Le gouvernement italien fragilisé par le résultat des municipales
par Crispian Balmer et Angelo Amante
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ROME (Reuters) – Le parti d’extrême droite Fratelli d’Italia a réclamé la démission du gouvernement italien après son bon score aux élections municipales et le désaveu infligé aux membres de la coalition au pouvoir.
Seul parti de l’alliance de droite qu’il forme avec Forza Italia et la Ligue à avoir refusé l’an dernier d’intégrer le gouvernement d’union nationale de Mario Draghi, Fratelli d’Italia a tiré avantage de sa liberté de parole dans les urnes, passant de 4,4% des voix lors des dernières législatives, en 2018, à 22% d’intentions de vote aujourd’hui au niveau national.
Dimanche, lors des élections municipales dans un millier de villes, le parti dirigé par Giorgia Meloni a nettement devancé ses alliés de droite.
A l’inverse, les nationalistes de la Ligue et les populistes du Mouvement Cinq-Etoiles (M5S), qui soutiennent le gouvernement, ont subi de lourds échecs qui illustrent la difficulté de la normalisation pour les partis radicaux.
« Nous avons un gouvernement qui doit faire des choix importants, qui va décider du destin du peuple, et qui est soutenu par une majorité (parlementaire) qui ne représente presque plus personne », a déclaré Giorgia Meloni. « Nous ne pouvons pas faire comme si rien ne s’était passé. »
Fratelli d’Italia a notamment devancé la Ligue de Matteo Salvini dans beaucoup de ses bastions du nord de l’Italie, fragilisant le bouillant dirigeant nationaliste qui a reconnu avoir bien du mal à justifier auprès de ses électeurs le fait de partager le pouvoir avec ses adversaires historiques du Parti démocrate (PD, centre-gauche).
PERSONNE NE VEUT D’ÉLECTIONS ANTICIPÉES
« Il faut avoir le sens des responsabilités pour gouverner… même s’il est difficile de participer à un gouvernement avec le PD », a commenté Matteo Salvini mardi.
La déroute électorale a été encore plus spectaculaire pour le M5S, passé de 33% des voix en 2018 à moins de 5% dans de nombreuses villes.
Le parti populiste n’a jamais brillé lors des élections municipales mais son score est particulièrement alarmant, comme l’a reconnu son dirigeant Giuseppe Conte, qui s’est néanmoins dit déterminé dans une interview accordée à La Stampa à rester au sein de la coalition gouvernementale.
Même si la Ligue et le M5S continuent à soutenir Mario Draghi, l’analyste politique Massimiliano Panarari s’attend à ce qu’ils lui mènent la vie dure en défendant vigoureusement leurs idées pour rassurer les électeurs en vue des prochains scrutins nationaux.
« Nous allons vers une période d’instabilité accrue », estime ce professeur de communication politique à l’université Unimercatorum de Rome.
« La seule planche de salut (pour le gouvernement) est qu’aucun de ces deux dirigeants ne veut d’élections anticipées parce qu’ils seraient assurés de la défaite », souligne-t-il.
Les prochaines élections législatives en Italie sont prévues en 2023.
(Reportage de Crispian Balmer et Angelo Amante, version française Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)
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