Gallimard arrête la commercialisation du journal de Matzneff
PARIS (Reuters) – Gallimard a annoncé mardi l’arrêt de la commercialisation du journal de Gabriel Matzneff, mis en cause par un ouvrage qui a fait remonter à la surface des accusations de pédocriminalité et soulevé une onde de choc dans le monde de l’édition française.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête vendredi dernier, au lendemain de la parution du « Consentement » (Grasset), un livre autobiographique de l’éditrice Vanessa Springora relatant la relation qu’elle a entretenue à l’adolescence avec l’écrivain, alors âgé de 50 ans.
L’Express a publié jeudi dernier, sur son site internet, une tribune de l’écrivain, âgé de 83 ans, qui affirme avoir vécu un « exceptionnel amour » avec Vanessa Springora et ne pas se reconnaître dans « l’affreux portrait » dressé de lui.
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Gabriel Matzneff n’a fait aucun commentaire sur le lancement d’une procédure judiciaire.
« A l’heure où le parquet de Paris ouvre une enquête pour viol sur mineur (…) les éditions Gallimard qui ont publié son journal depuis 1990 ont décidé d’en interrompre la commercialisation », écrit la maison dans un communiqué.
« La souffrance exprimée par Madame Vanessa Springora dans ‘Le Consentement’, fait entendre une parole dont la force justifie cette mesure exceptionnelle », ajoute-t-elle.
Dans son récit, Vanessa Springora, désormais âgée de 47 ans, dépeint celui qu’elle nomme « G. » en prédateur multipliant les relations avec de très jeunes filles.
L’allusion à Gabriel Matzneff, qui a fait de ses agissements la matière première de ses propres écrits, est transparente, d’autant que Vanessa Springora le nomme dans une interview au Parisien parue la semaine dernière.
Le ministre de la Culture, Franck Riester, a plaidé mardi pour que soit mis fin à l’allocation qui lui est versée par le Centre national du livre (CNL), une bourse réservée aux écrivains confrontés à des difficultés financières liées au grand âge ou à la maladie.
Selon Franck Riester, qui s’est exprimé lors d’une conférence de presse, il revient au CNL de décider si Gabriel Matzneff « contribue à la renommée de la littérature française en se faisant (…) le chantre de la pédocriminalité » et si « son train de vie fastueux décrit dans ses livres justifie le versement d’une allocation ».
« Je considère que non », a-t-il conclu.
Avant même sa parution, « Le Consentement » a ébranlé toute l’édition française, qui a longtemps accordé à Gabriel Matzneff les honneurs dus aux grands écrivains – le prix Renaudot de l’essai en 2013, notamment – sans jamais, ou presque, questionner ses pratiques.
L’affaire a rejailli sur de nombreuses personnalités influentes du monde de la littérature, accusées d’avoir complaisamment fermé les yeux.
(Simon Carraud, édité par Christian Lowe et Jean-Michel Bélot)
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