France: Bayrou propose aux partis, hors LFI et RN, d’entrer au gouvernement
PARIS (Reuters) – Le Premier ministre François Bayrou a proposé jeudi aux partis reçus à Matignon de participer au gouvernement en cours de constitution et d’engager une réflexion avec les partenaires sociaux sur une nouvelle réforme des retraites dans les neuf mois, ont rapporté ses services.
En l’absence d’accord sur ce dernier point, la réforme controversée des retraites votée en 2023 resterait en vigueur.
François Bayrou, qui a mené des consultations politiques de lundi à mercredi en vue de former un gouvernement « dans les jours qui viennent », a reçu jeudi après-midi, pendant environ trois heures, une trentaine d’interlocuteurs en format élargi pour une table ronde censée les « éclairer » et destinée à les « entendre sur les orientations » à venir.
Seuls les partis « de gouvernement » avaient été conviés, ce qui exclut La France insoumise (LFI), le Rassemblement national (RN) et l’UDR d’Eric Ciotti.
Au cours de la réunion, le Premier ministre « a fait une offre publique de participation aux partis politiques » afin qu’ils entrent dans le futur gouvernement, a-t-on précisé à Matignon.
« Normalement, les adultes ne croient plus au Père Noël », a réagi, acerbe, le coordinateur national de LFI, Manuel Bompard, sur le réseau social X.
S’agissant de la réforme des retraites de 2023, dont le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure a évoqué la « suspension », François Bayrou « a proposé d’engager une réflexion ».
TROIS CERCLES
« Je vous invite à proposer une nouvelle réforme des retraites, dans un délai de neuf mois, dans laquelle on associe partenaires sociaux et politiques. S’il n’y a pas d’accord, on reste sur la réforme votée en 2023 », a dit François Bayrou, selon des propos rapportés par Matignon.
Le Premier ministre préfigure trois « cercles » : ceux qui participent, ceux qui soutiennent, ceux qui refusent, a relaté Hervé Morin, président centriste de la région Normandie, à l’issue de la réunion.
Chacun est désormais prié de se positionner dans l’un de ces cercles « d’ici demain (vendredi) », a précisé le député communiste de Saint-Saint-Denis, Stéphane Peu, devant les journalistes.
L’élu a fait état d’une « ouverture » sur les retraites, avec la perspective d’une conférence sociale pour l’élaboration d’une loi qui « se substituerait » à la loi de 2023. François Bayrou s’est refusé à écarter d’emblée la possibilité d’un recours à l’article 49.3 de la Constitution pour l’adoption de futurs textes de loi sans vote, a-t-il ajouté.
Plusieurs participants ont déclaré que le Premier ministre avait évoqué la possibilité d’un gouvernement d’ici Noël.
La présidente du groupe écologiste et social à l’Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain, a souligné au sortir des discussions que la censure était « toujours clairement sur la table ». « Nous n’avons eu devant nous qu’une pâle imitation de Michel Barnier », a-t-elle déploré.
Aujourd’hui, a-t-elle poursuivi, « nous sommes très loin d’avoir un Premier ministre qui a conscience de l’envie de changement. » Les électeurs de gauche « ne veulent pas des miettes, ils ne veulent pas des petites avancées », a-t-elle martelé.
(Reportage Michel Rose, avec la contribution de Bertrand Boucey, rédigé par Sophie Louet, édité par Jean Terzian)