Vrais et faux prophètes
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Les « prophètes » sont célèbres dans les églises évangéliques pentecôtistes. Les chrétiens sont particulièrement attirés par ce ministère. Il devient donc urgent de donner des enseignements susceptibles d’aider les chrétiens à discerner le vrai du faux.
Qu’est-ce qu’un prophète?
Le mot prophète vient du grec prophètes, de pro (avant ou devant), et phêmi (dire). «Prophète»peut donc désigner, soit celui qui dit avant, dans le sens de prédire, soit celui qui dit devant, c’est-à-dire, qui déclare hautement et publiquement, dans le sens de professer. Dans les deux cas, prophétie ou profession remontent à la racine pha =briller.
Un prophète est d’abord un porte-parole de Dieu, celui par lequel le Seigneur transmet sa volonté, celui qui, extatique ou non, explique les oracles, qui interprète une doctrine ou qui possède un don de seconde vue et qui annonce l’avenir.
Le prophète est proprement l’annonciateur et le voyant. Telles sont bien les qualités reconnues à la catégorie d’hommes que l’Ancien Testament appelle rôèh =voyant, ou nâbî, mot d’origine incertaine et peut-être non sémitique par lequel on désignait en Israël le porte-parole de Dieu, l’homme de Dieu (1 Samuel 2:27 ; 9:6, 1 Rois 12:22, 2 Rois 4:21,25), le gardien ou la sentinelle (Esaïe 21, Jérémie 6:17, Ezekiel 3:17 ; 33:7, Michée 7:4, Habakuk 2:1, Esaïe 52:8 ; 56:10 ; 62:6), le serviteur de Dieu (Esaïe 20:3, Jérémie 25:4 ; 26:5 ; 29:9, Esaïe 44:26 etc.), le messager de Dieu (Esaïe 42:19, Agée 1:13, Malachie 3:1).
Dans le livre de l’Exode, une manière de parler étonnante révèle bien la nature de la fonction prophétique. Dieu déclare à Moïse qu’il sera comme Dieu pour le pharaon et qu’Aaron sera son prophète (Exode 7 :1). Ceci est expliqué ensuite : Moïse parlera (de la part de Dieu) et Aaron retransmettra ses paroles au pharaon (Exode 7 :2). Qu’Aaron soit prophète de Moïse signifie donc qu’il lui servira de porte-parole.
Un autre texte, parallèle à celui d’Exode 7, décrit le rôle d’Aaron vis-à-vis de Moïse : « Tu lui parleras et tu mettras les paroles dans sa bouche… Lui parlera pour toi au peuple, il sera ta bouche et tu seras son Dieu »(Exode 4 :15-16). En tant que prophète de Moïse, qui tient ici aussi pour lui la place de Dieu, Aaron devra transmettre au peuple les paroles de Moïse. Il ressort à nouveau que le prophète est celui qui communique les paroles dont Dieu l’a chargé, les paroles même de Dieu.
Le prophète apparaît encore ailleurs comme quelqu’un qui a les paroles de Dieu dans sa bouche (Deutéronome 18 :18 ; Jérémie 1 :9), autrement dit, comme quelqu’un qui énonce les paroles même de Dieu ; le prophète dit les paroles du Seigneur en son nom (Deutéronome 18 :19).
L’usage du verbe « prophétiser » dans le livre d’Amos révèle aussi son sens : le prêtre Amatsia enjoint Amos de cesser de prophétiser et celui-ci répond que c’est le Seigneur qui l’a envoyé prophétiser en Israël (Amos 7 :13-15). Ce verbe désigne donc l’activité à laquelle se livre Amos dans ce pays, la proclamation d’un message de la part de Dieu. De même, Ézéchiel reçoit l’ordre de « prophétiser » sur des ossements desséchés et la suite montre qu’il s’agit d’adresser à ces ossements une parole que Dieu lui communique (Ezekiel 37 :4).
Le prophète est donc bien un porte-parole de Dieu, un héraut de Dieu, pourrait-on dire encore.
