Le contrôle du Congrès et le pouvoir de Biden en jeu aux « midterms »
par Joseph Ax
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WASHINGTON (Reuters) – Les Américains sont appelés aux urnes mardi pour les élections de mi-mandat qui vont décider de la majorité au Congrès pendant les deux prochaines années et, si les républicains l’emportent, limiter considérablement les pouvoirs de Joe Biden jusqu’à l’élection présidentielle de 2024.
Il est de tradition que le parti qui contrôle la Maison blanche perde les « midterms » et à croire les sondages, cette année ne devrait pas faire exception, la flambée de l’inflation et la criminalité ayant fait passer au second plan la limitation du droit à l’avortement et les violences de l’assaut du Capitole par des partisans de Donald Trump le 6 janvier 2021.
Les 435 sièges de la Chambre des représentants et 35 des 100 sièges du Sénat sont en lice ce mardi. Les républicains semblent assurés de reconquérir la majorité à la Chambre tandis que le contrôle du Sénat – actuellement divisé à 50-50, avec une voix décisive pour la vice-présidente démocrate Kamala Harris – pourrait dépendre de quatre scrutins clés en Arizona, en Géorgie, dans le Nevada et en Pennsylvanie.
Mais en toile de fond de ces élections parlementaires, c’est la présidentielle de 2024 qui se profile déjà.
Battu par Joe Biden il y a deux ans, même s’il continue de refuser de reconnaître son échec, l’ancien président républicain Donald Trump a laissé entendre à ses partisans qu’il pourrait repartir en campagne, en leur promettant lundi soir dans l’Ohio une « grande annonce » le 15 novembre.
Des centaines de républicains qui adhèrent à la théorie infondée de « l’élection volée » martelée par Donald Trump sont en lice cette année pour des postes qui leur permettraient de peser sur l’issue du scrutin présidentiel de 2024 dans les « swing states », les Etats susceptibles de basculer dans un camp ou dans l’autre. Des dizaines de postes de gouverneur et de secrétaire d’Etat – le responsable chargé de superviser les élections dans chaque Etat – sont notamment en jeu.
Plus de 42 millions d’Américains ayant voté par anticipation pour les « midterms » – par correspondance ou en personne -, les résultats pourraient ne pas être connus avant plusieurs jours dans les Etats les plus disputés. La majorité au Sénat pourrait même être déterminée par l’issue d’un éventuel second tour en Géorgie le 6 décembre.
RISQUE DE PARALYSIE POUR BIDEN
Si les républicains contrôlent la Chambre des représentants, ils pourront empêcher les démocrates de mettre en oeuvre leur programme, notamment la protection du droit à l’avortement remis en cause en juin dernier par la Cour suprême et la lutte contre le changement climatique.
Ils pourraient aussi entamer un bras de fer avec Joe Biden sur le plafond de la dette, bloquer les enquêtes parlementaires visant Donald Trump et en lancer au contraire contre Joe Biden et sa famille.
Dans le même temps, les républicains comptent pérenniser les baisses d’impôts décidées par Donald Trump en 2017, en particulier celles consenties aux entreprises sur lesquelles les démocrates ont tenté sans succès de revenir depuis deux ans.
S’ils deviennent majoritaires au Sénat, les élus du « Grand Old Party » pourront aussi bloquer les nominations judiciaires de Joe Biden, y compris en cas de vacance à la Cour suprême, comme ils l’avaient fait à la fin du deuxième mandat de Barack Obama.
Le partage du pouvoir à Washington augmentera mécaniquement le poids de la Cour suprême, à majorité nettement conservatrice, celle-ci pouvant être appelée à trancher toutes les grandes questions sociétales, comme elle l’a fait sur le droit à l’avortement ou le port d’armes.
Si Joe Biden a multiplié les appels à la mobilisation pour « sauver la démocratie » ces derniers jours, certains candidats démocrates ont préféré prendre leurs distances avec le locataire de la Maison blanche, dont la cote de satisfaction est tombée sous 40% – un niveau similaire à celui de Trump.
La décision controversée de la Cour suprême de revenir sur l’arrêt Roe v. Wade, qui avait légalisé le droit à l’avortement en 1973, a un temps galvanisé les électeurs démocrates mais l’élan est passé et les instituts de sondage s’attendent désormais à ce que les républicains reprennent au moins une vingtaine de sièges à la Chambre, bien assez pour y obtenir la majorité.
Comme souvent, ce sont les préoccupations économiques qui vont décider de l’issue du scrutin et malgré un marché de l’emploi au beau fixe, Joe Biden n’a pas réussi à juguler l’inflation ni convaincre les Américains que sa politique de dépenses publiques n’était pas en partie responsable d’une hausse des prix jamais vue depuis quarante ans.
(Reportage de Joseph Ax, version française Tangi Salaün, édité par Bertrand Boucey)
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