JO: Varsovie accorde un visa humanitaire à l’athlète biélorusse Kristsina Tsimanouskaïa
L’athlète biélorusse Kristsina Tsimanouskaïa, qui a manqué dimanche d’être rapatriée de force dans son pays après avoir émis des critiques à l’encontre de ses entraîneurs aux Jeux olympiques de Tokyo, s’est réfugiée lundi dans l’enceinte de l’ambassade polonaise au Japon et devrait rejoindre la Pologne mercredi, dotée d’un « visa humanitaire ».
Le vice-ministre polonais des Affaires étrangères, Marcin Przydacz, a déclaré à Reuters que la sprinteuse âgée de 24 ans, qui aurait dû prendre le départ du 200 mètres lundi, « prévoyait de gagner la Pologne dans les jours à venir ».
La Fondation de solidarité sportive biélorusse, créée en août dernier dans la foulée des manifestations contre la réélection contestée du président Alexandre Loukachenko, a déclaré par la suite que l’athlète prendrait mercredi un vol direct pour Varsovie.
« Elle a accepté la proposition du ministère polonais des Affaires étrangères et elle a reçu aujourd’hui un visa. Nous, à la fondation, l’avons aidée à se procurer un billet pour Varsovie », a dit à Reuters le président de la fondation, Alexandre Opeykine.
L’Union européenne a salué la décision de la Pologne et dénoncé, dans la tentative de rapatriement forcé de l’athlète, une nouvelle preuve de la « répression brutale » du président Loukachenko.
Kristsina Tsimanouskaïa est arrivée lundi à 17h00 heure locale (08h00 GMT) à l’ambassade de Pologne dans la capitale japonaise, à bord d’un monospace gris.
Tandis qu’elle pénétrait dans l’enceinte diplomatique en portant ses bagages estampillés aux couleurs de la délégation biélorusse a Tokyo, une femme a brandi le drapeau blanc et rouge de l’opposition biélorusse aux portes de l’ambassade.
Selon une source du ministère ukrainien de l’Intérieur et un opposant biélorusse basé en Pologne, l’époux de Kristsina Tsimanouskaïa, Arseni Zhdanevich, se trouve en Ukraine et va la rejoindre en Pologne.
Cette amorce d’incident diplomatique en marge des Jeux olympiques, initialement rapporté par Reuters, a de nouveau mis en lumière la situation politique en Biélorussie, après le détournement vers Minsk fin mai d’un avion commercial qui transportait un opposant biélorusse, sur ordre du président Alexandre Loukachenko.
Les vastes manifestations organisées pour contester sa réélection jugée frauduleuse le 9 août 2020 ont été sévèrement réprimées, et la plupart des chefs de file de l’opposition sont emprisonnés ou ont été contraints à l’exil.
Selon un opposant biélorusse, des fonctionnaires biélorusses sont allés voir la mère de Kristina Tsimanouskaïa en accusant cette dernière d’être une espionne au service des pays occidentaux.
(Reportage Gabrielle Tetrault-Farber et Antoni Slodkowski, avec la contribution de Karolos Grohmann, Ilya Zhegulev, Margaryta Chornokondtratenko et Chang-Ran Kim, avec la contribution d’Alan Charlish à Varsovie; version française Myriam Rivet et Jean-Stéphane Brosse, édité par Nicolas Delame)