Mediobanca rejette l’offre de Monte dei Paschi jugée contraire à ses intérêts
MILAN (Reuters) – La banque italienne Mediobanca a rejeté mardi une offre de rachat de sa rivale Monte dei Paschi di Siena, estimant qu’un rapprochement serait préjudiciable à ses actionnaires en raison de l’absence de logique stratégique et financière.
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Monte dei Paschi (MPS) a lancé vendredi une offre de rachat surprise de 13,3 milliards d’euros sur Mediobanca, mais la valeur de son offre en titres a diminué en raison de la baisse de son cours de Bourse provoquée par le scepticisme des investisseurs à l’égard de la combinaison prévue.
L’action MPS était en baisse mardi de 1,3% à 12h53 GMT, après avoir perdu 2% lundi et 7% vendredi. Sur la base du ratio d’échange proposé, cela indique une valeur de 14,46 euros pour chaque action Mediobanca, qui s’échangeait mardi à 16,07 euros.
« Le conseil d’administration a estimé que l’offre est dépourvue de justification industrielle et financière et qu’elle est donc destructrice pour Mediobanca », a indiqué la banque italienne dans un communiqué mardi.
Mediobanca a précisé dans le communiqué que l’offre affaiblirait son modèle d’entreprise en détournant les clients et les banquiers de ses activités de banque d’investissement et de gestion de patrimoine.
MPS, sauvée de la faillite par l’Etat italien en 2017, est associée avec Mediobanca dans le crédit à la consommation. De son côté, Mediobanca tire plus d’un tiers de ses revenus de sa participation dans l’assureur Generali et a misé sur la gestion de fortune pour compléter ses activités de banque d’investissement.
La banque a aussi indiqué que l’opération se caractérisait par les importantes participations croisées de Delfin, société holding de feu Leonardo Del Vecchio, et de Francesco Gaetano Caltagirone, dans MPS, Mediobanca et Generali.
« La présence des mêmes actionnaires dans MPS, Mediobanca et Assicurazioni Generali, et dans le contexte d’une offre portant sur la totalité des actions, représente un désalignement potentiel des intérêts par rapport aux autres actionnaires », a estimé le groupe dans le communiqué.
Le conseil d’administration, qui ne donnera son avis officiel aux actionnaires que lorsque le prospectus de l’offre sera rendu public dans quelques mois, a également déclaré que le rapprochement nuirait aux bénéfices futurs de Mediobanca, étant donné que la baisse des taux d’intérêt devrait peser davantage sur MPS.
Ce rejet était attendu alors que l’administrateur délégué de Mediobanca, Alberto Nagel, avait fait savoir dans une lettre aux employés que l’offre n’avait pas fait l’objet d’un accord préalable.
L’opération a toutefois reçu le feu vert du gouvernement italien qui souhaite voir émerger une troisième force bancaire puissante pour concurrencer Intesa Sanpaolo et UniCredit.
(Rédigé par Gianluca Semeraro, Valentina Za, Keith Weir, version française Bertrand De Meyer, édité par Blandine Hénault)