A Kyiv, Ursula von der Leyen évoque une adhésion de l’Ukraine à l’UE avant 2030
par Tom Balmforth et Olena Harmash
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KYIV (Reuters) – L’Ukraine pourrait intégrer l’Union européenne avant 2030 si elle poursuit ses réformes au rythme et au niveau actuels, a déclaré lundi la présidente de la Commission européenne en marge d’un sommet de soutien au président Volodimir Zelensky à Kyiv.
Plusieurs dirigeants et ministres des pays membres de l’UE avaient fait le déplacement lundi pour réaffirmer leur appui aux autorités ukrainiennes à l’occasion du troisième anniversaire de l’invasion russe.
Les Etats-Unis, qui ont écarté l’UE et l’Ukraine pour négocier exclusivement avec le président russe Vladimir Poutine une issue au conflit ukrainien, n’avaient pas dépêché de représentant.
La question des minerais ukrainiens, auxquels Donald Trump entend avoir accès pour compenser l’aide financière apportée par les Etats-Unis à l’Ukraine, est au coeur des tractations en cours.
Kyiv a fait savoir lundi qu’il était sur le point de conclure un accord avec Washington pour lui donner accès à ses ressources minérales après un refus initial de Volodimir Zelensky qui déplorait l’absence de garanties sécuritaires.
« Nous espérons que les dirigeants des États-Unis et de l’UA (L’Ukraine, Ndlr) le signeront et l’approuveront au plus tôt à Washington pour montrer notre engagement pour les décennies à venir », a écrit la vice-première ministre ukrainienne Olha Stefanichyna sur X.
« Cette année doit être celle du début d’une paix réelle et durable. (Vladimir) Poutine ne nous offrira pas cette paix, ni ne nous la donnera en échange de quoi que ce soit. Nous devons gagner la paix avec force, sagesse et unité, grâce à notre coopération », a déclaré Volodimir Zelensky lors de la rencontre avec ses alliés européens.
Parmi les dirigeants figuraient Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen Antonio Costa et des représentants de pays alliés, dont Benjamin Haddad, ministre français délégué chargé de l’Europe.
« J’apprécie vraiment la volonté politique à l’oeuvre. Je dirais même que si l’Ukraine continue à ce rythme et à ce niveau de qualité, elle pourrait (intégrer l’UE) avant 2030 », a dit la présidente de la Commission européenne à des journalistes en évoquant la procédure d’adhésion de Kyiv à l’UE engagée en décembre 2023.
« C’EST NOTRE TERRE »
Le Canada, le Danemark, l’Islande, la Lettonie, la Lituanie, la Finlande, la Norvège, l’Espagne et la Suède étaient également représentés lundi.
L’Albanie, la Grande-Bretagne, la Croatie, la République tchèque, l’Allemagne, le Japon, la Moldavie, les Pays-Bas, la Pologne, la Suisse et la Turquie ont participé à la rencontre par liaison vidéo.
Les alliés européens de l’Ukraine ont rendu hommage aux soldats ukrainiens tués pendant la guerre devant un mémorial composé de drapeaux sur la place centrale de Kyiv. Les sirènes d’alerte aérienne ont retenti lors des entretiens qui ont suivi, mais aucune frappe de missile n’a suivi.
Les troupes ukrainiennes sont confrontées à un adversaire numériquement supérieur alors que la position américaine fait craindre une baisse ou un arrêt du soutien de Washington.
Des milliers de civils ukrainiens ont été tués depuis le lancement le 24 février 2022 de ce que la Russie a présenté comme une « opération militaire spéciale », qualifiée d’invasion par l’Ukraine et ses alliés occidentaux. Plus de 6 millions de citoyens ukrainiens ont fui le pays.
« C’est notre Etat, c’est notre terre, notre territoire. Nous voulons que la guerre se termine le plus vite possible, car nous n’avons plus de force », a déclaré à Reuters Inna Zaïtseva, 34 ans.
Pavlo Klimkine, ancien ministre ukrainien des Affaires étrangères, a déclaré qu’il fallait que Volodimir Zelensky tente de préserver les liens stratégiques avec Washington tout en renforçant les relations avec l’Europe et en entrant en contact avec d’autres pays comme la Chine et l’Inde.
Les relations entre l’Ukraine et les Etats-Unis n’ont pas encore atteint un point de crise, en dépit des coups de colère de Donald Trump, a estimé celui qui fut chef de la diplomatie ukrainienne de 2014 à 2019.
« Cette tornade n’est pas viable, elle va passer, mais il est important de ne pas l’alimenter de quelque manière que ce soit », a dit Pavlo Klimkine.
Il a ajouté ne pas s’attendre à un accord cette année qui répondrait aux attentes de Kyiv – une paix durable et juste -, mais a déclaré qu’un cessez-le-feu était envisageable.
(Avec la contribution de Dan Peleschuk, Max Hunder, Vitalii Hnidyi et Yurii Kovalenko ; version française Jean Terzian et Kate Entringer; édité par Augustin Turpin)
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