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En Grèce, un projet de loi sur le mariage homosexuel arrive au Parlement

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THESSALONIQUE (Reuters) – Lorsque Yolanda Kalantzi et Georgia Ampatzidou sont tombées amoureuses il y a huit ans, l’idée de se marier était de la « science-fiction » pour elles, dans une Grèce profondément conservatrice où les couples LGBT+ ne peuvent ni se marier ni adopter.

« Nous ne pouvions même pas y penser, l’imaginer ou en rêver », se souvient Yolanda, dans leur appartement à Thessalonique, dans le nord de la Grèce.

Le couple a désormais fixé une date provisoire pour ses noces ce printemps et réfléchit aux tenues, aux fleurs et à la liste d’invités qui ne fait que s’allonger.

Le gouvernement conservateur envisage en effet de soumettre ce jeudi au Parlement un projet de loi légalisant le mariage civil entre personnes de même sexe. Un projet qui devrait être adopté, compte tenu de la majorité du parti de centre-droit du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis et du soutien probable des parlementaires de gauche.

La Grèce deviendrait ainsi l’un des premiers pays chrétiens orthodoxes à légaliser le mariage homosexuel, ce qui constituerait une victoire historique pour des couples comme celui de Yolanda et Georgia, militantes pour l’accès au mariage.

Yolanda, océanographe de 42 ans, avait envoyé une lettre au Premier ministre le mois dernier l’exhortant à proposer le projet de loi.

« Il est temps, M. Mitsotakis, de mettre fin à notre angoisse, à notre douleur, à notre déception », avait-t-elle écrit.

La Grèce est à la traîne d’une grande partie de l’Europe en matière de droits LGBT+, mais au cours de la dernière décennie, elle a reconnu les accords de cohabitation pour les couples de même sexe et interdit les thérapies de conversion pour les mineurs LGBT+.

Si les sondages montrent que les Grecs sont divisés sur la question, Kyriakos Mitsotakis dispose avec son parti Nouvelle Démocratie d’une majorité avec une avance de huit sièges sur les 300 du Parlement. Il espère convaincre le centre-gauche avec des réformes.

Le projet de loi, qui est susceptible d’être modifié au cours d’une longue période de discussion, a besoin d’au moins 75 voix pour être adopté.

Selon le Premier ministre, le projet de réforme ne se veut pas révolutionnaire, mais vise à aligner la Grèce sur les autres pays de l’Union européenne qui ont élaboré une stratégie en matière d’égalité.

« Notre pays devrait devenir chaque jour plus juste… plus européen », a déclaré le porteur du projet de loi, le ministre d’Etat Akis Skertsos.

ALLER PLUS LOIN

La puissante Église orthodoxe estime que l’homosexualité est un péché et s’oppose ouvertement au projet de loi. Mais de nombreux membres de la communauté LGBT+ estiment que le texte ne va pas encore assez loin.

Yolanda et Georgia ont un fils de trois ans, mais seule sa mère biologique, Yolanda, est reconnue comme parent par l’État. En vertu du projet de loi de légalisation du mariage, Georgia pourra l’adopter et jouir des mêmes droits parentaux si le couple se marie.

Toutefois, le projet de loi ne supprime pas les obstacles qui empêchent les couples de même sexe de recourir aux méthodes de procréation assistée. Yolanda et Georgia, qui veulent avoir un deuxième enfant, disent avoir déjà été refusées à deux reprises par les centres de fécondation in vitro.

La gestation pour autrui ne sera pas étendue aux couples et individus LGBT+, selon le projet de loi qui reconnaît les enfants déjà nés par cette méthode à l’étranger.

Le mois dernier, Kyriakos Mitsotakis a déclaré à son cabinet que « la Grèce ne deviendra pas un laboratoire de politiques qui ne sont appliquées que dans quelques pays ».

(Reportage Renée Maltezou; version française Gaëlle Sheehan, édité par Blandine Hénault)

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