A côté du nâbî, l’Ancien Testament parle aussi de la nebîâh, la prophétesse. A part Débora (Juges 4 :4), nous ne trouvons dans l’Ancien Testament que Marie, sœur de Moïse (Exode 15 :20), et Hulda, contemporaine du roi Josias (2 Rois 22 :14), qui soient appelées prophétesses. Pour Marie, Nombres 12 :6 prouve que son titre ne lui venait pas de ce qu’elle eût le don de prophétie ; peut-être devait-elle ce qualificatif au fait qu’elle était la sœur du prophète, tout comme la femme d’Ésaïe est appelée « la prophétesse » en tant qu’épouse d’un prophète (Esaïe 8 :3). Quant à Hulda, femme d’un fonctionnaire de Jérusalem, elle apparaît bien avec les caractères d’une envoyée de l’Éternel (2 Rois 22 :15-20). Le texte hébreu nous signale encore en Noadia (Néhémie 6 :14) une femme qui appartenait au clan des faux prophètes.
Le prophète dans le Nouveau Testament
Le prophétisme, dont la voix s’était tue au cours des siècles qui précédèrent immédiatement la naissance de Jésus-Christ, se réveille à cette époque, mais sans se manifester au premier siècle de notre ère avec autant d’envergure que sous l’ancienne alliance.
Le rôle du prophétisme dans la nouvelle alliance apparaît en effet nettement comme un rôle de second plan. Il n’est d’ailleurs rien là qui doive surprendre, la venue de Jésus-Christ étant l’aboutissement normal du prophétisme des siècles passés, ou plus exactement encore, pour employer l’expression même de Jésus : « l’accomplissement de la loi et des prophètes » (Matthieu 5 :17).
Avant la pentecôte, le premier qui soit mentionné est Zacharie, père de Jean-Baptiste (Luc 1 :67). Le second, Siméon, n’est pas littéralement désigné comme prophète, mais les termes par lesquels il est présenté dans l’Évangile permettent de le noter au rang des prophètes de cette période (Luc 2 :25). Puis, c’est Anne, fille de Phanuel (Luc 2 :36). On pourrait désigner ces trois personnages sous le nom de « prophètes de la nativité », étant donné que nous ne les connaissons que par le rôle qu’ils ont joué au moment de la naissance de Jésus.
Il va sans dire que le prophète contemporain de Jésus, c’est Jean-Baptiste. C’est lui qui, de tous les prophètes dont parle le Nouveau Testament.
Après la pentecôte, la première prédication publique de Pierre à Jérusalem présente l’événement de la Pentecôte comme la réalisation de la parole de Joël : « Vos fils et vos filles prophétiseront » (Actes 2 :17 ; Joël 2 :28). Cette date paraît ainsi comme le point de départ d’une nouvelle phase du prophétisme.
Cette pensée est confirmée dans un autre discours de Pierre : (Actes 3 :25) « Vous êtes les fils des prophètes et de l’alliance que Dieu a traitée avec nos pères… »
Chaque communauté importante comptait un certain nombre de prophètes : Jérusalem en possédait un dont le rôle ne dut sans doute pas être effacé, puisque son nom, Agabus, est rapporté deux fois (Actes 11 :28 ; 21 :10), et les deux fois il est question de lui comme d’un « voyant » de l’ancienne alliance. Antioche de Syrie avait également les siens (Actes 13 :1). « Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes » (Actes 15 :32), furent chargés par les frères de Jérusalem d’une mission spéciale auprès de l’Église d’Antioche. A Éphèse, certains reçurent le don de prophétiser, après que Paul leur eut imposé les mains (Actes 19 :6). A Césarée, l’évangéliste Philippe avait « quatre filles qui prophétisaient » (Actes 21 :8,10).
En plus du ministère de prophète, le Nouveau Testament parle aussi du don de prophétie. Paul donne à ce don la définition suivante : « Celui qui prophétise parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les console » (1 Corinthiens 14 :3). Il fait encore allusion à ce « don » dans Romains 12 :6, 1 Corinthiens 11 :4 ; 12 :10,28 ; 13 :2-8 ; 14 :1…, Ephésiens 2 :20 ; 3 :5 ; 4 :11, 1 Thessaloniciens 5 :20, 1 Timothée 1 :18 ; 4 :14, Tite 1 :12.
