Andrew Mlangeni, le dernier héros sud-africain
Le combattant politique Andrew Mlangeni vient de s’éteindre à l’âge de 95 ans. Il était le dernier survivant de la génération anti-apartheid qui a libéré l’Afrique du Sud.
C’est le mercredi 22 juillet 2020, via un communiqué, que le président sud-africain a fait part de « sa profonde tristesse », annonçant ainsi le décès de l’ancien combattant Andrew Mlangeni. Cyril Ramaphosa a jouté que cette disparition « marquait la fin d’une génération » glorieuse, et que l’avenir était désormais entre les mains du peuple sud-africain.
Il faut dire que Andrew Mlangeni était le dernier survivant des militants ANC (ndlr : African National Congress, parti politique) qui ont bataillé contre l’apartheid, et qui ont –pour la plupart– été condamnés à la prison à vie lors du célèbre procès de Rivonia (1963-1964). Il était d’ailleurs l’accusé numéro 10 aux côtés de Nelson Mandela, Walter Sisulu, Ahmed Kathrada et bien d’autres.
Andrew Mlangeni était le neuvième enfant d’une famille qui en comptait quatorze. Il est né le 26 juin 1925. Dès 1951 il rejoint la ligue de la jeunesse de l’ANC, ce qui lui vaudra une formation militaire dans plusieurs pays étrangers, dont notamment la Chine. Et c’est en 1963 qu’il est arrêté à son retour, accusé par le gouvernement de recruter des miliciens et de les former afin de combattre le régime en place. Il passera finalement vingt-six ans derrière les barreaux, principalement dans la prison de Robben Island…
Après sa libération en 1989, Andrew Mlangeni avait longtemps travaillé dans l’ombre au sein de l’ANC, préférant ne pas se mettre en lumière mais plutôt faire briller ses illustres camarades. En 2009 il est élu à l’Assemblée nationale pour un mandat de cinq ans, et en 2014 il se retire de la vie politique en prenant définitivement sa retraite. Il occupera cependant le poste de président du comité d’intégrité de l’ANC dans ses dernières années, lequel comité était chargé d’enquêter sur les allégations de corruption des dirigeants sud-africains. Et sur le cas Jacob Zuma, Mlangeni avait déclaré : « Je ne suis pas allé en prison pendant vingt-six ans pour que les gens volent les pauvres. »
L’Afrique du Sud perd ainsi l’un des personnages les plus inoubliables de son histoire. Et d’ailleurs Desmond Tutu, prix Nobel de la paix en 1984, y est allé de son propre hommage : « C’était le dernier monument d’une génération courageuse de Sud-Africains qui ont renoncé à leur liberté, leur carrière, leur vie de famille et leur santé pour que nous soyons tous libres. Il revient maintenant aux plus jeunes de reprendre le bâton de témoin qu’ils ont tenu et de terminer le chemin »
Andrew Mlangeni avait perdu son épouse en 2011, à la suite d’un cancer. Il laisse trois enfants dont deux filles et un garçon. En 2018 il avait foulé le tapis rouge au festival de Cannes à l’occasion d’un documentaire consacré au célèbre procès de Rivonia, intitulé L’État contre Mandela et les autres. C’est tout le continent africain qui regrette la perte d’un homme courageux qui considérait que la liberté du peuple était plus importante que sa propre vie.
Ecclésiaste Deudjui
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