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L’Arabie saoudite à la manoeuvre pour contrer le plan Trump

par Pesha Magid, Samia Nakhoul, Suleiman Al-Khalidi et Ahmed Mohamed Hassan

RYAD/ABOU DHABI/AMMAN/LE CAIRE (Reuters) – Les pays arabes s’efforcent, sous la conduite de l’Arabie saoudite, d’élaborer en urgence un projet alternatif à la proposition de Donald Trump de transformer la bande de Gaza en « Riviera du Moyen-Orient » vidée de sa population palestinienne.

Plusieurs pistes échafaudant un avenir pour l’enclave côtière, en partie anéantie après quinze mois d’offensive israélienne, feront l’objet de discussions ce mois-ci entre le royaume wahhabite, l’Egypte, la Jordanie et les Emirats arabes unis, entre autres pays impliqués, a appris Reuters auprès de multiples sources.

Parmi les idées évoquées figurent la création d’un fonds pour la reconstruction dirigé par les pétromonarchies du Golfe et un mécanisme visant à mettre le Hamas sur la touche, ont déclaré cinq d’entre elles.

L’idée lancée par le président américain de « nettoyer » la bande de Gaza et de reloger ses deux millions d’habitants palestiniens en Egypte et en Jordanie – hypothèse immédiatement rejetée par Le Caire et Amman – a provoqué une levée de boucliers au sein du monde arabe, qui juge la proposition profondément déstabilisante pour toute la région.

La consternation a été d’autant plus grande en Arabie saoudite, indiquent les sources de Reuters, que le plan Trump revient à nier la demande formulée par Ryad d’une feuille de route claire en vue de la création d’un Etat palestinien en échange d’une normalisation des relations entre le royaume et Israël, laquelle pourrait ensuite ouvrir la voie à un pacte militaire ambitieux entre Ryad et Washington dans le but de contrer la menace iranienne.

Reuters a interrogé 15 sources souhaitant rester anonymes en Arabie saoudite, en Egypte, en Jordanie et dans d’autres pays afin d’avoir une idée plus précise des efforts en cours pour agréger les diverses propositions avancées au sein d’un plan commun susceptible d’être présenté au président américain.

Selon une source gouvernementale arabe, au moins quatre propositions ont déjà été esquissées pour l’avenir de Gaza et l’une d’entre elles, préparée par l’Egypte, semble tenir la corde.

Elle consisterait notamment à créer un Comité national palestinien afin de gouverner Gaza sans le Hamas, à encourager la communauté internationale à participer à la reconstruction du territoire sans déplacer sa population et à avancer vers une solution à deux Etats, israélien et palestinien, ont déclaré trois sources au sein des services de sécurité égyptiens.

Le plan sera examiné et débattu à Ryad par l’Arabie saoudite, l’Egypte, la Jordanie, les Emirats arabes unis et des représentants palestiniens avant d’être présenté lors du sommet de la Ligue arabe prévu le 27 février, a déclaré cette même source gouvernementale.

Reçu lundi dernier à la Maison blanche, le roi Abdallah de Jordanie a déclaré travailler avec Ryad et Le Caire à l’élaboration d’un plan viable pour le territoire.

Le rôle du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, qui entretenait de très bonnes relations avec l’administration américaine lors du premier mandat de Donald Trump (2017-2021), s’annonce particulièrement important pour piloter cette initiative, que la Maison blanche n’a pas souhaité commenter.

Selon plusieurs sources informées, le président américain participera à une réunion de financiers et d’entrepreneurs de la tech organisée courant février à Miami par le fonds souverain saoudien. Ryad pourrait également accueillir un sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

S’exprimant sur le sujet jeudi, le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio a déclaré : « Pour l’instant, le seul plan – ils ne l’aiment pas – mais le seul plan est le plan Trump. Donc s’ils ont un meilleur plan, c’est le moment de le présenter. »

CASSE-TÊTE

L’avenir de Gaza après-guerre fait figure de casse-tête tant il bute sur de nombreuses questions épineuses portant sur la gouvernance du territoire, la gestion de la sécurité, ou le financement de la reconstruction.

