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L’agenda du IIIe plénum sera compliqué à mettre en place selon un responsable politique

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par Joe Cash et Liangping Gao

Des responsables politiques chinois ont reconnu vendredi que la longue liste d’objectifs décidée jeudi à l’issue du troisième plénum du Parti communiste chinois (PCC) posait de « nombreuses contradictions », ce qui compliquera l’atteinte de ces buts jugés inadéquats par plusieurs observateurs.

« Plus les réformes sont profondes, plus les conflits d’intérêts sont compliqués et importants », a déclaré vendredi le vice-directeur du Centre de recherche politique du Comité central, Tang Fangyu, à l’occasion d’une conférence de presse.

« Encourager la modernisation à la chinoise pose de nombreux problèmes complexes, et nous devrons vaincre de nombreux défis et obstructions », a ajouté le responsable politique.

Les engagements pris par le gouvernement chinois à l’issue de la réunion de quatre jours, tenue à huis clos, apparaissent de fait contradictoires, allant d’un soutien simultané à l’offre et à la demande à une réduction des risques liés à la dette.

« Il est positif que les dirigeants chinois aient de nouveau reconnu que l’économie affrontait de nombreux vents contraires », a salué vendredi la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine, relevant toutefois que les objectifs publiés jeudi étaient pour l’essentiel « des répétitions ».

Une part importante des buts que s’est fixés jeudi le gouvernement chinois avaient déjà été évoqués lors d’un précédent plénum, en 2013.

« La Chine ne semble pas dévier de ses priorités immédiates, assurer sa reprise économique dans les limites de ses objectifs de sécurité nationale, tout en maintenant la stabilité sociale », a ajouté la Chambre.

Le résumé de la réunion ne précise pas comment seront résolues les tensions entre les différents objectifs, comme la manière dont les consommateurs seront encouragés à dépenser davantage alors que les ressources sont principalement aiguillées vers l’infrastructure et la production. Un document plus détaillé est attendu dans les prochains jours.

« DÉCEPTION »

Plusieurs analystes se sont dits déçus par les résultats du plénum, qui ne s’écartent pas de la politique habituelle de Pékin.

« Rien de nouveau sous le soleil: mêmes politiques industrielles, même rapport aux choses », estime Alicia Garcia Herrero, cheffe économiste Asie-Pacifique chez Natixis.

« Il n’y a vraiment aucun changement de cap, aucune croissance basée sur la consommation, rien. Aucune phrase sur la puissance des forces de marché, rien. C’est une véritable déception », ajoute l’économiste.

Le sentiment sur les marchés reste dégradé, les actions chinoises demeurant atones et proches de leur plus bas en cinq ans vendredi.

La focalisation de Pékin sur les « nouvelles forces productives », une combinaison de recherche scientifique et technologique capable de déclencher une nouvelle période de forte croissance, n’a pas non plus convaincu.

« Il existe toujours une tension entre le soutien à l’offre et l’objectif d’augmenter les dépenses des ménages », souligne Harry Murphy-Cruise, économiste chez Moody’s Analytics.

« Le communiqué s’est focalisé sur les ‘nouvelles forces productives’, la ‘révolution scientifique et technique’ et la ‘transformation industrielle’. Le soutien au bien-être des ménages n’est mentionné qu’en toute fin » de communiqué, ajoute l’analyste.

Certains observateurs insistent pourtant sur l’urgence de réformer l’économie chinoise, car la situation actuelle pourrait mener à une période prolongée de stagnation économique et de pressions déflationnistes.

« Des niveaux de dette élevés et des pressions déflationnistes de plus en plus fortes pourraient aboutir à une croissance faible et une inflation très faible (…), une situation à la japonaise », relève Julian Evans-Pritchard, responsable Economie chinoise chez Capital Economics.

« Cela forcerait (le gouvernement chinois) à changer de cap. Mais cela ne se produirait pas immédiatement, peut-être seulement dans quelques années », imagine l’économiste.

A la suite d’un précédent plénum, en 2013, Pékin avait annoncé un agenda politique incluant la plupart des objectifs déclinés jeudi, ajoutant avoir l’ambition de libéraliser ses marchés financiers et de renforcer l’importance de la consommation dans la croissance.

Des fuites de capitaux en 2015 ont suspendu l’application de la plupart de ces objectifs, et de nombreux observateurs estiment que des inquiétudes sécuritaires ont poussé la Chine dans la direction opposée ces dernières années, le gouvernement étendant sa mainmise sur de nombreux pans de l’économie.

Plutôt que d’encourager la demande des ménages, Pékin a par ailleurs soutenu massivement les dépenses d’infrastructures et le secteur immobilier, faisant progresser la dette de nombreux gouvernements locaux à un rythme intenable.

(Avec Ellen Zhang et Kevin Yao à Pékin ; Rédaction Marius Zaharia ; version française Corentin Chappron, édité par Sophie Louet)

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