Wall Street vue en baisse, Poutine inquiète en Europe
par Claude Chendjou
Faites un don au Journal Chrétien pour nous permettre de produire plus de vidéos comme celle-ci.
PARIS (Reuters) – Wall Street est attendue en baisse dans un contexte d’attentisme avant Nvidia et les nouvelles nominations dans la future administration américaine, tandis que les Bourses européennes reculent à mi-séance, plombées par la révision de la doctrine russe en matière d’utilisation de l’arme nucléaire.
Les futures sur indices new-yorkais signalent une ouverture de Wall Street en baisse de 0,62% pour le Dow Jones, de 0,46% pour le Standard & Poor’s 500 et de 0,38% pour le Nasdaq.
À Paris, le CAC 40 perd mardi 1,25% à 7.187,39 points vers 11h45 GMT après une tentative de consolidation du fragile rebond de la veille dans les premiers échanges. À Francfort, le Dax abandonne 1,22% et à Londres, le FTSE cède 0,43%.
L’indice paneuropéen FTSEurofirst 300 décline de 0,93% et l’EuroStoxx 50 de la zone euro de 1,28%. Le Stoxx 600, en repli de 0,86%, a touché un creux de trois mois, l’intensification des tensions géopolitiques à la suite de l’avertissement de la Russie sur une actualisation de sa doctrine nucléaire ayant incité les investisseurs à se détourner des actifs à risque au profit des valeurs refuge.
Le Kremlin a déclaré que sa nouvelle doctrine sur le nucléaire, approuvée mardi par le président Vladimir Poutine, était destinée à faire comprendre aux ennemis potentiels l’inévitabilité des représailles russes en cas d’attaque.
« Je ne pense pas que cela aura un impact sur l’économie (européenne) ou sur les bénéfices (des entreprises). C’est juste une réaction naturelle à chaque fois que le mot nucléaire est mentionné par un chef d’Etat », a toutefois relativisé Patrick Armstrong, directeur des investissements chez Plurimi Wealth.
« Cela incite évidemment les investisseurs à envisager une baisse potentielle, tout comme un investissement en actions est motivé par l’espoir d’une hausse. Je ne pense donc pas que ce soit autre chose que de la rhétorique, et le marché s’en remettra », a-t-il ajouté.
L’indice de peur sur l’Eurostoxx a toutefois atteint son plus haut niveau depuis le début du mois, bondissant de 14%, au-dessus des 20 points.
Le sentiment du marché outre-Atlantique est prudent alors que Nvidia doit publier mercredi ses résultats trimestriels. Le groupe, désormais première capitalisation boursière mondiale et principal fer de lance de l’intelligence artificielle (IA), une thématique porteuse sur les marchés, est particulièrement attendu et devrait peser sur tous les indices.
Nvidia a dépassé les attentes, très élevées, de Wall Street en termes de revenus au cours des huit derniers trimestres et les investisseurs sont impatients de savoir si le groupe sera en mesure de dégager les « milliards de dollars de revenus sur sa puce Blackwell » promis au cours du trimestre de janvier, explique Hans Mosesmann, analyste chez Rosenblatt.
Côté politique, le président élu américain Donald Trump a commencé à procéder à des nominations, en pourvoyant des postes dans les domaines de la santé et de la défense la semaine dernière, mais les postes clés pour les marchés financiers – secrétaire au Trésor et représentant au commerce – n’ont pas encore été annoncés.
Par ailleurs, la hausse des dépenses budgétaires et des droits de douane, ainsi qu’une politique migratoire plus stricte, mesures évoquées par Donald Trump, sont considérées par les analystes comme inflationnistes. Cela pourrait entraver le rythme de baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a déjà fort à faire avec des données économiques plus résilientes que prévu.
LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET
Alphabet abandonne 1% en avant-Bourse alors que le département américain de la Justice va demander à un juge de forcer Google, filiale du groupe, à céder son navigateur internet Chrome, selon l’agence Bloomberg.
VALEURS EN EUROPE
ADP avance de 2,6% après avoir fait état d’une hausse de 6,5% de son trafic total au cours du mois d’octobre. Stifel est en outre passé de « conserver » à « acheter » sur l’opérateur aéroportuaire français.
Thyssenkrupp bondit de 8,79% après la publication de ses résultats du quatrième trimestre, un trader soulignant que le flux de trésorerie disponible a surpris positivement.
Embracer est dans le vert (+0,66%). Sa filiale Asmodee a annoncé mardi qu’elle réduirait sa dette de 1,5 milliard d’euros alors qu’elle se prépare à sa scission, annoncée en avril, du groupe de jeux suédois, propriétaire de la franchise Tomb Raider.
Nestlé cède 1,59% malgré l’annonce par le géant de l’agroalimentaire d’une réduction de ses coûts de 2,8 milliards de dollars d’ici 2027 et d’un regroupement de ses activités d’eau et de boissons haut de gamme dans une unité autonome.
Sonova Holding recule de 2,56%, le fabricant suisse d’appareils auditifs ayant annoncé mardi un bénéfice semestriel inférieur aux attentes du marché.
TAUX
Les rendements obligataires en zone euro reculent mardi dans un contexte de ruée vers les valeurs refuge, dans le sillage du nouvel avertissement de la Russie en cas d’attaques sur son sol.
Le rendement du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, cède près de six points de base, à 2,312%, après une chute en séance de 10,3 points, à 2,269%, au plus bas depuis la mi-juin.
Aux Etats-Unis, le rendement des Treasuries à dix ans abandonne 4,7 points de base, à 4,3668%.
CHANGES
Le dollar américain monte mardi, de 0,22% face à un panier de devises de référence, se rapprochant d’un sommet d’un an. Le billet vert a gagné de plus de 2% depuis le début du mois.
Les marchés ont réduit mardi leurs paris sur une baisse d’un quart de point des taux directeurs de la Fed pour sa réunion de décembre, la probabilité d’un nouvel assouplissement étant passée de 62% à moins de 59%, selon CME FedWatch.
En zone euro, Fabio Panetta, membre du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), a appelé mardi à une baisse des taux et à davantage d’indications sur les futures actions de l’institution avec l’atténuation du choc post-pandémique et la normalisation de l’inflation.
L’euro recule de 0,44%, à 1,0552 dollar. La monnaie unique européenne a touché 1,0496 dollar la semaine dernière, son plus bas niveau depuis début octobre 2023.
Par ailleurs, la principale statistique du jour montre que l’inflation en zone euro a rebondi sur un an en octobre au rythme calculé en première estimation, avec une progression de 2% sur un an, après une hausse de 1,7% en septembre.
PÉTROLE
Le pétrole cède du terrain mardi en raison du redémarrage de la production dans le gisement pétrolier norvégien Johan Sverdrup. Les craintes géopolitiques limitent toutefois le potentiel de baisse.
Le Brent fléchit de 0,52% à 72,92 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) reflue de 0,67% à 68,70 dollars.
PLUS AUCUN INDICATEUR ÉCONOMIQUE MAJEUR À L’AGENDA DU JOUR
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Augustin Turpin)