Israël exclut catégoriquement d’autoriser le Hamas mais aussi l’Autorité palestinienne à exercer le moindre contrôle politique ou sécuritaire sur l’enclave, tandis que les pays arabes et les Etats-Unis refusent d’y déployer des troupes.

Les pays arabes, qui ont déjà financé à coups de milliards de dollars la reconstruction de la bande de Gaza après de précédents conflits, rechignent à mettre de nouveau la main au portefeuille tant qu’ils n’auront pas la garantie que tout ne sera pas à nouveau détruit par l’Etat juif.

Les propositions esquissées par Le Caire prévoient, selon les sources égyptiennes, la création d’une zone tampon et la construction d’une barrière pour empêcher le creusement de tunnels entre l’Egypte et le territoire palestinien, ainsi que l’établissement de vingt zones de vie temporaires une fois les gravats dégagés. Une cinquantaine d’entreprises égyptiennes ou étrangères seraient mobilisées pour ces travaux.

Les pays du Golfe ainsi que la communauté internationale seraient sollicités pour le financement, a déclaré une source dans la région. Il est même envisagé de baptiser un fonds ad hoc « fonds Trump pour la reconstruction », selon la source gouvernementale arabe déjà citée.

Mais aucune décision n’a encore été arrêtée concernant la gouvernance et la sécurité, a-t-elle ajouté.

La mise à l’écart du Hamas est ainsi jugée cruciale. Le mouvement islamiste palestinien, maître de la bande de Gaza depuis 2007 avant la guerre déclenchée par ses assauts meurtriers contre Israël le 7 octobre 2023, s’est déjà dit prêt à céder le pouvoir dans l’enclave à un comité national, mais réclame de jouer un rôle dans le choix de ses membres et rejette tout déploiement de troupes au sol sans son consentement.

Les trois sources égyptiennes admettent que le plan proposé n’est pas totalement neuf mais qu’il pourrait être suffisamment solide pour convaincre Donald Trump de changer d’avis et s’imposer tant au Hamas qu’à l’Autorité palestinienne.

« SCANDALISÉS »

L’Arabie saoudite a de son côté un atout en main avec la question de la normalisation de ses relations avec Israël, que Washington réclame dans la continuité des « accords d’Abraham » passés entre l’Etat juif et les Emirats et Bahreïn sous la première présidence de Donald Trump.

Pour Ryad, l’engagement vers la création d’un Etat palestinien dans les territoires occupés de Cisjordanie, de la bande de Gaza et de Jérusalem-Est conditionne ce rapprochement, une position encore renforcée depuis la guerre dans l’enclave, qui provoque la colère de l’opinion publique saoudienne.

Washington continue de faire pression. L’émissaire de Donald Trump pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a eu plusieurs réunions à Ryad fin janvier et, selon deux sources diplomatiques, il a présenté au royaume saoudien un calendrier de trois mois pour achever un processus de normalisation.

Mais la proposition de transformer Gaza en vaste complexe immobilier sans les Palestiniens a été très mal accueillie à Ryad, même si chacun sait que Donald Trump recourt fréquemment à des postures extrêmes dans l’espoir d’obtenir des concessions.

« Ils sont scandalisés. Ce n’est plus de la frustration, c’est à un autre niveau », a déclaré Aziz Alghashian, un analyste saoudien proche des cercles de pouvoir.

Interrogé la semaine dernière sur CNN, l’ancien chef des renseignements saoudiens, le prince Tourki al Faiçal, qui n’exerce plus aucun rôle exécutif, a affirmé que Donald Trump, s’il venait à Ryad, recevrait « un savon » de la part des dirigeants du royaume.

Prié de dire si les discussions en vue d’une normalisation avec Israël avançaient, il a répondu : « Absolument pas. »

(Pesha Magid à Ryad, Samia Nakhoul à Abou Dhabi, Maha Dahan à Dubaï, Suleiman al-Khalidi à Amman, Alexander Cornwell et Emily Rose à Jérusalem, Ahmed Mohamed Hassan, Nafisa Eltahir et Nidal al-Mughrabi au Caire, Maya Gebeily à Beyrouth, Marwa Rashad à Londres, Gram Slattery et Matt Spetalnick à Washington; Jean-Stéphane Brosse pour la version française)

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