Allemagne: Scholz sous pression pour laisser sa place lors des élections
BERLIN (Reuters) – Les appels se multiplient au sein du Parti social-démocrate (SPD) allemand pour que le chancelier Olaf Scholz, dont l’impopularité a atteint un niveau record, renonce à mener la campagne électorale en début d’année prochaine et laisse sa place à son ministre de la Défense, Boris Pistorius.
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Des élections fédérales anticipées devraient se tenir le 23 février après l’effondrement, la semaine dernière, de la coalition fragile que le SPD avait laborieusement constituée avec les Verts et les libéraux du FDP.
Olaf Scholz, 66 ans, souhaite briguer un nouveau mandat et il a obtenu cette semaine le soutien des principaux dirigeants du SPD, bien que le parti de centre-gauche soit nettement devancé dans les sondages par les conservateurs de la CDU et par le parti anti-immigration AfD, avec 16% d’intentions de vote, soit 10 points de moins qu’en 2021.
Le choix du chef de file du SPD pour les élections ne sera cependant officialisé que lors du congrès du parti en janvier, et certains élus au niveau régional entendent militer d’ici là en faveur d’un changement de direction.
« Scholz a mené de bonnes politiques au cours des trois dernières années, mais il n’a pas réussi à convaincre les électeurs et à transmettre son autorité », ont déploré deux élus de Hambourg, ville dont Olaf Scholz a été maire de 2011 à 2018, dans une publication sur Instagram.
« Nous pensons que la perception négative que les gens ont de lui ne peut plus être corrigée », ont ajouté Tim Stoberock et Markus Schreiber, déplorant que la direction du SPD ne prenne pas conscience du problème.
Comme d’autres élus au niveau des Länder, les deux hommes plaident pour une candidature de Boris Pistorius, qui figure régulièrement en tête du classement des personnalités politiques préférées des Allemands – ce qui n’est pas commun pour le ministre de la Défense d’un pays où l’armée demeure un sujet délicat.
Olaf Scholz pointait lui à l’avant-dernier rang de la dernière enquête de l’INSA sur les 20 personnalités politiques les plus populaires d’Allemagne, publiée cette semaine.
PISTORIUS VEUT-IL Y ALLER ?
Dans une enquête réalisée par l’institut de sondage Forsa auprès des sympathisants du SPD, 58% d’entre eux ont déclaré soutenir la candidature de Boris Pistorius, 64 ans, pour la chancellerie, contre seulement 30% pour Scholz.
Interrogé sur ses ambitions pour la chancellerie, Boris Pistorius a répété à plusieurs reprises que le SPD avait déjà un candidat en la personne d’Olaf Scholz.
Selon des sources au sein du parti, la direction du SPD a cependant prévenu le chancelier qu’il devait soigner sa communication et faire des propositions claires dans les semaines à venir, et qu’elle surveillerait l’évolution des sondages électoraux.
Olaf Scholz avait été applaudi au début de son mandat pour sa réaction rapide à l’invasion de l’Ukraine par la Russie et pour avoir aidé l’économie allemande à traverser la crise énergétique qui s’en était suivie.
Les querelles intestines au sein d’une coalition rassemblant des partis très éloignés sur le plan idéologique ont toutefois fragilisé les trois partis au pouvoir autant que le chancelier.
Ses détracteurs estiment qu’Olaf Scholz manque d’autorité, qu’il a laissé une certaine cacophonie s’installer au sein de la coalition gouvernementale et qu’il n’est pas non plus un assez bon communicant pour rassurer les Allemands dans une période de turbulences économiques majeures.
Boris Pistorius fait à l’inverse figure de « politicien déterminé qui communique bien et qui peut rassembler autour de lui », a déclaré à Reuters le maire SPD de Munich, Dieter Reiter.
Le ministre de la Défense pourrait cependant ne pas vouloir se lancer dans une bataille électorale perdue d’avance au risque de compromettre la suite de sa carrière, souligne Philipp Koeker, politologue à l’université de Hanovre.
Les partisans d’Olaf Scholz mettent de leur côté en avant son expérience d’homme d’Etat et rappellent qu’en 2021, il avait déjoué les pronostics en conduisant le SPD à la victoire dans la dernière ligne droite.
(Rédigé par Sarah Marsh, version française Tangi Salaün, édité par Sophie Louet)