Discerner le vrai du faux
L’Ancien Testament connaît beaucoup de faux prophètes. Ils sont souvent entrés en conflit avec les authentiques prophètes du Seigneur. Certains s’exprimaient au nom d’idoles, comme les prophètes de Baal du temps d’Élie. D’autres apportaient de fausses prophéties au nom du Seigneur, comme ceux que dénoncent Michée, Jérémie ou Ézéchiel en particulier.
Lorsqu’un prophète s’exprimait au nom du Seigneur, il fallait donc déterminer d’une manière ou d’une autre s’il était un prophète authentique. Ou encore, il pouvait y avoir plusieurs prophètes apportant des messages contradictoires et prétendant tous parler de la part du Seigneur, comme à l’époque de Michée, de Jérémie ou d’Ézéchiel. Le Deutéronome fournissait déjà deux critères. Les textes nés de conflits entre vrais et faux prophètes, en particulier chez Jérémie, permettent de dégager un certain nombre de caractéristiques qui distinguent vrais et faux prophètes les uns des autres.
L’accord de la prophétie avec la Parole de Dieu
« S’il s’élève au milieu de toi un prophète ou un songeur qui t’annonce un signe ou un prodige, et qu’il y ait accomplissement du signe ou du prodige dont il t’a parlé en disant: Allons après d’autres dieux, -des dieux que tu ne connais point, et servons-les! tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète ou de ce songeur, car c’est l’Éternel, votre Dieu, qui vous met à l’épreuve pour savoir si vous aimez l’Éternel, votre Dieu, de tout votre cœur et de toute votre âme. Vous irez après l’Éternel, votre Dieu, et vous le craindrez ; vous observerez ses commandements, vous obéirez à sa voix, vous le servirez, et vous vous attacherez à lui. Ce prophète ou ce songeur sera puni de mort, car il a parlé de révolte contre l’Éternel, votre Dieu, qui vous a fait sortir du pays d’Égypte et vous a délivrés de la maison de servitude, et il a voulu te détourner de la voie dans laquelle l’Éternel, ton Dieu, t’a ordonné de marcher. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi. » (Deutéronome 13:1-5)
Le premier critère est celui de l’accord de la prophétie avec la Parole de Dieu antérieurement révélée. Si un prophète entraîne le peuple à la désobéissance à la Loi du Seigneur, il ne peut être qu’un faux prophète, même s’il accomplit des miracles. Dans sa confrontation avec Hanania, Jérémie exprime des doutes quant à l’authenticité de l’oracle de ce dernier, parce que ses paroles ne s’accordent pas avec celles des prophètes qui ont précédé (Jérémie 28 :8). En une autre occasion, les défenseurs de Jérémie ont fait valoir le même critère pour le justifier (Jérémie 26 :18).
L’accomplissement de la prophétie
» Peut-être diras-tu dans ton cœur : Comment connaîtrons-nous la parole que l’Éternel n’aura point dite ? Quand ce que dira le prophète n’aura pas lieu et n’arrivera pas, ce sera une parole que l’Éternel n’aura point dite. C’est par audace que le prophète l’aura dite : n’aie pas peur de lui. » (Deutéronome 18 :22).
Le second critère deutéronomique est celui de l’accomplissement des prophéties. Ce critère est aussi invoqué par Michée, fils de Yimla (1 Rois 22 :28) et par Jérémie lors de sa confrontation avec Hanania (Jérémie 28 :9). Et il fonctionne bien. En effet, dans le second cas, Jérémie reçoit peu après un oracle du Seigneur qui va en sens inverse de la prophétie de Hanania et qui annonce le décès du faux prophète dans l’année. Ceci se réalise deux mois plus tard (Jérémie 28 :16).
Une dizaine d’années plus tard, les prophéties de Jérémie prédisant la ruine de Jérusalem se sont elles aussi accomplies. Mais il n’a pas été nécessaire d’attendre si longtemps pour savoir qui, de Hanania ou de Jérémie parlait de la part du Seigneur : le Seigneur avait veillé lui-même à authentifier rapidement le ministère de Jérémie en provoquant la mort annoncée du faux prophète.
Les faux prophètes sont bien sûr accusés d’apporter des oracles de leur propre crû (Jérémie 23 :18, 22, 25-28, 30-32) ou, parfois, d’édulcorer des révélations reçues. Ainsi, le châtiment annoncé par Michée pour les faux prophètes consiste dans le fait qu’ils ne recevront plus de révélations (Michée 3 :6), ce qui suggère qu’ils avaient pu en recevoir.
