Syrie-La tenue d’élections pourrait prendre jusqu’à quatre ans, dit le chef de HTC
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par Hatem Maher et Menna AlaaElDin
LE CAIRE (Reuters) -La tenue d’élections en Syrie pourrait prendre jusqu’à quatre ans, a déclaré le dirigeant de facto de la Syrie, Ahmed al Charaa, dans des propos diffusés dimanche.
Aussi connu sous le nom d’Abou Mohammed al Joulani, son nom de combattant djihadiste, le chef de la milice syrienne Hayat Tahrir al Cham (HTC) s’exprime ainsi pour la première fois sur un éventuel calendrier électoral depuis la chute du régime de Bachar al Assad.
La rédaction d’une nouvelle constitution pourrait prendre jusqu’à trois ans, a ajouté Ahmed al Charaa dans entretien accordé à la chaîne publique saoudienne Al Arabiya. Il a également déclaré qu’il faudrait environ un an pour que les Syriens constatent des changements radicaux.
Le nouveau gouvernement de Damas cherche à rassurer ses voisins en leur montrant qu’il s’est éloigné de ses racines islamistes radicales.
Si les pays occidentaux ont largement salué la fin du régime de Bachar al Assad en Syrie, des doutes persistent sur la forme que prendra le futur gouvernement.
Le HTC, auparavant connu sous le nom de Front al Nosra, l’ancienne branche syrienne d’Al Qaïda, sera dissous lors d’une conférence de dialogue national, a déclaré son chef.
« Un pays ne peut pas être dirigé avec la mentalité de groupes et milices », a-t-il déclaré.
Selon le dirigeant, la conférence de dialogue national devrait inclure une large participation de la société syrienne avec des votes sur des sujets tels que la dissolution du Parlement et la constitution.
Ahmed al Charaa a promis à plusieurs reprises de protéger les groupes minoritaires, qui craignent que les nouveaux dirigeants ne cherchent à imposer un gouvernement islamiste, et a mis en garde contre les tentatives d’incitation aux conflits sectaires.
Durant l’entretien, le dirigeant a également déclaré que la Syrie partageait des intérêts stratégiques avec la Russie, proche allié de Bachar al Assad pendant la longue guerre civile, qui possède des bases militaires dans le pays, réitérant ainsi les signaux conciliants que son gouvernement avait émis précédemment.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que le statut des bases militaires russes ferait l’objet de négociations avec les nouveaux dirigeants de Damas.
« Il ne s’agit pas seulement de maintenir nos bases ou nos bastions, mais aussi de définir les conditions de leur fonctionnement, de leur entretien et de leur approvisionnement, ainsi que l’interaction avec la population locale », a déclaré Sergueï Lavrov dans un entretien accordé à l’agence de presse russe RIA et publié dimanche.
Concernant le nord-est de la Syrie, Ahmed al Charaa a avancé que des discussions auront lieu avec les Forces démocratiques syriennes, groupe kurde soutenu par Washington.
« Nous ne voulons pas que la Syrie devienne une plateforme pour que le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) lance des attaques contre la Turquie », a-t-il déclaré.
Le PKK, placé sur la liste des organisations terroristes par la Turquie et les pays occidentaux, est un groupe armé séparatiste kurde qui s’oppose au pouvoir central turc.
Ahmed al Charaa a également déclaré qu’il espérait que l’administration du président américain élu Donald Trump lèverait les sanctions imposées à la Syrie. Des diplomates américains se sont rendus à Damas ce mois-ci et ont rapporté que le dirigeant de facto de la Syrie était apparu comme pragmatique. Washington a également levé la prime de 10 millions de dollars offerte pour son arrestation.
(Reportage Hatem Maher et Menna Alaa, avec la contribution d’Anton Kolodyazhnyy à Moscou ; version française Kate Entringer et Zhifan Liu)