La Chine dévoile des mesures pour lutter contre la dette « cachée » des collectivités locales
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par Kevin Yao et Ellen Zhang
PÉKIN (Reuters) – La Chine va permettre aux gouvernements locaux d’émettre 6.000 milliards de yuans (837,7 milliards de dollars ou 777,3 milliards d’euros) supplémentaires d’obligations à échanger contre des dettes hors bilan ou « cachées » sur trois ans, a déclaré vendredi un responsable chinois.
Il s’agit d’une nouvelle étape cruciale dans les plans de Pékin visant à réduire les risques systémiques dans une économie en perte de vitesse.
L’économie chinoise a stagné ces derniers mois, confrontée à de fortes pressions déflationnistes dans un contexte de faible demande intérieure, de crise immobilière et de tensions financières croissantes, les collectivités locales étant particulièrement endettées.
Les inquiétudes concernant les perspectives à long terme ont été aggravées par la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine. Ce dernier a menacé d’imposer des droits de douane de plus de 60% sur toutes les importations chinoises.
Le principal organe législatif chinois, le Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale (APN), a approuvé un projet de loi sur le relèvement des plafonds de la dette des gouvernements locaux lors d’une réunion qui s’est tenue du 4 au 8 novembre, a précisé ce responsable chinois.
Les swap de dettes visent à atténuer les risques liés à la dette locale, a ajouté Xu Hongcai, vice-président du comité des affaires financières et économiques de l’APN, lors d’une conférence de presse à Pékin.
Le plafond d’émission d’obligations spéciales par les gouvernements locaux sera relevé de 29.520 à 35.520 milliards de yuans.
Les autorités chinoises ont multiplié depuis la fin du mois de septembre les annonces en faveur des mesures de relance, avec notamment des baisses de taux d’intérêt, afin de remettre la deuxième économie mondiale sur les rails et de parvenir à l’objectif du gouvernement d’une croissance du PIB d’environ 5% cette année.
La Chine cherche à corriger les effets secondaires liés à la montagne de dettes résultant des mesures de relance prises depuis la crise mondiale de 2008 et 2009. Il s’agit notamment de la dette dite « cachée » accumulée principalement par les véhicules de financement des gouvernements locaux (LGFV), mobilisés pour des projets d’infrastructure que les autorités jugent essentiels pour le développement.
Ce surendettement ne leur laisse toutefois que peu de marge de manoeuvre pour financer de nouveaux projets destinés à relancer l’activité économique.
Le ministre chinois des Finances, Lan Foan, a déclaré au cours de cette même conférence de presse, que la « dette cachée » des gouvernements locaux s’élevait à 14.300 milliards de yuans fin 2023, et que les autorités prévoyaient de la ramener à 2.300 milliards de yuans d’ici 2028.
Le Fonds monétaire international (FMI) estime que les dettes des LGVF s’élevaient à 60.000 milliards de yuans fin 2023, soit 47,6% du PIB.
Les swap de dettes devraient permettre aux gouvernements locaux d’économiser 600 milliards de yuans d’intérêts sur cinq ans.
Le montant de dettes des LGFV – qui comprend des prêts, des obligations et des crédits fantômes – est considéré comme une source croissante de risque systémique dans le système financier chinois, en particulier dans un contexte d’économie fragile.
Selon le FMI, la dette du gouvernement central et des gouvernements locaux s’élevait à 147.000 milliards de yuans fin 2023, soit 117% du PIB.
(Reportage Kevin Yao; rédigé par Ellen Zhang et Marius Zaharia; version française Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)