La manifestation de soutien à la communauté kurde à Paris prend fin après des heurts
par Manuel Ausloos et Antony Paone
Faites un don au Journal Chrétien pour nous permettre de produire plus de vidéos comme celle-ci.
(Reuters) – Des heurts ont éclaté samedi en marge de la manifestation de soutien à la communauté kurde, au lendemain de la fusillade qui a causé la mort de trois personnes vendredi devant un centre culturel kurde.
Des affrontements ont éclaté alors que certains manifestants quittaient la place de la République où se tenaient des prises de parole, lançant des projectiles sur la police qui a répondu par des gaz lacrymogènes. Des véhicules ont été retournés et certains incendiés.
Selon une porte-parole du Conseil démocratique kurde en France (CDK-F), qui a annoncé la fin de la mobilisation, des provocations auraient entraîné la colère de manifestants.
« Des provocateurs sont passés avec un véhicule et le drapeau turc en faisant le signe du loup gris (le signe de ralliement du groupe nationaliste turc éponyme-NDLR) donc automatiquement ça a un peu provoqué les jeunes », a déclaré Berivan Firat, porte-parole des relations extérieures du CDK-F, sur BFM TV.
Le service d’ordre de la manifestation a tenté de contenir les échauffourées en formant une chaîne humaine et les organisateurs ont appelé au calme.
Sur BFM TV, le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, a précisé que 11 personnes avaient été interpellées lors de ces heurts.
« Les Kurdes n’ont pas vocation à porter préjudice aux biens public, à casser ou à s’attaquer à la police mais j’ai l’impression que les policiers qui sont là n’ont pas aussi la sensibilité de savoir que ces gens sont extrêmement touchés, blessés et qu’il faut avoir un autre comportement avec eux, peut-être reculer plutôt que de gazer », a ajouté Berivan Firat à la chaîne télévisée.
SENTIMENT D’INSÉCURITÉ
Trois personnes ont été tuées et trois autres blessées, après une fusillade qui a éclaté en fin de matinée vendredi rue d’Enghien, dans le 10ème arrondissement de Paris.
Le parquet a annoncé samedi soir le transfert à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de l’auteur présumé de l’attaque, un homme de nationalité française âgé de 69 ans, déjà condamné à deux reprises pour détention prohibée d’armes et pour violence avec armes, et mis en examen dans une autre affaire d’agression.
Le médecin qui a examiné le suspect en fin d’après-midi a estimé que l’état de santé de l’intéressé n’était pas compatible avec une garde à vue.
« La mesure de garde à vue a donc été levée dans l’attente de sa présentation devant un juge d’instruction lorsque son état de santé le permettra », a précisé le parquet, qui avait indiqué précédemment que le mobile raciste avait été ajouté à l’enquête.
Des portes-paroles du CDK-F ont mis en avant les sentiments d’insécurité et de peur vécus par les membres de la communauté kurde, alors que celle-ci s’apprêtait à commémorer l’assassinat, en 2013, de trois militantes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) à Paris.
« La communauté franco-kurde est aujourd’hui en colère et elle a peur. Elle a besoin de réponses, de justice et de surtout considération », a déclaré vendredi David Andic, avocat du CDK-F, lors d’une conférence de presse.
(Reportage Manuel Ausloos et Antony Paone, avec la contribution de Gus Trompiz et Caroline Pailliez, rédigé par Kate Entringer et Jean-Michel Bélot)