Italie: Conte demande le soutien du Sénat pour sauver sa coalition
par Gavin Jones et Angelo Amante
ROME (Reuters) – Le président du Conseil italien, Giuseppe Conte, s’est adressé mardi au Sénat dans l’espoir d’obtenir le soutien de la chambre haute du Parlement, après la défection d’Italia Viva, le parti de Matteo Renzi, qui menaçait de le priver de majorité parlementaire.
Giuseppe Conte, qui a obtenu lundi la confiance de la chambre basse avec 321 voix contre 259, a prononcé au Sénat à peu près le même discours que la veille devant les députés.
Le chef du gouvernement risque cependant d’avoir plus de mal à conserver sa majorité au Sénat, où elle était déjà très étroite avec Italia Viva. Le résultat du vote est attendu après 18h00 GMT.
Devant le Sénat, Giuseppe Conte a critiqué l’ancien chef de gouvernement Matteo Renzi, évoquant les trop nombreux différends avec son ancien partenaire de la coalition.
« Je vous assure qu’il est très difficile de gouverner dans ces conditions, avec des gens qui mettent continuellement des bâtons dans vos roues et essaient de saper l’équilibre politique patiemment construit par la coalition », a-t-il déclaré.
Si Giuseppe Conte n’obtient pas la confiance du Sénat, il sera contraint de démissionner et de mettre fin à son gouvernement de coalition formé il y a tout juste 17 mois avec le Mouvement 5 Etoiles (M5S) et le Parti démocrate (PD).
LA MAJORITÉ ABSOLUE PAS NÉCESSAIRE
La prédiction la plus optimiste des analystes politiques table sur 157 voix favorables sur les 321 sièges que comptent le Sénat. Il en faut quatre de plus pour disposer de la majorité absolue. Le large succès remporté lundi à la chambre basse du Parlement constitue cependant un motif d’espoir.
Si la majorité absolue n’est pas nécessaire pour se maintenir au pouvoir, une majorité relative mettrait Giuseppe Conte dans une situation d’extrême fragilité.
Sur les marchés financiers, les rendements des obligations italiennes reculaient, le taux du BTP à dix ans perdant plus de deux points de base à 0,581% à 12h25.
Depuis la défection de Matteo Renzi, même si les coûts des emprunts ont augmenté, un mouvement de vente massif sur les obligations souveraines italiennes a été évité grâce aux achats d’actifs de la Banque centrale européenne (BCE). Les investisseurs se montrent également confiants sur le fait que la crise politique en Italie peut être résolue sans de nouvelles élections.
Pour séduire les parlementaires centristes, Giuseppe Conte a promis de revoir son programme politique et de procéder à un remaniement, assurant vouloir moderniser l’Italie et accélérer la mise en oeuvre du plan de relance économique.
Matteo Renzi, qui a retiré Italia Viva du gouvernement de coalition en raison notamment d’un différend sur la gestion de la crise du coronavirus et de ses effets sur l’économie, a dit que son parti s’abstiendrait « probablement » lors du vote de mardi comme il l’a fait à la Chambre.
L’ancien président du Conseil, Mario Monti, a pour sa part déclaré qu’il voterait en faveur de Giuseppe Conte. Il fait partie d’un des rares sénateurs à vie non alignés dont le soutien pourrait être crucial pour la survie de l’actuel gouvernement italien.
(Avec Valentina Consiglio; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)