Explosion sur le pont de Crimée, Poutine ordonne plus de sécurité
par Max Hunder et Jonathan Landay
KYIV (Reuters) – L’explosion d’un camion a fortement endommagé samedi le pont de Kertch qui relie la Crimée à la Russie, ligne de ravitaillement capitale des forces russes pour tenir les territoires occupés du sud de l’Ukraine.
Cette explosion qui a entraîné l’effondrement de certaines sections du pont a réjoui de nombreux représentants ukrainiens, même si personne pour l’instant n’a revendiqué l’incident. La Russie n’avait pas encore nommé de responsable.
Le président russe Vladimir poutine a ordonné quelques heures après cette explosion un renforcement de la sécurité autour du pont de Crimée ainsi que des infrastructures d’approvisionnement en électricité et en gaz naturel de la péninsule.
Il a également demandé qu’une commission soit mise en place pour enquêter sur cet incident.
Des responsables russes ont indiqué que trois personnes avaient été tuées, probablement les occupants d’une voiture circulant à proximité du camion qui a explosé.
Sept wagons-citernes de carburant sur un train de 59 wagons se dirigeant vers la péninsule au niveau supérieur du pont ont également pris feu.
Une dizaine d’heures après l’explosion, le trafic routier a repris de manière limitée et le ministère russe des Transports a autorisé le redémarrage du trafic ferroviaire.
Le vice-Premier ministre russe Marat Khousnoullin a pour sa part signé une ordonnance en vue d’un démantèlement immédiat de la partie effondrée du pont, selon les agences de presse nationales.
Les plongeurs doivent commencer à examiner les dégâts dimanche à partir de 6 heures du matin (03h00 GMT), ont ajouté les agences.
EXPLOSION AU LENDEMAIN DU 70E ANNIVERSAIRE DE POUTINE
La Russie a annexé la Crimée en 2014 et le pont de Kertch, long de 19 km, qui la relie au réseau de transport russe, a été inauguré en grande pompe quatre ans plus tard par le président russe Vladimir Poutine.
Le pont constitue maintenant une voix d’accès majeure pour les forces russes qui ont pris le contrôle d’une grande partie de la région de Kherson, dans le sud de l’Ukraine.
Cette explosion, qui s’est produite au lendemain du 70e anniversaire du président russe, intervient à un moment où la Russie subit de nombreux revers sur le champs de bataille. L’incident pourrait encore miner la crédibilité du Kremlin qui tente de rassurer sa population sur le déroulement du conflit.
Moqueur, le chef de la Sécurité nationale ukrainien et du Conseil de défense, Oleksiy Danilov, a publié une vidéo du pont enflammé sur les réseaux sociaux dans laquelle on entend la voix de Marilyn Monroe chantant « Happy Birthday, Mr. President! » (Joyeux anniversaire, Monsieur le président).
Depuis le début du conflit, le 24 février, des responsables ukrainiens font régulièrement allusion à leur volonté de détruire le pont de Kertch, considéré en Ukraine comme un symbole de l’occupation de la Crimée par la Russie.
Le ministère russe de la Défense a néanmoins dit que les forces armées dans le sud de l’Ukraine allaient pouvoir être « pleinement ravitaillées » par les voies terrestres et maritimes existantes.
Pour la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Maria Zakharova, la réaction de Kyiv à l’évènement « témoigne de sa nature terroriste ».
LE « DÉBUT »
Selon les services anti-terroristes russes, un camion de marchandise a explosé vers 06h07 du matin (03:07 GMT) à proximité d’un train qui circulait sur le pont supérieur. Sept wagons-citernes ont pris feu.
Deux sections du pont se sont effondrées à la suite de l’incendie mais les arches sous lesquelles s’effectue la navigation ne sont pas endommagées, ont-ils ajouté.
Sans revendiquer une quelconque responsabilité dans l’incident, un conseiller du président ukrainien Volodimir Zelenskiy a déclaré sur Twitter que cet incendie était « le début » de quelque chose.
« Tout ce qui est illégal doit être détruit, tout ce qui a été volé doit être récupéré par l’Ukraine, toutes les régions occupées par la Russie doivent être libérées », a écrit Mykhailo Podolyak.
L’administrateur de la région de Kherson nommé par Moscou, Kirill Stremousov, a déclaré que cet évènement n’affecterait « pas beaucoup le ravitaillement de l’armée » mais qu’il y aurait des problèmes de logistique pour la Crimée.
Le gouverneur russe de la Crimée, Sergei Aksyonov, a dit pour sa part dans une vidéo que la région disposait suffisamment de carburant et de nourriture.
« Nous avons l’équivalent de plus d’un mois de carburant et de plus de deux mois de nourriture », a-t-il dit.
Le ministère de l’Energie russe a néanmoins déclaré que la Crimée ne disposait que de 15 jours de carburant.
Le gouverneur russe de Sébastopol, qui a un statut territorial distinct de celui de la Crimée, a également cherché à rassurer les habitants.
« Nous ne sommes pas coupés du continent ! », a dit Mikhail Razvozzhayev sur Telegram. « Restez calmes. Ne paniquez pas. »
(Reportage de Reuters; version française Caroline Pailliez et Claude Chendjou)
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