Bruxelles invite les 28 à exclure de la 5G les entreprises « à haut risque »
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.La Commission européenne a publié mercredi ses directives sur le déploiement des futurs réseaux mobiles de cinquième génération (5G) en Europe, par lesquelles elle autorise les pays membres à exclure les équipementiers qu’ils jugeraient à « haut risque ».
Cette « boîte à outils », déjà approuvée par les Vingt-Huit, vise sans le nommer l’équipementier chinois Huawei, inscrit par les Etats-Unis sur la liste noire d’entreprises susceptibles de menacer la sécurité nationale.
L’exécutif européen invite chaque pays membre à évaluer le degré de risque des équipementiers et à les exclure ou les restreindre sur le marché de la 5G en fonction de leurs conclusions. Il leur conseille également de diversifier leurs fournisseurs.
Interrogé par Le Monde à propos de ces directives, le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, précise qu’un fournisseur à risque est par exemple, aux yeux de l’UE, « une société qui dépend fortement d’un Etat, ou qu’un Etat peut obliger à divulguer les données de ses clients ».
Washington accuse Huawei d’espionnage pour le compte de Pékin et exhorte ses alliés à ne pas se fournir auprès de lui pour construire leurs réseaux 5G. L’équipementier chinois rejette ces accusations.
Les pays membres de l’UE ont jusqu’au mois d’avril pour appliquer ces directives et jusqu’à juin pour faire un point sur leur mise en place.
« DES OUTILS POUR PROTÉGER »
« Nous fournissons aujourd’hui aux Etats membres de l’UE, aux opérateurs télécoms et aux utilisateurs les outils pour construire et protéger une infrastructure européenne avec les plus hautes normes de sécurité, afin que nous puissions tous bénéficier du potentiel que la 5G peut nous offrir », a déclaré Thierry Breton dans un communiqué de la Commission.
L’ancien PDG de France Telecom (ancien nom d’Orange) a estimé récemment que le recours à des entreprises européennes ne retarderait pas le déploiement de la 5G, contrairement aux craintes formulées, en Allemagne notamment, sur les conséquences d’une mise à l’écart de Huawei.
Le géant chinois est notamment concurrencé par le finlandais Nokia et le suédois Ericsson.
L’Union européenne espère que cette approche commune présentée mercredi permettra de lever en partie les fortes pressions exercées par l’administration américaine sur ce dossier.
En Allemagne, où le sujet divise au sein même du gouvernement allemand, Angela Merkel a demandé d’attendre le sommet européen de mars prochain pour prendre une décision, selon plusieurs sources.
En Grande-Bretagne, le gouvernement de Boris Johnson a annoncé dès mardi qu’il autoriserait Huawei à jouer un rôle limité dans le déploiement de la 5G.
En France, le PDG d’Orange, Stéphane Richard, s’est prononcé la semaine dernière contre l’exclusion de Huawei.