Un ancien soldat russe veut témoigner devant la CPI des crimes de guerre en Ukraine
par Stephanie van den Berg
LA HAYE (Reuters) – Un ancien soldat russe a demandé l’asile aux Pays-Bas et souhaite témoigner devant la Cour pénale internationale (CPI) au sujet de crimes de guerre commis par la Russie dont il aurait été témoin en Ukraine, a déclaré mardi à Reuters une source juridique néerlandaise.
L’homme, qui s’est présenté aux médias néerlandais comme Igor Salikov, 60 ans, a déclaré avoir été membre des forces soutenues par la Russie de la République populaire autoproclamée de Donetsk, dans l’est de l’Ukraine, depuis 2014, et avoir travaillé comme instructeur pour le groupe de mercenaires Wagner en Ukraine.
Reuters n’a pas pu vérifier indépendamment sa position au sein des forces séparatistes pro-russes ou du groupe Wagner.
Le principal procureur ukrainien chargé des crimes de guerre, Yourii Belousov, a déclaré à Reuters qu’Igor Salikov était déjà en contact avec les procureurs ukrainiens depuis plus de six mois et qu’il avait déposé son témoignage.
« Il a livré un témoignage important, dont une partie a déjà été confirmée, sur l’invasion du 24 février 2022. Il a fait état de certains crimes de guerre, sur lesquels nous enquêtons et dont certains ont déjà été confirmés », a déclaré Yourii Belousov à Reuters par texto.
La Russie a nié fermement avoir commis des atrocités ou pris pour cible des civils en Ukraine.
Dans une interview diffusée lundi, Igor Salikov a déclaré à la chaîne de télévision néerlandaise EenVandaag qu’il était prêt à coopérer pleinement avec la CPI et qu’il avait été personnellement témoin de « cruautés à l’encontre de civils ».
Le bureau du procureur de la CPI a confirmé mardi avoir reçu des informations de la part d’Igor Salikov, sans toutefois pouvoir donner plus de détails.
« Conformément à la confidentialité de ses activités (…), le bureau n’est pas en mesure de confirmer ou de nier si une personne est contactée en tant que témoin potentiel ou à tout autre titre », a déclaré un porte-parole dans un message.
La Cour, située dans la ville néerlandaise de La Haye, mène une enquête sur des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qui auraient été commis en Ukraine.
En mars, la Cour a délivré des mandats d’arrêt à l’encontre du président russe Vladimir Poutine et de la médiatrice responsable des enfants, Maria Lvova-Belova, pour des accusations de crimes de guerre liés à l’enlèvement d’enfants ukrainiens. Le Kremlin a réfuté ces allégations.
Selon le groupe de défense des droits de l’homme Gulagu.net, qui a publié un message sur Telegram, Igor Salikov n’a pas été reçu par la CPI après son arrivée aux Pays-Bas lundi, car le procureur et les juges n’étaient pas encore prêts à l’interroger.
« Ils ne s’y attendaient pas », a déclaré le groupe.
(Reportage Stephanie van den Berg, Charlotte Van Campenhout et Anthony Deutsch à Amsterdam et Filipp Lebedev à Tblisi ; version française Dagmarah Mackos, édité par Kate Entringer)