Vivendi acte sa scission, Canal+ désormais coté à Londres
PARIS (Reuters) – Le groupe français Vivendi acte lundi son démantèlement et la cotation de ses différentes entités sur différentes places boursières, dont celle du groupe audiovisuel français Canal+, son actif phare, sur le London Stock Exchange.
La décision de Canal+ de se coter à Londres est tant un désaveu pour la place financière de Paris qu’un remontant pour la bourse londonienne, qui subit une désaffection des entreprises ces dernières années.
Le titre Canal+ a ouvert à 09h00 (08h00 GMT) sur un prix de référence de 290 pence mais son cours avait chuté de 15% à 10h51 CET.
Un analyste contacté par Reuters lundi matin a évoqué une ouverture « décevante » pour l’instant pour Canal+, mais a rappelé qu’il fallait encore surveiller l’évolution du titre.
L’agence de publicité Havas s’introduit quant à elle à la Bourse d’Amsterdam avec des premiers échanges en hausse d’environ 7% à 10h51 CET par rapport au prix de référence fixé à 1,79 euro.
Le groupe Louis Hachette, actif dans l’édition, entre sur Euronext Growth à Paris. Son titre avait augmenté d’environ 25% à 10h51 CET par rapport à son prix de référence de 1,12 euro.
Enfin la holding Vivendi, vidée de la plupart de ses actifs, continue à être cotée sur Euronext Paris où elle devrait, à terme, sortir du CAC40.
COTATION OUTRE-MANCHE
La cotation outre-manche de Canal+ constitue un désaveu pour la Bourse de Paris et pour les efforts du président français Emmanuel Macron visant à accroître l’attractivité de la place financière parisienne.
D’autres sociétés françaises envisagent une seconde cotation ou de quitter purement et simplement la Bourse de Paris, comme TotalEnergies dont le PDG Patrick Pouyanné a évoqué la possibilité de déplacer sa cotation principale à New York, ou encore le gérant d’actifs Tikehau qui a dit envisager une double cotation ou un transfert, à New York aussi.
Bien que cotée à Londres, Canal+ conserve son siège social en France. Le diffuseur ne pourra donc pas faire partie des indices boursiers britanniques, le FTSE 100 et le FTSE 250, ce qui risque d’automatiquement diminuer l’appétence des investisseurs pour le titre.
La loi française empêche par ailleurs la chaîne de télévision de voir plus de 20% de son capital ou de ses droits de vote aux mains d’un investisseur non issu de l’Union européenne.
L’introduction en Bourse de Canal+ est la plus importante en termes de valorisation pour le London Stock Exchange depuis 2022, les analystes s’attendant à une valorisation d’environ 6 milliards d’euros.
La Bourse de Londres a souffert récemment d’une série de départs. L’entreprise de cybersécurité Darktrace est par exemple sortie de la cote londonienne en octobre tandis que le concepteur de puces britannique Arm a préféré se coter à New York plutôt qu’à Londres, fin 2023.
Le plan de démantèlement de Vivendi a été approuvé par une large majorité de plus de 97% des actionnaires du groupe lors d’une assemblée générale extraordinaire le 9 décembre.
Avec cette scission, Vivendi espère mettre fin à sa décote de conglomérat, qui signifie que sa valorisation boursière globale est inférieure à la somme de ses parties.
(Reportage Florence Loève à Paris, Gianluca Lo Nostro et Léo Marchandon à Gdansk, édité par Augustin Turpin)