L’UE dévoile une initiative pour rendre le bloc plus compétitif face aux USA et la Chine
par Philip Blenkinsop et Kate Abnett
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BRUXELLES (Reuters) – La Commission européenne a dévoilé mercredi une stratégie visant à inverser le déclin industriel de l’Union européenne (UE) et à intensifier les efforts pour rendre le bloc compétitif face aux États-Unis et la Chine dans des domaines tels que l’intelligence artificielle, ainsi qu’à réduire les coûts énergétiques et la bureaucratie.
Cette initiative est dévoilée alors que plusieurs membres du bloc, dont la France, font pression pour que l’UE simplifie les réglementations du secteur des affaires et assouplisse sa législation sur le climat récemment adoptée, d’autant qu’elle affronte désormais de nouveaux défis avec la nouvelle administration du président Donald Trump.
La « Boussole pour la compétitivité » présente les mesures législatives et les initiatives que l’exécutif européen entend prendre au cours des deux prochaines années dans des secteurs historiques tels que l’acier et l’automobile, ainsi que dans les nouvelles technologies, notamment les biotechnologies et l’informatique quantique.
« Si l’Europe accepte un déclin économique géré et progressif, elle se condamne à une lente agonie », prévient le document, faisant écho aux recommandations de l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, dont le rapport sur la compétitivité de l’UE, publié l’année dernière, est l’un des fondements de l’initiative.
Parmi la série de mesures prévues, Bruxelles présentera le 26 février prochain son « Pacte pour une industrie propre », un plan pluriannuel visant à aider les industries à forte consommation d’énergie à se décarboniser et à stimuler la production de technologies propres, accompagné d’idées visant à stimuler l’approvisionnement en énergie abordable.
Le même jour, l’exécutif européen dévoilera également des plans visant à réduire les exigences des entreprises en matière d’information, en mettant l’accent sur les rapports des grandes entreprises sur le développement durable, le devoir de vigilance des entreprises et le système définissant quels investissements peuvent être qualifiés de respectueux du climat.
La Commission précise qu’il s’agit du premier d’une série de mesures de simplification visant à réduire de 25% les exigences des entreprises en matière de rapports et d’au moins de 35% pour les petites entreprises, ce qui permettra de réduire les coûts de 37,5 milliards d’euros sur cinq ans.
PLUS DE COORDINATION ET D’INTÉGRATION
La feuille de route présentée mercredi comprend également une proposition visant à introduire une préférence européenne pour les marchés publics, ainsi qu’une mesure visant à coordonner les politiques nationales en matière d’infrastructures énergétiques, telles que les réseaux électriques et le stockage.
L’exécutif de l’UE pourrait également jouer un rôle de coordination similaire dans l’investissement et la mise en place d’infrastructures numériques et l’utilisation de l’intelligence artificielle, ainsi que dans la fabrication de médicaments essentiels.
D’autres mesures incluent un régime juridique spécial pour les entreprises innovantes afin qu’elles puissent mieux profiter du marché unique et de l’accès au financement, l’achat en commun par l’UE de matières premières essentielles et la création d’un marché unique européen intégré pour l’industrie de la défense.
Bruxelles est confrontée à un environnement commercial de plus en plus incertain, le président américain Donald Trump s’étant engagé à réduire les règles applicables aux entreprises américaines et ayant menacé d’imposer de nouveaux droits de douane sur les exportations de l’UE vers les États-Unis.
La semaine dernière la France a proposé de retarder « sine die » une nouvelle directive de l’UE sur le devoir de vigilance des entreprises (CS3D) et de retarder de deux ans la directive sur les informations de durabilité des entreprises (CSRD).
La Commission prévoit également d’entamer jeudi un « dialogue stratégique’ avec l’industrie automobile européenne, qui est très mécontente des objectifs de réduction d’émissions de CO2 pour 2025 et des amendes possibles en cas de non-respect.
« Nous identifierons des solutions immédiates pour préserver la capacité d’investissement de l’industrie, en examinant les flexibilités possibles pour s’assurer que notre industrie reste compétitive, sans réduire l’ambition globale des objectifs de 2025 », dit le document de la Commission.
(Reportage Philip Blenkinsop ; version française Diana Mandia ; édité par Augustin Turpin)