Football-« Pas jeter de l’argent à fonds perdus » dans le Paris FC, dit Antoine Arnault
par Mimosa Spencer et Vincent Daheron
Orly, Val-de-Marne (Reuters) – Antoine Arnault a déclaré mercredi que le nouveau projet du Paris FC, avec lequel la holding de la famille Arnault, Agache, est entrée en négociations exclusives afin d’en acquérir une participation majoritaire, n’était pas de « jeter de l’argent à fonds perdus » et serait basé sur la formation.
« On va prendre les choses étape par étape », a dit à Reuters celui qui sera le futur représentant d’Agache au conseil d’administration du Paris FC, tout en exprimant son « rêve » de « jouer un jour contre Liverpool en Ligue des champions… et, qui sait, peut-être même de les battre. »
Agache, la holding du milliardaire français Bernard Arnault, propriétaire de LVMH, a annoncé en octobre avoir lancé des négociations exclusives pour devenir actionnaire majoritaire du Paris FC, avec l’appui de la société autrichienne Red Bull, qui gère plusieurs clubs de football dans le monde – dont le RB Leipzig, un habitué de la Ligue des champions.
« On sait ce qu’on sait faire mais on sait aussi ce qu’on ne sait pas faire », a dit plus tôt dans la journée Antoine Arnault lors d’une conférence de presse de présentation du projet. « On a une certaine compétence en termes d’organisation, de management, mais aucune en terme de management d’une équipe de football. Red Bull a une compétence très forte en termes de football. »
Celui qui est par ailleurs responsable de la communication et de l’image de LVMH a déclaré que l’objectif était de « grandir et s’améliorer, mais en faisant les choses graduellement (…), sans brûler les étapes ».
« On n’a pas l’habitude de gâcher notre argent. On va essayer de faire les choses avec, au départ, un investissement conséquent », a-t-il ajouté, sans en préciser le montant.
Plusieurs médias ont évoqué un investissement d’au moins 100 millions d’euros de la famille Arnault, avec la possibilité de porter le budget à 200 millions si le Paris FC accède à la Ligue 1. « Ce qu’on voit dans la presse n’est pas très loin de la réalité », a indiqué Antoine Arnault.
Agache détiendra 52% au moment du « closing », imminent selon l’actuel président du PFC, Pierre Ferracci, puis sera largement majoritaire d’ici trois ans (autour de 80%).
« UN TEMPS EXTRÊMEMENT LONG »
Antoine Arnault souhaite s’appuyer sur la formation de jeunes joueurs plutôt que de recruter immédiatement des joueurs renommés.
« Avec l’aide de Red Bull, ce sera au coeur de notre stratégie de construire, je l’espère, le meilleur centre de formation en France, à Paris et dans le bassin parisien », a-t-il dit. « La famille Arnault ne voit pas un horizon à deux, trois ans. On est là sur un temps extrêmement long. »
Fondé en 1969, le Paris FC est actuellement en tête du classement de Ligue 2 après 13 journées et espère monter en Ligue 1, championnat dans lequel il n’a plus évolué depuis la saison 1978-79.
« On n’est pas là pour tout changer et retourner la table », a assuré Antoine Arnault. « C’est un grand club de Ligue 2 et on va essayer d’en faire un très bon club de Ligue 1. »
Passionné de football et particulièrement du Paris Saint-Germain, Antoine Arnault a assuré qu’il ne voulait pas « forcer ou contraindre » les maisons du groupe LVMH à être partenaires du Paris FC. « Je me suis fixé une muraille de Chine unilatérale. Je n’irai pas demander aux maisons du groupe de devenir sponsors du Paris FC », a-t-il dit en conférence de presse.
Il a déclaré par ailleurs à Reuters qu’il s’agissait d’un projet mené avec ses frères et sa soeur. Ensemble, ils ont dû convaincre leur père Bernard, qui n’est pas un grand fan de football, a-t-il ajouté.
« Je pense qu’il a vu avec son oeil d’homme d’affaires le potentiel de valorisation autour de la marque Paris FC », a-t-il dit à propos de Bernard Arnault.
Par ailleurs, alors que le Paris FC a instauré la gratuité de ses rencontres masculines (Ligue 2) et féminines (Arkema Première Ligue, la première division) l’année dernière, Antoine Arnault a avoué réfléchir à maintenir ce dispositif.
« La gratuité a très bien fonctionné et on va la garder au moins jusqu’à la fin de la saison », a-t-il déclaré en conférence de presse. « En Ligue 1, c’est un peu plus délicat. L’objectif est d’avoir une partie de la tribune qui restera en gratuité, une autre à des prix très abordables, et on essaiera d’être plus corrosifs pour les hospitalités et pour les partenaires. »
(Reportage de Mimosa Spencer et Vincent Daheron, édité par Blandine Hénault et Jean Terzian)