La Russie quitte le Conseil de l’Europe
La Russie a quitté mardi le Conseil de l’Europe, principale organisation de défense des droits de l’Homme sur le continent, basée à Strasbourg, devançant une possible exclusion en raison de son attaque contre l’Ukraine.
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Piotr Tolstoï, le chef de la délégation russe à l’assemblée parlementaire du Conseil, a annoncé sur son compte Telegram avoir remis une lettre annonçant la décision de Moscou, signée de Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.
Le Conseil de l’Europe a suspendu la Russie de ses instances le 25 février dernier, au lendemain du déclenchement de l’offensive militaire russe contre l’Ukraine.
La semaine dernière, Moscou a estimé que les pays membres de l’Otan et de l’Union européenne sapaient les travaux du Conseil de l’Europe et prévenu que la Russie ne comptait plus y participer.
Lundi, le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal, s’est adressé par lien vidéo au Conseil en réclamant l’expulsion de la Russie pour « l’agression non provoquée et injustifiée contre l’Ukraine ».
L’assemblée a ensuite adopté à l’unanimité une résolution non contraignante soulignant qu’il n’y a pas de place pour un « agresseur » au sein du Conseil de l’Europe.
« La décision prise aujourd’hui n’est pas dirigé contre le peuple russe mais contre le régime autocratique, kleptocratique et oppresseur de (Vladimir) Poutine », a réagi l’ancien Premier ministre grec Georges Papandréou, qui siège désormais au Conseil.
« Mon pays, la Grèce, a été exclu du Conseil de l’Europe dans les années 1970… Cette décision n’avait fait que renforcer notre lutte pour la démocratie et la liberté », a-t-il ajouté en référence à la lutte des Grecs contre la dictature des colonels, au pouvoir à Athènes de 1967 à 1974.
Le Conseil de l’Europe, fondé en 1949, est à l’origine de la Convention européenne des droits de l’Homme, qui a institué la Cour européenne des droits de l’homme.
La Russie a rejoint le Conseil de l’Europe en 1996. En quittant l’institution, elle se retirera de la Convention européenne des droits de l’Homme.
« Mais n’ayez pas peur », a déclaré sur Telegram Leonid Sloutski, président de la commission des affaires internationales de la Douma, la chambre basse du Parlement russe. « Tous les droits seront garantis dans notre pays, nécessairement et inconditionnellement. »
La Russie présente son assaut comme une opération spéciale visant à démilitariser et dénazifier l’Ukraine et à prévenir le génocide de la population russophone, des arguments qualifiés de prétextes sans fondement par Kiev et ses alliés occidentaux.
(Ingrid Melander et Kevin Liffey, version française Jean-Stéphane Brosse et Tangi Salaün)