Liban: Mansouri, futur gouverneur par intérim de la banque centrale, préconise des réformes
BEYROUTH (Reuters) – Wassim Mansouri, l’actuel premier vice-gouverneur de la banque centrale du Liban, a confirmé qu’il assurerait l’intérim à la tête de l’institution à partir de mardi et a demandé au gouvernement à mettre en place des réformes longtemps repoussées.
Wassim Mansouri, 51 ans, a déclaré lors d’une conférence de presse lundi que la nouvelle direction de la banque centrale prévoyait d’imposer des restrictions sévères sur les prêts accordés au gouvernement, et que ce financement devrait à terme prendre fin.
Il a ajouté que les autorités devraient également supprimer progressivement une plateforme de change controversée connue sous le nom de Sayrafa et lever l’ancrage de la monnaie locale sur le dollar américain.
Riad Salamé, 73 ans, quitte sa fonction de gouverneur de la banque centrale après 30 ans aux manettes et alors qu’il est impliqué dans des scandales de corruption, accusations qu’il rejette.
La classe politique libanaise, profondément divisée, n’a pas réussi à désigner son successeur, et le poste revient donc premier vice-gouverneur selon la loi.
Les dirigeants de la banque centrale sont sélectionnés dans le cadre du système de partage du pouvoir sectaire qui régit les autres postes à responsabilité au Liban.
Wassim Mansouri, musulman chiite, a été nommé en juin 2020 avec trois autres vice-gouverneurs, un musulman sunnite, un druze et un catholique arménien. Riad Salamé est catholique maronite. Tous ont été approuvés par les chefs politiques de leur groupe religieux respectif.
L’absence de nomination d’un nouveau gouverneur est le reflet d’un dysfonctionnement plus large qui a privé le Liban d’un gouvernement doté de tous ses pouvoirs et d’un président, affaiblissant encore davantage un État paralysé par un effondrement financier qui dure depuis quatre ans.
Les hommes politiques au pouvoir n’ont pris que peu de mesures pour remédier à cet effondrement, attribué à des décennies de dépenses inconsidérées et de corruption supervisées par des factions sectaires longtemps dominantes.
Wassim Mansouri a reçu une formation d’avocat et a travaillé comme consultant juridique auprès du ministère des Finances et du Parlement ces dernières années, selon sa biographie sur le site Internet de la banque centrale.
Riad Salamé fait l’objet d’une enquête au Liban et dans au moins cinq pays européens pour des soupçons de détournement de centaines de millions de dollars de la Banque centrale du Liban au détriment de l’État libanais et pour avoir blanchi ces fonds à l’étranger.
(Reportage Laila Bassam, rédigé par Maya Gebeily et Tom Perry ; version française Kate Entringer et Victor Goury-Laffont, édité par Blandine Hénault)