« En fin de compte, ils ne savent pas comment faire face à des temps et des défis exceptionnels (…) On continue comme si de rien n’était à former un gouvernement, comme si la situation était ordinaire », a-t-il déploré.
(Avec Ghaida Ghantous, Ellen Francis et Laila Bassam; version française Claude Chendjou, édité par Jean-Michel Bélot)
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