Les faux prophètes chatouillent les oreilles des auditeurs
Les faux prophètes se caractérisent par le fait qu’ils chatouillent les oreilles de leurs auditeurs de propos agréables à entendre, leur faisant croire que tout ira bien pour eux sans qu’ils aient à changer de conduite pour revenir au Seigneur (Jérémie 23 :17).
Le vrai prophète, au contraire, a le courage de dénoncer les fautes du peuple et de l’appeler à la repentance, et il annonce le jugement lorsque le peuple ne se repent pas (Michée 3 :8; Jérémie 23:22).
Dans la mesure où les vrais prophètes fondaient leur prédication sur la Loi de l’alliance en l’appliquant à la situation de leurs auditeurs, quiconque voulait faire preuve d’honnêteté pouvait contrôler, avec un peu de bon sens, la fidélité des prophéties à la loi mosaïque.
Les faux prophètes prophétisent pour de l’argent. Ils sont de bon augure à qui les paie grassement, et de mauvais augure à qui a peu de moyens (Michée 3 :5). Certes, les vrais prophètes recevaient parfois des cadeaux de ceux qui venaient les consulter (1 Samuel 9 :7). Et les faux prophètes sont parfois fort habiles : tout en paraissant désintéressés, ils peuvent attirer les gratifications de leurs clients. Mais le critère fonctionne néanmoins lorsque les mobiles sont apparents, et ils finissent souvent par le devenir, tôt ou tard.
Les vrais prophètes sont persécutés
D’autre part, les vrais prophètes, parce qu’ils allaient à contre-courant, ont souvent été persécutés. Qu’ils paient ainsi de leur personne constituait certainement un gage convaincant de leur sincérité.
Le comportement des prophètes dans leur vie quotidienne sert aussi de test. Jérémie accuse les faux prophètes d’entraîner le peuple à la désobéissance au Seigneur, non seulement par leurs oracles, mais par leur mauvais exemple : il les accuse de fautes diverses, par exemple d’adultère (Jérémie 23 :11, 14).
Ces critères ont été taxés de difficilement maniables. Il est vrai que, pris de manière isolée, ils ne permettent souvent pas de déterminer si un prophète est authentiquement mandaté par le Seigneur. Mais ils sont plus efficaces lorsqu’on les fait jouer ensemble, quoiqu’ils ne permettent le plus souvent pas de faire l’économie du discernement. Parfois, c’est au bout d’un certain temps que le faux prophète se révèle comme tel.
En particulier, le critère de l’accomplissement ne permet pas une évaluation immédiate. Mais il est frappant de constater que le discernement a eu lieu dans le cours de l’histoire. Ainsi, le roi Josaphat a su discerner que les prophètes consultés par son homologue Achab n’étaient pas d’authentiques prophètes de Yahvé (1 Rois 22 :4-8).
Un siècle après le ministère de Michée, les oracles contenus dans son livre étaient reconnus comme parole du Seigneur, et en particulier l’oracle peu populaire annonçant la ruine de Jérusalem et du Temple (Jérémie 26:18 citant Michée 3:12). De leur vivant, Jérémie et Ézéchiel ont été reconnus comme des prophètes authentiques, à tel point que même des gens peu disposés à les écouter accordaient du poids à leurs oracles et les consultaient (Jérémie 42 ; Ézékiel 14; c’était en particulier le cas du roi Sédécias: Jérémie 21; 37; 38:14).
À tout cela, il faut ajouter que le Seigneur sait faire reconnaître sa Parole comme telle. D’une part, tôt ou tard, il fait jaillir la lumière et fait taire les faux prophètes (Jérémie 28 :15-17). De l’autre, le Saint-Esprit qui inspire les prophètes agit encore sur les auditeurs pour que la Parole divine soit reconnue par les fidèles du Seigneur, et souvent même par ses adversaires. C’est là un présupposé de la foi, fondé sur l’Écriture, ce que Calvin appelait le témoignage intérieur du Saint-Esprit. Cette œuvre subjective de l’Esprit n’est cependant pas un phénomène purement subjectif, car le Saint-Esprit se sert des critères objectifs énoncés ci-dessus pour faire reconnaître la Parole de Dieu comme telle.
Plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde
« Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits, pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. » (1 Jean 4 :1)
L’existence de tels faux prophètes était connue depuis longtemps par le peuple d’Israël ; ils se sont manifestés également dans l’Église (1 Corinthiens 12 :1-3). Il semble que l’avertissement de Jean ait été motivé par la présence de puissants pouvoirs spirituels utilisant certains hommes qui se disaient des porte-parole de Dieu.
Dans différentes périodes de l’histoire de l’Église, certains individus ont prétendu posséder des pouvoirs surnaturels qui se traduisaient par de prétendues révélations, des prophéties, des miracles et autres prodiges semblables. Même s’ils sont réels, cela ne signifie pas nécessairement qu’ils viennent de Dieu. C’est une grave erreur d’identifier tout ce qui est surnaturel comme étant divin.
Le mot « esprits » doit signifier ici soit « une déclaration faite par un esprit », soit « une personne inspirée par un esprit ». Dans ce dernier cas, il s’agit peut-être de l’esprit personnel d’un prophète qui peut être inspiré soit par Dieu, soit par Satan. Puisque tel est le cas, les membres de l’Église ne doivent pas ajouter foi à ce qui est dit par ces personnes sans avoir préalablement éprouvé les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu.
Il y a un réel danger d’être séduit puisque beaucoup de faux prophètes se sont répandus à travers le monde. Jésus avait déjà prévenu contre de tels prophètes, en indiquant que les faux prophètes « feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s’il était possible, même les élus. » (Matthieu 24 :24 ; voir aussi Matthieu 7:15 ; Marc 13:22) ; Jean les considérait comme des manifestations de l’Antichrist (1 Jean 2:18). Ils sont partis comme des missionnaires chrétiens (2 Jean 7) afin de gagner des convertis pour leur cause.
Éprouver les esprits
Nous sommes tous impressionnés par ce qui est nouveau ou inhabituel, et il est tentant d’attribuer tous ces phénomènes à la puissance de Dieu. Mais Jean nous avertit très spécifiquement de ne pas croire tout ce qui nous est dit, mais d’en discerner l’origine. Les miracles ne sont pas une preuve de l’origine divine : les magiciens de l’Égypte pouvaient aussi imiter les actions miraculeuses de Dieu accomplies par Moïse (Exode 7 :22 ; 8.3, mais voir Exode 8 :18-19). Simon le magicien a tenu pendant longtemps les foules en haleine par ses prodiges (Actes 8 :11).
Le verbe traduit par « éprouver » ou « mettre à l’épreuve » est employé dans Romains 12 :2 pour discerner la volonté de Dieu ; dans 1 Corinthiens 3 :13 : toute œuvre sera éprouvée au jour du Christ ; dans 1 Thessaloniciens 2 :4, Dieu sonde les cœurs et dans 1 Thessaloniciens 5 :21, dans un contexte assez semblable : « Examinez toutes choses » (en parlant de prophéties). Le but de cet examen est d’établir si ces « esprits viennent de Dieu ».
Tous les croyants sont appelés à « examiner » (dokimazete) les esprits. Paul emploie le même verbe dans 1 Thessaloniciens 5 :21 lorsqu’il demande : « Examinez toutes choses, retenez ce qui est bon ». C’est la seule fois où Jean l’utilise dans ses écrits. C’est celui qui était employé pour examiner l’authenticité d’une pièce de monnaie, voir si elle avait le bon poids. Le but de cette mise à l’épreuve est de déterminer si les esprits « sont de Dieu » ou si ce sont de mauvais esprits qui inspirent les faux prophètes.
Déjà dans l’Ancien Testament, Moïse avait donné au peuple des critères pour éprouver quelqu’un qui se disait prophète (Deutéronome 18 :20-22) : ses paroles devaient concorder avec ce que Dieu avait dit précédemment, il devait parler au nom de l’Éternel et ce qu’il prédisait devait arriver. (Voir aussi Deutéronome 13 :1-5 ; Jérémie 23 :9-22 ; 28 :9).
Comment tester une prophétie ?
