Trois otages israéliens libérés par le Hamas à Gaza
GAZA/JERUSALEM/LE CAIRE (Reuters) -Le Hamas a libéré samedi trois otages israéliens dont le mauvais état de santé apparent a choqué l’Etat hébreu, qui a de son côté commencé à libérer des dizaines de prisonniers palestiniens.
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Ohad Ben Ami et Eli Sharabi, capoturés dans le kibboutz Be’eri lors de l’attaque transfrontalière menée par le Hamas le 7 octobre 2023, et Or Levy, enlevé ce jour-là au festival de musique Nova, ont été remis à la Croix-Rouge à Deïr al-Balah, dans le centre de Gaza.
Maigres et visiblement affaiblis, les trois hommes semblaient en plus mauvais état de santé que les 18 otages précédemment libérés depuis la trêve conclue le mois dernier.
« Il ressemblait à un squelette, c’était horrible à voir », a déclaré Michal Cohen, la belle-mère d’Ohad Ben Ami, à la Treizième chaîne en découvrant les images.
Le Hamas a mis en scène cette libération en présentant les trois hommes sommés de répondre à des questions posées par un homme masqué tandis que des militants armés se tenaient de chaque côté.
Des dizaines de combattants armés du Hamas ont été déployés sur le site de Deïr al-Balah, où les otages ont été remis au Comité international de la Croix-Rouge qui les a acheminés vers les forces israéliennes à Gaza.
« Nous ne passerons pas sous silence les scènes choquantes que nous avons vues aujourd’hui », a prévenu Benjamin Nétanyahou dans un communiqué.
Le président palestinien, Isaac Herzog, a lui aussi fait part de sa colère. « Voilà à quoi ressemble un crime contre l’humanité », a-t-il dit.
Pour les familles des otages israéliens détenus à Gaza depuis plus d’un an, l’attente fut éprouvante.
Et pour certains otages, le retour est particulièrement douloureux : l’épouse d’origine britannique et les deux filles adolescentes d’Eli Sharabi ont été tuées lors de l’attaque du Hamas contre le kibboutz Beeri, où un habitant sur dix a été tué.
En échange de cette triple libération, Israël a commencé à libérer 183 prisonniers palestiniens dont certains ont été condamnés pour des attentats ayant fait des dizaines de morts.
Parmi eux se trouve Eyad Abou Shkaidem, condamné à 18 peines de prison à perpétuité en Israël pour avoir orchestré des attentats-suicides en réponse à l’assassinat par Israël en 2004 des anciens chefs du Hamas, Cheikh Ahmed Yassin et Abdel-Aziz al-Rantissi.
A Ramallah, en Cisjordanie occupée par Israël, un bus transportant 42 prisonniers a été accueilli par une foule enthousiaste où l’on pouvait voir des drapeaux palestiniens tandis que certains criaient « Dieu est le plus grand ».
Cet échange est le dernier d’une série qui a permis jusqu’à présent de rendre la liberté à 13 otages israéliens et cinq otages thaïlandais enlevés lors de l’attaque du Hamas en échange de la libération de 583 détenus palestiniens.
Malgré quelques écarts, l’accord de cessez-le-feu et d’échange d’otages contre des prisonniers conclu avec le soutien des États-Unis et la médiation de l’Égypte et du Qatar, a tenu depuis son entrée en vigueur il y a près de trois semaines.
L’accord s’étalant sur 42 jours prévoit au total la libération de 33 enfants, femmes et hommes malades, blessés et âgés israéliens en échange de près de 2.000 prisonniers palestiniens.
Les négociations sur une deuxième phase qui ont débuté cette semaine visent à libérer les otages restants et à organiser un retrait total des troupes israéliennes de Gaza en vue de mettre un point final à la guerre.
Des hommes armés dirigés par le Hamas ont attaqué Israël le 7 octobre 2023, tuant quelque 1.200 personnes et faisant plus de 250 otages.
En réponse, Israël a lancé une guerre aérienne et terrestre à Gaza qui a tué plus de 47.000 Palestiniens, selon les autorités sanitaires de Gaza, et dévasté une grande partie de l’enclave.
(Reportage Hussam al-Masri, Maayan Lubell, Nidal al-Mughrabi, avec Leonardo Benassatt à Ganei Tikva et Yigal Elimelech à Hod Hasharon ; Version française Elizabeth Pineau)