« Moment décisif » pour les négociations de cessez-le-feu à Gaza-Blinken
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JERUSALEM/LE CAIRE (Reuters) – Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a décrit lundi les efforts en cours de Washington pour obtenir un cessez-le-feu à Gaza comme « probablement la meilleure, peut-être la dernière opportunité » de conclure une trêve entre Israël et le Hamas, et exhorté toutes les parties prenantes à trouver un accord dans cette dernière ligne droite des discussions.
Les pourparlers engagés depuis plusieurs mois doivent se poursuivre cette semaine au Caire, après deux jours de rencontres à Doha la semaine passée.
Après avoir rencontré le président israélien Isaac Herzog, le chef de la diplomatie américaine, arrivé la veille en Israël, s’est entretenu lundi durant trois heures avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, une réunion qu’il a qualifiée de « constructive » lors d’une conférence de presse à Tel Aviv.
Antony Blinken a déclaré que Benjamin Netanyahu avait confirmé soutenir les dernières propositions de compromis avancées par Washington et que c’était maintenant au Hamas de les accepter.
Benjamin Netanyahu a quant à lui parlé d’une rencontre « positive ». « Le Premier ministre a réitéré l’engagement d’Israël envers la dernière proposition américaine concernant la libération de nos otages, en tenant compte des besoins de sécurité d’Israël, sur lesquels il insiste fermement », ont déclaré ses services.
Antony Blinken avait déclaré qu’il intensifierait la pression diplomatique américaine pour garantir une avancée décisive d’ici la fin de la semaine. Les Etats-Unis ont mis en avant la semaine dernière des propositions qu’ils jugent susceptibles de rapprocher les positions des belligérants.
« C’est un moment décisif, probablement le meilleur, peut-être la dernière opportunité de ramener les otages chez eux, d’obtenir un cessez-le-feu et de conduire tout le monde sur une voie meilleure vers une paix et une sécurité durable », a dit le secrétaire d’Etat américain à des journalistes avant sa rencontre avec le président israélien.
« Je suis ici dans le cadre d’un effort diplomatique intense sur les instructions du président Biden pour tenter d’obtenir cet accord (…) Il est temps pour tout le monde de dire oui, et ne pas chercher la moindre excuse pour dire non », a-t-il ajouté.
Quelques heures seulement après l’arrivée d’Antony Blinken, le Hamas a cependant accusé Benjamin Netanyahu de « contrecarrer les efforts des médiateurs », de retarder un accord et d’exposer les otages israéliens à Gaza à une agression identique à celle subie par les Palestiniens ».
La Turquie a déclaré de son côté, après avoir rencontré des envoyés du Hamas, que l’organisation au pouvoir à Gaza estimait que les responsables américains brossaient « un tableau exagérément optimiste » de l’évolution des pourparlers.
Benjamin Netanyahu a dit pour sa part dimanche à son cabinet que « conduire des négociations, et pas un scénario dans lequel nous ne faisons que donner et donner. »
LE SPECTRE D’UNE ESCALADE
Les pays médiateurs – le Qatar, les Etats-Unis et l’Egypte – n’ont pas réussi jusqu’ici à réduire suffisamment les divergences pour parvenir à un accord, et l’offensive israélienne s’est poursuivie sans relâche ces derniers jours à Gaza, notamment dans la ville de Khan Younès.
Des désaccords persistent sur la question du maintien d’une présence militaire israélienne à Gaza, en particulier le long de la frontière avec l’Egypte, celle de la liberté de mouvement des Palestiniens au sein du territoire et celle de l’identité et du nombre de prisonniers pouvant être libérés dans le cadre d’un échange.
Un accord de cessez-le-feu est urgent face aux craintes d’escalade à travers la région. L’Iran menace Israël de représailles après l’assassinat d’Ismaël Haniyeh, chef politique du Hamas, à Téhéran le 31 juillet.
Antony Blinken a mis en garde contre toute provocation. « Il est aussi temps que personne n’engage d’actes susceptibles de faire dérailler ce processus, et nous travaillons pour nous assurer qu’il n’y ait pas d’escalade, qu’il n’y ait pas de provocations. »
La police israélienne a annoncé que peu après l’arrivée du secrétaire d’Etat américain à Tel Aviv dimanche, une bombe avait explosé près d’une synagogue de la ville, tuant la personne qui transportait l’explosif et blessant un passant. Les branches armés du Hamas et du Djihad islamique ont revendiqué lundi la responsabilité de cet acte.
La guerre à Gaza a éclaté le 7 octobre, quand des combattants du Hamas ont tué environ 1.200 personnes et pris autour de 250 personnes en otage en Israël, selon un bilan des autorités israéliennes.
L’offensive militaire lancée par Israël dans le sillage du 7 octobre a fait plus de 40.000 morts côté palestinien, principalement des civils, selon l’autorité de santé palestinienne, et transformé la majeure partie de Gaza en un champ de ruines.
(Reportage Humeyra Pamuk et Maytaal Angel à Jérusalem, Nidal al-Mughrabi au Caire, avec Tuvan Gumrukcu à Ankara, Gilles Guillaume pour la version française, édité par Kate Entringer)