Deutéronome 18 :21-22 nous dit qu’une prophétie vraie s’accomplit ; mais ce test ne peut pas être appliqué au moment où la prophétie est émise. Deutéronome 13 :1-5 teste la prophétie par son contenu : est-ce qu’elle encourage les gens à adorer le Seigneur et à lui obéir ? Chaque chrétien a la responsabilité d’appliquer le fil à plomb de l’Écriture à ce qui est dit de la part de Dieu (Actes 17:11).
Reconnaître l’Esprit de Dieu
« Reconnaissez à ceci l’Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu, c’est celui de l’antéchrist, dont vous avez appris la venue, et qui maintenant est déjà dans le monde. » (1 Jean 4 :2-3)
Puisque le ministère du Saint-Esprit consiste à rendre témoignage à Jésus-Christ et à l’exalter, la personne du Seigneur Jésus est la pierre de touche de la vérité ou de l’erreur (voir 1 Corinthiens 12 :3). Jean dirige son test vers l’hérésie gnostique de son temps qui niait l’incarnation. Ce n’est pas le seul test, mais c’est le plus critique. L’Esprit de Dieu glorifie toujours le Fils de Dieu (Jean 15 :26 ; 16 :13-15 ; 1 Corinthiens 12 :1-3).
« Confesser » signifie, en grec, exactement : « dire une chose conforme à la réalité ». Confesser n’est pas seulement reconnaître verbalement la vérité d’une déclaration, mais affirmer ouvertement et pleinement que ce message représente sa propre conviction et sa position. Le temps présent souligne la constance de cette déclaration. Cette confession est cruciale pour la foi chrétienne (Romains 10 :9-10 ; 1 Jean 2 :23 ; 4 :15).
Dans la terminologie de Jean, le verbe confesser ne signifie pas seulement être intellectuellement d’accord avec une proposition, mais s’engager existentiellement envers la personne ou la vérité que l’on confesse. Quelqu’un qui confesse Jésus-Christ comme Seigneur déclare avoir accepté la seigneurie du Christ sur sa vie.
Confesser Jésus-Christ venu en chair, c’est professer la foi au Christ historique comme Fils de Dieu, comme Parole de Dieu qui est devenue chair, qui a revêtu notre humanité d’une manière réelle et définitive. Quiconque s’écarte de la saine doctrine est donc passible du jugement prononcé dans ce passage.
Le premier test est donc centré sur ce que ces prophètes pensent de Jésus-Christ.
La question de l’incarnation était au cœur des conflits théologiques de l’Église primitive. Derrière la formule « venu en chair », Jean voit trois choses : que l’homme Jésus de Nazareth est vraiment la Parole de Dieu, que Jésus-Christ était et est aussi pleinement divin qu’il fut pleinement humain, et que Jésus est la seule source de la vie éternelle parce que lui seul nous révèle le Père et fait l’expiation de nos péchés. Tel est le cœur de l’Évangile apostolique.
Cette confession ne doit pas rester un simple credo intellectuel. Les démons aussi confessent l’incarnation du Fils de Dieu (Marc 1 :24 ; 3 :11 ; Actes 19 :15), mais ils ne reconnaissent pas sa souveraineté sur eux. Derrière un credo, il y a la Personne du Christ, à laquelle Jean demande que nous nous soumettions.
Le second test concerne les auditeurs (1 Jean 4:4-6): il n’est pas étonnant qu’ayant l’esprit du monde, les faux prophètes soient écoutés par le monde qui ne nous écoute pas. Les brebis du Seigneur reconnaissent sa voix (Jean 10 :4) : leur jugement corporatif est fiable. Lorsque l’Esprit de Dieu inspire un prophète, ceux qui appartiennent à Dieu discernent la vérité divine.
Paul (1 Thessaloniciens 5 :21) et Jean (Apocalypse 2 :2) demandent ailleurs aussi d’éprouver les esprits. Cet examen est d’ordre doctrinal. Mais « il y a une autre situation dans laquelle nous pouvons parfois ressentir le besoin d’éprouver les esprits.
Lorsqu’une personne agit d’une manière étrange, lorsqu’elle a perdu le contrôle d’elle-même, est-elle possédée par un démon ou simplement malade sur le plan mental ? L’un des tests oriente vers la première éventualité : lorsqu’elle réagit violemment contre le nom de Jésus ou qu’elle maudit Jésus de la manière que Paul évoque dans 1 Corinthiens 12 :3).