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La Chine renonce à un objectif de croissance économique annuelle

par Kevin Yao et Judy Hua

PÉKIN (Reuters) – La Chine s’est abstenue pour la première fois de fixer un objectif de croissance annuelle et a promis d’augmenter ses dépenses publiques alors que la crise sanitaire liée au coronavirus pèse lourdement sur la deuxième puissance économique mondiale.

L’absence d’objectif de produit intérieur brut (PIB) est une première depuis que le gouvernement chinois a commencé à publier ses prévisions économiques en 1990.

« Nous n’avons pas fixé d’objectif de croissance économique pour l’ensemble de l’année, principalement parce que la situation épidémique mondiale et la situation économique et commerciale sont très incertaines », a déclaré le Premier ministre Li Keqiang à l’ouverture de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire (ANP), le Parlement chinois.

« Le développement de la Chine est confronté à des facteurs imprévisibles », a-t-il ajouté.

La consommation intérieure, les investissements et les exportations diminuent tandis que la pression sur l’emploi et les risques financiers augmentent, a-t-il averti.

L’économie chinoise a subi au premier trimestre sa première contraction depuis au moins 1992, de -6,8% en rythme annuel, l’épidémie de coronavirus ayant paralysé la production et la consommation, accentuant la pression sur Pékin pour qu’il engage des mesures supplémentaires pour contrer les effets de la crise sanitaire.

La Chine vise un déficit budgétaire d’au moins 3,6% du PIB en 2020, supérieur aux 2,8% de 2019, et a fixé le quota d’émission d’obligations spéciales des gouvernements locaux à 3.750 milliards de yuans (481,8 milliards d’euros), contre 2.150 milliards de yuans l’année dernière.

Le Premier ministre a également annoncé l’émission d’un emprunt d’État pour un montant de 1.000 milliards de yuans cette année.

Les annonces de Li Keqiang ne sortent « pas trop de l’ordinaire », a déclaré Nie Wen, économiste chez Hwabao Trust et « renforcent l’hypothèse de certains acteurs du marché selon laquelle la Chine ne recourrait pas à des mesures de relance de masse ».

Sur l’ensemble de 2020, la croissance chinoise pourrait ralentir à 2% ou 3%, contre 6,1% en 2019, d’après l’économiste.

SOUTIEN AUX PETITES ENTREPRISES

La politique budgétaire sera plus proactive et la politique monétaire plus souple, a indiqué le Premier ministre chinois, ajoutant que la croissance en M2 – une large mesure de la masse monétaire – et le financement social seraient nettement plus élevés cette année.

La charge fiscale supportée par les entreprises sera réduite de 2.500 milliards de yuans cette année, a déclaré Li Keqiang. Les petites et moyennes entreprises (PME) peuvent repousser le paiement des prêts et des intérêts de neuf mois supplémentaires, jusqu’en mars 2021, et les prêts aux PME par les grandes banques commerciales devraient augmenter de plus de 40%.

Li Keqiang a indiqué que la Banque populaire de Chine (BPC) guiderait son nouveau taux de prêt de référence.

La banque centrale a abaissé ce taux préférentiel de prêt (LPR) de 46 points de base depuis août 2019, date à laquelle il a été introduit. Le taux LPR à un an est désormais de 3,85%.

(Avec Stella Qiu, Yawen Chen, Cheng Leng, Lusha Zhang, Colin Qian, Roxanne Liu, Huizhong Wu, Se Young Lee, Tony Munroe et Ryan Woo, version française Laetitia Volga, édité par Patrick Vignal)

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