Le Maire plaide pour une « réinitialisation » des liens entre Paris et Berlin
PARIS (Reuters) – Les relations entre la France et l’Allemagne, déstabilisées par la guerre en Ukraine et la crise énergétique, doivent faire l’objet d’un « reset » (réinitialisation) afin de former une alliance plus solide entre les deux premières économies de la zone euro, a estimé jeudi le ministre français de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire.
« La guerre en Ukraine, la question du gaz et l’énergie, et la question chinoise, doi(ven)t nous amener à une redéfinition stratégique des relations entre la France et l’Allemagne », a jugé Bruno Le Maire, germanophone et germanophile convaincu, lors d’un débat économique organisé par le cabinet de juristes d’affaires ARC jeudi à Paris.
Le ministre, qui a évoqué des relations actuellement « difficiles » entre les deux pays, a jugé nécessaire de « fai(re) un ‘reset’ sur un certain nombre de points », ce qui permettrait de « créer une alliance nouvelle, peut-être encore plus forte.
Généralement moteur des initiatives politiques à l’échelle européenne, le couple franco-allemand a été mis à l’épreuve ces derniers mois par une série de divergences d’approche et un nouveau cap a été franchi mercredi avec un nouveau report du conseil des ministres conjoint franco-allemand prévu la semaine prochaine.
Pour Bruno Le Maire, les tensions ont notamment été alimentées par le fait que la guerre en Ukraine a incité l’Allemagne à se tourner vers les Etats-Unis, alors que la France a préféré défendre la « souveraineté européenne ».
L’arrêt des livraisons de gaz russe à l’Europe a également remis en question le modèle énergétique de l’Allemagne en soulignant sa dépendance, tandis que la France donnait un nouvel élan à son programme nucléaire, a-t-il poursuivi.
Enfin, l’Allemagne est pénalisée par le ralentissement économique de la Chine, qui pèse sur ses exportations industrielles, a souligné Bruno Le Maire.
Plusieurs responsables français n’ont pas caché leur agacement ces dernières semaines face à des initiatives allemandes qualifiées d' »unilatérales », comme la mise en place d’un bouclier tarifaire de 200 milliards d’euros pour faire face à la flambée des prix de l’énergie ou encore la création d’un bouclier antimissile avec d’autres pays européens.
L’opposition française à la relance du projet – abandonné en 2019 – de gazoduc MidCat (Midi-Catalogne) destiné notamment à permettre la distribution du gaz algérien via les Pyrénées a également été mal perçue outre-Rhin.
(Reportage Leigh Thomas, version française Myriam Rivet, édité par)