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Emmanuel Macron reprend ses consultations lundi à l’Elysée

par Elizabeth Pineau

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PARIS (Reuters) – Les anciens présidents de la République Nicolas Sarkozy et François Hollande ainsi que l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve seront reçus lundi à l’Elysée, a-t-on déclaré dimanche à Reuters dans l’entourage d’Emmanuel Macron.

Selon plusieurs médias, dont Le Parisien et Le Figaro, le chef de l’Etat s’entretiendra également avec le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand (Les Républicains), dont le nom est régulièrement cité comme celui de Bernard Cazeneuve pour Matignon.

L’ancien socialiste Bernard Cazeneuve, qui fut le dernier Premier ministre de François Hollande avant l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, est présenté comme un possible candidat de compromis pour le poste de Premier ministre, alors que l’Assemblée nationale est divisée en trois blocs irréconciliables depuis les élections législatives de début juillet.

Aucun parti ou coalition n’ayant la majorité absolue, le président de la République a multiplié les consultations pour tenter de trouver une équation à même d’envisager le vote de textes législatifs en évitant les motions de censure synonymes de renversement du gouvernement.

Souvent présenté comme un « homme d’Etat », Bernard Cazeneuve apparaît aux yeux de nombre d’observateurs comme susceptible de réaliser cette prouesse.

Âgé de 61 ans, l’ancien député socialiste, parti qu’il a quitté en 2022 pour fonder son propre mouvement politique, a conservé des amitiés au centre-gauche, dont celle de François Hollande, et pourrait fracturer le Nouveau Front Populaire (NFP), l’alliance des partis de gauche qui a remporté le plus grand nombre de sièges et rejette depuis les mains tendues par le bloc centriste d’Emmanuel Macron.

Dans le même temps, cet ancien ministre du Budget et de l’Intérieur, poste qu’il occupait lors des attentats djihadistes qui ont ensanglanté la France en 2015, bénéficie d’une image d’homme de l’ordre susceptible de rassurer les élus de la droite modérée, dont l’apport en voix serait indispensable à la survie d’une coalition gouvernementale.

Parfois très critique envers Emmanuel Macron, dont il estimé qu’il avait « trahi » François Hollande en 2017, il pourrait enfin incarner une forme d’alternance avec le gouvernement sortant, répondant aux attentes exprimées par les Français dans les urnes lors des élections européennes puis législatives.

S’il devait être nommé à Matignon, ce que les sources dans l’entourage d’Emmanuel Macron ont dit ne pas pouvoir confirmer, Bernard Cazeneuve aurait ainsi la lourde tâche de bâtir des ponts pour constituer cette « majorité la plus large et la plus stable » possibles souhaitée par l’Elysée.

Après une première salve de consultations des partis et groupes politiques incluant Lucie Castets, candidate du NFP pour Matignon, reçue le 23 août, Emmanuel Macron a écarté la possibilité d’un gouvernement de gauche au nom de la « stabilité institutionnelle », avant de lancer une seconde série de pourparlers à l’Elysée.

Ce choix a conduit La France insoumise (LFI), composante la plus à gauche du NFP, à appeler à manifester avec les organisations de jeunesse de 7 septembre et crispé le Parti socialiste, où une partie des élus souhaite contribuer à gouverner le pays sans LFI tandis qu’une autre défend l’alliance avec l’extrême gauche.

Divisé lui aussi, le parti Les Républicains compte deux groupes à l’Assemblée, la Droite républicaine de Laurent Wauquiez et A droite !, la formation d’Eric Ciotti qui a fait alliance avec le Rassemblement national de Jordan Bardella.

Marine Le Pen et ses alliés comptent 126 députés au Palais-Bourbon, où ils pourraient jouer les arbitres en attendant une hypothétique nouvelle dissolution de l’Assemblée dans un an, si le blocage l’emporte.

Démissionnaire depuis le 8 juillet, le gouvernement de Gabriel Attal a géré les affaires courantes tout cet été qui a notamment vu Paris accueillir les Jeux olympiques et paralympiques, qui durent jusqu’au 7 septembre.

Bercy a préparé un budget doté d’une enveloppe de dépenses de 492 milliards d’euros – équivalente à celle de 2024 mais amputée de 10 milliards compte tenu de l’inflation – fidèle à l’objectif, maintenu, de faire passer le déficit public sous la barre des 3% du Produit intérieur brut en 2027 comme le demande Bruxelles.

Le futur gouvernement pourra modifier à sa guise cette première mouture mais le temps presse : le budget doit être présenté le 1er octobre et une première réunion de la Commission des Finances de l’Assemblée présidée par Eric Coquerel est programmée le 11 septembre.

Parmi les urgences figurent l’éducation, à la veille de la rentrée des classes dans toute la France, la crise du logement, à l’heure où les ventes sont en berne, et le mauvaise santé de l’hôpital public.

« Je parlerai aux Français en temps voulu et dans le bon cadre », a dit Emmanuel Macron jeudi soir en Serbie en réponse à une question sur le futur locataire de Matignon.

« Croyez bien que je fais tous mes efforts, et les jours et les nuits, et que je le fais depuis des semaines, même si vous ne l’avez pas forcément vu, pour aboutir à la meilleure solution pour le pays. »

(Reportage d’Elizabeth Pineau, avec Tangi Salaün)

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