Dix ans après Fukushima, le Japon rend hommage à ses victimes
par Eimi Yamamitsu
Débat sur la fin de vie. Réagissez à l'interview du député Olivier Falorni au +33 0769138397 ou par email à l'adresse [email protected]
IWAKI, Japon (Reuters) – Un instant de silence, des prières et des manifestations antinucléaire ont jalonné la journée du souvenir organisée jeudi, dix ans après la catastrophe de Fukushima qui a fait près de 20.000 morts et d’immenses dégâts environnementaux.
Dans l’après-midi du 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9,0 a provoqué un immense tsunami qui a ravagé les côtes nord-est de la principale île du Japon et détruit la centrale nucléaire de Fukushima dont les réacteurs sont entrés en fusion, conduisant plus de 160.000 à fuir pour échapper aux radiations.
A 14h46, l’heure exacte du séisme, l’empereur Naruhito et son épouse ont présidé à Tokyo une cérémonie en hommage aux morts tandis que d’autres étaient organisées partout sur l’archipel.
Dix ans après le pire désastre nucléaire enregistré dans le monde depuis celui de Tchernobyl en 1986, certains survivants n’ont toujours pas achevé leur deuil.
« Je voudrais dire à ma mère que mes enfants, qui étaient très proches d’elle, vont bien. Je suis venu ici pour la remercier », explique Atsushi Niizuma dont la mère a été emportée par les vagues.
Avant de prendre le chemin de son restaurant, il s’est incliné devant une stèle tournée vers la mer et qui porte les noms de sa mère, Mitsuko, et de 65 autres disparus.
Dans les jours qui ont suivi le séisme, Mistuko s’occupait de ses enfants. S’ils sont parvenus à s’abriter dans sa voiture, la grand-mère a été happée par les vagues alors qu’elle regagnait son domicile pour récupérer quelques effets. Il a fallu un mois pour retrouver son corps, a expliqué Atsushi Niizuma.
Le gouvernement japonais a dépensé près de 300 milliards de dollars (250 milliards d’euros) pour reconstruire la région mais les zones situées autour de Fukushima restent interdites d’accès, le niveau de radiation y demeurant exceptionnellement élevé, et le démantèlement de la centrale nucléaire prendra encore des dizaines d’années.
Cette catastrophe a relancé au Japon le débat sur l’importance du nucléaire dans un pays pauvre en ressources énergétiques et qui ambitionne d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Selon un sondage organisé la NHK, la chaîne de télévision publique, 85% de la population reste préoccupée par l’emploi de l’énergie atomique.
Si les immenses manifestations qui ont suivi la catastrophe ont perdu de leur élan, la méfiance demeure et plusieurs rassemblements sont prévus jeudi soir devant le siège de Tepco, l’exploitant de la centrale.
Depuis la catastrophe, seuls neuf réacteurs sur 33 ont été autorisés à redémarrer au Japon et seulement quatre fonctionnent, contre 54 avant le 11 mars 2011.
Au premier semestre 2020, l’énergie nucléaire produisait 6% de l’électricité consommée au Japon, contre 23,1% pour les énergies renouvelables et près de 70% pour l’énergie fossile.
(version française Nicolas Delame, édité par Jean-Stéphane Brosse)
Vous aimez nos publications ? Engagez-vous !
Les systèmes politiques et médiatiques ont besoin que s'exercent des contre-pouvoirs. Une majorité de journaux, télévisions et radios appartiennent à quelques milliardaires ou à des multinationales très puissantes souhaitant faire du profit, privant les citoyens d’un droit fondamental : avoir accès à une information libre de tout conflit d’intérêt.Le Journal Chrétien, service de presse en ligne bénéficiant d’un agrément de la Commission paritaire des publications et agences de presse du Ministère de la Culture, assure un contre-pouvoir à l’ensemble des acteurs sociaux, en vérifiant les discours officiels, en décryptant l'actualité, en révélant des informations de première importance ou en portant le témoignage des dominés.