RDC-Les rebelles du M23 disent avoir pris la ville de Goma
GOMA, République démocratique du Congo (Reuters) -Le chef d’une alliance composée de groupes rebelles dont le M23 a déclaré dimanche avoir pris Goma, la plus grande ville de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), fixant à lundi 03h00 (01h00 GMT) un ultimatum aux forces gouvernementales pour déposer les armes.
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Plus tôt, un porte-parole des rebelles a déclaré à Reuters qu’avait été adressé aux forces de sécurité congolaises « un ultimatum de 48 heures pour qu’elles déposent les armes ».
« Cet ultimatum a déjà expiré, donc nous disons qu’elles peuvent remettre leurs équipements militaires à la Monusco », la mission de l’Onu dans le pays, a ajouté Willy Ngoma, menaçant de prendre la ville de Goma.
Dimanche, au cours d’une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu avancée d’une journée au vu de l’urgence de la situation, la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont tour à tour fait pression sur le Rwanda, pays voisin de la RDC, pour qu’il cesse son soutien au M23. Le Rwanda nie soutenir les rebelles.
Trois casques bleus, deux Sud-Africains et un Uruguayen, ont été tués au cours du week-end en raison des combats. Sept autres militaires sud-africains et trois du Malawi, déployés dans le cadre d’une mission distincte de l’Afrique australe, sont aussi morts cette semaine.
Trois ans après la reprise de son insurrection, le M23 a rapidement progressé ces dernières semaines au point de sembler en mesure de prendre Goma, capitale de la province du Nord Kivu peuplée d’un million d’habitants.
Des coups de feu et des tirs d’artillerie ont retenti aux abords de la ville en tout début de journée dimanche, ont rapporté des habitants.
En milieu d’après-midi, les rebelles se sont approchés de l’aéroport de Goma, ont rapporté deux militaires congolais. Un porte-parole du gouvernement congolais a toutefois déclaré à la télévision publique que l’armée contenait cet assaut.
A la tombée de la nuit, l’électricité a été coupée dans la ville, ont rapporté plusieurs personnes vivant à Goma.
S’adressant au conseil de sécurité de l’Onu par liaison vidéo, la responsable de la mission des Nations unies en RDC, Bintou Keita, a déclaré que le M23 et des éléments rwandais étaient parvenus aux abords de la ville.
« Les routes sont coupées et l’aéroport ne peut plus être utilisé pour des évacuations ou des opérations humanitaires. Le M23 a décrété que l’espace aérien au-dessus de Goma était fermé », a-t-elle dit.
« En d’autres termes, nous sommes pris au piège. »
LA FRANCE APPELLE AU CESSEZ-LE-FEU
Au cours de cette réunion, le représentant permanent de la France auprès de l’Onu a appelé le Rwanda à retirer ses troupes de RDC.
La France « condamne fermement l’offensive en cours conduite par le M23, activement soutenu par le Rwanda », a dit Nicolas de Rivière.
« La présence en RDC d’une force militaire étrangère contre la volonté de l’Etat congolais est une violation claire de la Charte des Nations unies », a-t-il ajouté. « Le M23 doit cesser immédiatement son offensive et se retirer des territoires dont il a pris le contrôle. »
Condamnant les « hostilités » engagées par le Rwanda et le M23 à Goma, l’ambassadrice américaine par intérim Dorothy Shea a elle aussi appelé à un cessez-le-feu.
« Les Etats-Unis vont envisager tous les moyens à leur disposition afin de faire rendre des comptes aux responsables de la poursuite du conflit armé, de l’instabilité et de l’insécurité », a-t-elle dit.
Le représentant britannique James Kariuki a jugé que les « attaques du M23 contre les soldats de maintien de la paix avec le soutien (de l’armée rwandaise) doivent cesser immédiatement ».
Le Rwanda regrette la détérioration de la situation dans l’est de la RDC, a dit son ambassadeur Ernest Rwamucyo, ajoutant que « la crise actuelle aurait pu être évitée si le gouvernement (de RDC) avait manifesté un attachement sincère à la paix ».
Ce conflit est la dernière réplique en date du génocide des Tutsis par des Hutus au Rwanda en 1994, le M23 étant un mouvement à dominante tutsie affirmant défendre les Tutsis de l’est de la RDC.
Les autorités congolaises accusent pour leur part les rebelles d’être une force supplétive de l’armée rwandaise vouée à servir les ambitions expansionnistes du Rwanda, une accusation que ce pays rejette de longue date.
L’offensive vers Goma lancée la semaine dernière par le M23 a entraîné d’importants déplacements de population et risque d’aggraver l’une des pires crises humanitaires au monde, selon l’Onu.
« Plusieurs sites aux abords de Goma, abritant plus de 300.000 déplacés, se sont complètement vidés en l’espace de quelques heures », ont dit les services de la coordination humanitaire de l’Onu sur place dans un communiqué.
(Ange Kasongo, avec Michelle Nichols aux Nations unies, Frank Phiri, Sonia Rolley et Philbert Girinema; version française Benjamin Mallet et Bertrand Boucey)
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