Premier pas vers le règlement d’une querelle mémorielle entre Ukraine et Pologne
VARSOVIE (Reuters) – La Pologne et l’Ukraine ont dit mercredi avoir trouvé un terrain d’entente afin de résoudre une querelle mémorielle qui empoisonne leurs relations depuis des générations autour des massacres de Volhynie, des milliers de civils polonais tués par des miliciens nationalistes ukrainiens dans l’ouest de l’Ukraine pendant la Seconde Guerre mondiale.
A l’occasion d’une visite du président Volodimir Zelensky à Varsovie, l’Ukraine a accepté d’effectuer des premières exhumations de victimes, un « tournant » salué par le Premier ministre polonais Donald Tusk.
Selon le quotidien Rzeczpospolita, les premiers travaux d’exhumation débuteront en avril.
« Nous sommes en train de trouver un langage commun sur la question du crime de Volhynie », a déclaré Donald Tusk lors d’une conférence de presse avec Volodimir Zelensky. « Nous allons travailler à une solution systémique à ce problème. »
Les deux alliés, a ajouté le président ukrainien, doivent « progresser dans leurs relations ».
La Pologne réclame depuis des années un accès libre aux sites où seraient enterrées les victimes des massacres, afin qu’elles puissent être exhumées.
Selon Varsovie, plus de 100.000 Polonais ont péri dans ces massacres. Des milliers d’Ukrainiens ont également été tués dans des opérations de représailles.
La Volhynie, où habitaient Polonais et Ukrainiens, faisait partie de la Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a ensuite été occupée par l’Union soviétique.
En 2013, le Parlement polonais a qualifié les massacres commis par l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), une milice nationaliste, de « nettoyage ethnique ayant les caractéristiques d’un génocide ».
L’Ukraine a rejeté cette qualification et présente souvent les événements de Volhynie comme un conflit polono-ukrainien ayant affecté les deux nations. Kyiv accuse notamment la Pologne d’avoir organisé sur son territoire le déplacement forcé d’Ukrainiens après la guerre.
(Pawel Florkiewicz, Barbara Erling, Jan Strupczewski, Yuliia Dysa et Olena Harmash; Jean-Stéphane Brosse pour la version française)