Le nouveau gouvernement se place sous le sceau de l' »humilité » et du « dialogue »
PARIS (Reuters) – Emmanuel Macron a invité lundi le nouveau gouvernement, réuni pour son premier conseil des ministres, à faire preuve « d’humilité » et « d’esprit de dialogue » à l’écoute des « voix divergentes » des Français.
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Après une réunion à Matignon lundi matin avec le Premier ministre Michel Barnier, les 39 ministres et secrétaires d’Etat se sont retrouvés autour du chef de l’Etat dans l’après-midi à l’Elysée pour un conseil des ministres express qui aura duré 28 minutes.
Emmanuel Macron a jugé que « s’ouvrait un temps nouveau pour la vie » du pays, plus de deux mois après la dissolution surprise de l’Assemblée et les élections législatives anticipées qui ont suivi et débouché sur une chambre fragmentée.
Tenant d’une « coexistence exigeante », le chef de l’Etat a assuré aux ministres qu’il serait là pour les « aider à réussir » et les a appelés à faire « preuve d’humilité et d’esprit de dialogue avec les Français ».
« Beaucoup de nos compatriotes ont exprimé des voix divergentes. Il faut les entendre et les respecter », a déclaré Emmanuel Macron, selon son entourage.
Le Premier ministre a pour sa part demandé aux membres de son gouvernement de la « solidarité » et de « la simplicité dans le comportement, sans jamais faire preuve d’arrogance ».
L’ancien commissaire européen avait déjà réclamé, lors de la réunion de lundi matin, que ses ministres soient « irréprochables et modestes », sans « esbroufe », a indiqué son entourage.
Un séminaire gouvernemental est prévu vendredi après-midi à Matignon pour préparer le discours de politique générale que doit prononcer Michel Barnier le 1er octobre à l’Assemblée nationale. Avant cela, le chef du gouvernement entend rencontrer les présidents des groupes parlementaires et les partenaires sociaux.
« RÉSULTATS RAPIDES »
Après deux mois d’un gouvernement démissionnaire chargé de la gestion des affaires courantes, Michel Barnier entend « agir plus que communiquer » pour des « résultats rapides », a souligné son entourage.
« Ce sera dur », a concédé le nouveau ministre de l’Intérieur (Les Républicains, LR) Bruno Retailleau lors de la passation de pouvoirs avec Gérald Darmanin. « Il faudra de la persévérance, du professionnalisme, de la constance aussi ».
Michel Barnier revendique le soutien de 220 à 230 députés, soit le « socle le plus important de l’Assemblée nationale » – une assise toutefois loin des 289 élus requis pour la majorité absolue.
Sans surprise, l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP), forte de 193 députés, a dénoncé une « forfaiture antidémocratique », selon l’expression du député La France insoumise Manuel Bompard sur Europe 1.
« La nomination de Michel Barnier et la constitution de ce gouvernement est une sorte de braquage en bande organisée », a dénoncé le coordinateur de LFI alors que le NFP, ressorti en tête des élections législatives anticipées, revendiquait de former un gouvernement de cohabitation.
LE RN « ATTEND LE DISCOURS DE POLITIQUE GÉNÉRALE »
Le NFP menace d’ores et déjà de déposer une motion de censure contre le gouvernement à l’issue du discours de politique générale de Michel Barnier.
« Quoi qu’il arrive, ce sera la motion de censure », a confirmé Manuel Bompard.
Le NFP n’est toutefois pas en mesure à lui seul de faire tomber le gouvernement; il lui faut pour cela les voix du Rassemblement national (RN) et de ses alliés qui comptent 142 députés à l’Assemblée nationale.
Dans la formation d’extrême droite, la ligne est de ne pas sanctionner « a priori » tout en laissant planer la menace d’une censure.
« On attend le discours de politique générale de M.Barnier, qu’est-ce qu’il va annoncer comme chemin pour notre pays, qu’est-ce qu’il va annoncer comme mesures concrètes très rapides sur le budget, et on jugera sur pièce », a expliqué lundi sur France Inter le député RN Jean-Philippe Tanguy.
« C’est nous qui déciderons si oui ou non ce gouvernement a un avenir », a-t-il ajouté.
La présentation du budget pour 2025, prévue le 9 octobre, constituera le premier test majeur pour le gouvernement Barnier.
Si le Premier ministre a exclu dimanche toute hausse généralisée des impôts – rejetée par le camp présidentiel -, il n’a pas exclu « quelques prélèvements ciblés » sur les Français « les plus fortunés » et « certaines grandes entreprises ».
(Rédigé par Blandine Hénault et Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet)