Les pires craintes des chrétiens du centre du Nigéria
Les pires craintes des chrétiens du centre du Nigéria se sont concrétisées lorsque des militants peuls musulmans ont envahi plusieurs villages chrétiens pendant les fêtes de fin d’année, tuant des habitants et incendiant des bâtiments. La violence meurtrière des années précédentes s’est ainsi répétée à Noël.
Encore un massacre à caractère religieux pendant la période de Noël : dans le centre du Nigéria, près de cinquante villageois ont été assassinés pendant les fêtes. L’attaque la plus meurtrière a eu lieu le 25 décembre 2024 dans l’État fédéré de Benue. Les survivants soupçonnent les éleveurs peuls musulmans d’être responsables de ces attaques.
Un massacre le jour de Noël
L’attaque la plus dévastatrice a eu lieu le jour même de Noël : dans l’État fédéré de Benue, au sud de la capitale Abuja, trente-trois personnes ont été tuées dans un massacre de cinq villages, principalement chrétiens. « Notre village a été attaqué alors que les gens étaient en train de fêter Noël avec leurs proches », raconte Adam Kpandev, un habitant de la région.
Les assaillants sont soupçonnés d’être des éleveurs peuls musulmans. Ils auraient tiré au hasard sur les fidèles pendant un service religieux et auraient mis le feu aux maisons et aux granges.
De plus, plusieurs personnes sont portées disparues depuis l’attaque, dont sept enfants.
Le gouverneur de Benue, le pasteur Hyacinth Alia, a qualifié ces attaques meurtrières d’« acte odieux contre des citoyens innocents et désarmés ». Il a promis de traduire les auteurs en justice.
Des mesures de sécurité tardives
Trois jours plus tôt, le 22 décembre 2024, le village de Gidan Ado, dans l’État fédéré de Plateau, a été attaqué. Les islamistes peuls armés ont abattu quinze chrétiens, dont une femme enceinte, un bébé et un enfant de 13 ans. Selon un témoin oculaire, les victimes ont été tuées dans leurs maisons ou alors qu’elles tentaient de fuir. Des dizaines de maisons ont été incendiées.
L’attaque mortelle s’est produite alors que les autorités de Plateau avaient renforcé les mesures de sécurité avant les fêtes. Elles voulaient ainsi éviter que ne se reproduise la tragédie de la veille de Noël 2023, où plus de deux cents personnes avaient été tuées. Les mesures de sécurité supplémentaires n’étaient toutefois prévues que pour le 23 décembre.
Selon le leader local Clement Chup, l’attaque révèle des failles dans l’engagement des autorités de sécurité lorsqu’elles prétendent « protéger la vie et les biens des Nigérians ». Dans une déclaration à la presse, il a souligné que Gidan Ado se trouvait « à un jet de pierre d’un point de contrôle de l’armée ».
Les attaques se sont poursuivies au cours de la nouvelle année : le 6 janvier 2025, des hommes armés ont tué trois personnes dans le village de Sha dans l’État fédéré de Plateau. Six autres personnes ont été blessées. L’attaque a eu lieu alors que les habitants étaient en état d’alerte après que des bergers peuls avaient été repérés dans la région avant Noël.
Les attaques étaient redoutées
En novembre 2024, une organisation de jeunes chrétiens de l’État fédéré de Plateau a demandé une intervention musclée contre les milices peules face à la recrudescence des attaques. Elle avait mis en garde contre une répétition des attaques de la veille de Noël 2023.
Depuis plus de six ans, les milices de l’ethnie peule, majoritairement musulmane, attaquent les chrétiens dans les régions centrales du Nigéria. La région est très fertile et est habitée par des centaines d’ethnies indigènes, majoritairement chrétiennes.
À ce jour, des dizaines de milliers de personnes ont été tuées et des millions d’autres déplacées. CSI soutient les chrétiens attaqués et déplacés au Nigéria en leur apportant une aide humanitaire.
Source : Morning Star News